La peinture thermique se différencie de la peinture thermique isolante, sa petite sœur inefficace. Car il faut bien dissocier les usages de ces peintures, tant dans les termes, que dans leur applications respectives.
L’une d’elle est une chimère technique, l’autre est réellement pertinente.
Je tente de vous aiguiller dans vos prises de décisions sur l’utilisation et le choix d’une peinture thermique, avant tout démarrage de chantier.
Avant propos
Avant tout, je vous invite à lire mon article sur la peinture thermique isolante, que je caractérise de faux produit, aux fausses prérogatives. Vous devez comprendre ce truchement des mots qui gravite autour des pseudos caractéristiques d’isolation d’une peinture : C’est faux.
Lire mon article sur les peintures isolantes thermiques ici
Aucune peinture n’est isolante.
Contrairement à ces peintures magiques, les peintures « thermiques » ne jouent pas sur les définitions, et leur usage est parfaitement clair : La réflexion des calories. Ces dernières réduisent l’absorption de chaleur d’un support donné.
En d’autres termes, une peinture thermique permet de diminuer l’impact du soleil sur le revêtement (support) et par conséquent, abaisser la température que le support emmagasine et retransmet (conductivité).
Par conséquent, vous ne devriez jamais voir le notion de résistance thermique « R » sur ce type de peintures. Leur efficacité est exprimée selon deux critères :
- IRS : Indice de réflectivité solaire
- RS : Réflectance solaire
L’indice IRS, devra être compris selon le support sur lequel il est appliqué.
Qu’est ce qu’une peinture thermique ?
Comme je l’évoque plus haut dans mon propos, il est impératif de comprendre la terminologie :
- Peinture thermique isolante : Une peinture qui devrait isoler de part son application sur le support
- Peinture thermique : Peinture qui joue un rôle thermique, du fait de son application.
Vous saisissez la nuance ?
Si je démontre clairement dans mon article (en lien plus haut), l’inefficacité des peintures isolantes, il en va tout autrement pour les peintures thermiques. Car dans ce cas, elles ne prétendent pas « isoler », mais jouer un rôle de capteur ou réfracteur de calories. En d’autres termes, elles peuvent fournir un effet « protection intégrale » telles que les crèmes solaires.
C’est une image évidemment. Les principes ne sont pas identiques.
La peinture thermique joue un rôle d’écran réfléchissant, faisant rebondir les rayons du soleil, générateurs de chaleur. C’est l’effet albedo.
En résumé : Toutes les peintures blanches sont de facto des peintures thermiques.
Fonctionnement :
Plus l’indice IRS (indice de réflectance solaire) est bas, plus le matériaux sera un puits de chaleur. Cet indice est constitué de deux critères, la Réflectivité, et l’Emittance. Je ne rentre volontairement pas dans les détails, car les fabricants ne trichent pas sur ces données.
Plus l’IRS est haut, plus la réflexion sera importante et réduira l’effet d’étuve.
Ce sera donc le principal critère pour définir si les peintures thermiques sont efficaces. Et c’est mesurable.
Seul défaut du principe, l’IRS doit se mesurer en « rapport » avec son support. Autrement dit, une peinture thermique n’aura pas la même efficacité selon si elle est appliquée sur du bac acier, ou sur du crépis.
Exemple : Dans l’image plus bas, le fabriquant nous indique que la peinture est certifiée pour un IRS de 103.
Ces éléments sont certes intéressants, mais il y a plus simple.
La couleur de la peinture est déterminante. Le BLANC est naturellement réfléchissant. Ainsi, quelle que soit la peinture utilisée, sachez que c’est avant tout une notion de teinte qui est à privilégier, pour éviter l’effet de puits de chaleur.
L’IRS (Indice de réflectance solaire) est véritablement pertinent lorsqu’il s’agit de matériaux en plein. Le pavage des centres villes est particulièrement concerné, notamment lors des gros aménagement urbains.
Les fabricants de pavés, dalles, et de pierres de dallage sont très au fait des propriétés de leurs matériaux.
Utilité en toiture : Le cool roofing
Une peinture thermique (à usage thermique) peut, par conséquent, être d’une véritable efficacité pour générer un effet albedo. Cette méthode n’est plus à prouver, elle fonctionne.
En revanche, une peinture thermique n’isole pas ! Ce n’est pas un isolant, mais un réflecteur.
Une véritable discipline est en train de naitre : Le cool roofing.
De plus en plus de grandes enseignes et de grandes entreprises ont déjà passé le cap en appliquant des peintures blanches sur leurs couvertures (bac acier bien souvent). Ce procédé permet de contribuer à l’effet albedo (je vous mets le lien vers mon article dans le paragraphe suivant).
Soyons précis, et gardons à l’esprit que l’efficacité du cool roofing est encore très largement critiquée par les différentes fédérations du bâtiment. Le procédé ne concernerait que 5% des bâtiments pour lesquels il serait « pertinent ».
Crédits photo : Enercool / Peinture sur couverture en bac acier (tôle ondulée).
Mon avis : Procédé réellement efficace pour certains bâtiments (centres commerciaux, gymnases etc.), il n’est en rien légitime pour les logements qui sont déjà isolés.
J’imagine assez aisément que la démarche, aujourd’hui volontaire, sera encouragée par les pouvoirs publics à moyen terme pour le tertiaire.
Inconvénients :
- Toutes le toitures ne sont pas recouvrables, à la fois pour des raisons techniques, mais également administratives. Les PLU imposent bien souvent les teintes de couvertures, et de nombreux matériaux ne peuvent simplement pas être peints.
- Les différents centres techniques du bâtiment tendent à remettre en cause le cool roofing sur des questions de détérioration des étanchéités bitumineuses.
Lire mon article sur le cool roofing
Utilité en façade :
Comme pour les toitures (ou couvertures), l’utilité des peintures thermiques en façades peut être pertinente. Assez marginale pour le moment, cette méthode nécessite encore quelques années de maturité.
La peinture thermique en façade est claire dans son énoncée. Ces peintures ne proposent pas d’hypothétiques « isolants » qu’elles ne sont pas, mais évoquent très clairement leur rôle de « réflecteur » !
La communication est par conséquent plus saine, moins trompeuse. Il est question de peinture « anti chaleur » ou « réflectrice » etc.
Ci-dessus : La marque propose une peinture dont le rôle est clairement identifié. La démarche est bonne. Il est question de réflectance solaire, non d’isolation.
Avantage : Indéniablement, l’utilisation d’une peinture thermique en façade est pertinent. Les peintures de type Pliolite ont largement prouvé leur tenue dans le temps, et les travaux sont moins onéreux qu’un ravalement en enduit.
Inconvénients : La mise en peinture d’une couverture est réellement efficace, ce n’est plus à prouver. Or, les façades sont moins exposées par nature, du fait de leur orientation, et les résultats ne sont selon moi pas aussi convaincants que pour une couverture.
Le concept est donc bon, mais il faut le contextualiser dans une démarche plus globale. Ce n’est toujours pas la panacée.
Exemple : Si votre façade est en enduit, frotté ou gratté, dans des teintes 0C5 par exemple, la peinture thermique ne vous sera d’aucune utilité, la teinte initiale étant naturellement réflectrice.
Sur quels supports est-il possible de réaliser une peinture thermique ?
- Couverture bac acier : Oui
- Couverture en tuile : NON (du fait des PLU)
- Etanchéité EPDM ou bitumée : OUI et NON (certains fabriquant proposent une peinture sur bitume, je reste très perplexe)
- Bétons bruts : Oui
- Supports muraux types enduits : Oui
L’effet albedo : Vrai sujet
L’effet albedo, qui est au cœur de notre sujet en définitive, devient un réel sujet pour l’environnement. Il devient nécessaire (et utile) de concevoir nos bâtiments dans une vision globale de la gestion thermique.
Les pays très chauds, méditerranéens, connaissent parfaitement et depuis toujours, les bienfaits de l’albedo.
Vous pourrez lire mon article, en lien ci-dessous, mais gardez simplement à l’esprit que plus un support est blanc, plus il fait rebondir les calories. Inversement, plus un support est sombre, plus il piège et conserve la chaleur.
Lire mon article sur l’effet albedo en toiture
Les pays chauds connaissent parfaitement les effets d’un revêtement parfaitement blanc, pour éviter l’accumulation de chaleur sur les supports. Crédit photo : Maison-monde.com
Le coût d’un ravalement en peinture thermique
Comme je l’évoquai dans mon avant propos, toutes les peintures blanches sont naturellement « thermiques ». C’est la teinte qui leur confère ce pouvoir, et non leur constitution chimique.
Certaines peintures, spécifiquement étudiées pour, peuvent « optimiser » cette capacité de réflexion. Dans ce cas, elles peuvent effectivement représenter un surcoût à la mise en œuvre. Il est ici question de quelques euros le mètre carré (< 2 ou 3 euros le m2).
Dans tous les autres cas, le coût d’une mise en peinture ou « ravalement » est strictement le même que la peinture soit « thermique » ou non. Le (les) produits sont très sensiblement identiques aux traditionnelles pliolites de bonne qualité.
S’il y a un réel et sensible surcoût, il doit être justifié par la certification d’un indice IRS élevé. Dans le cas contraire, il sera intéressant de demander l’avis d’un autre artisan.
Moyenne des coûts au m2 : Environ 30 euros / m2 hors échafaudage, transports et protection des abords.
Doit-on être RGE pour appliquer ces peintures ?
La réponse est non. Les peintures thermiques n’étant pas considérées comme isolants, elles ne bénéficient d’aucune aide particulière. Par conséquent, il n’est pas nécessaire d’être labelisé RGE pour proposer des travaux de mise en peinture réfléchissante.
Entre les lignes, comprenez également qu’aucune aide n’est disponible pour ce type de travaux.
A savoir :
- Photo d’illustration : Les fûts de peintures présentés sur la couverture de l’article ne sont pas des peintures thermiques. La gamme Nuance n’en dispose pas, mais reste de très bonne qualité.
- La Pliolite est une peinture spécifiquement adaptée pour les façades, c’est historiquement la plus répandue en France.
- Article intéressant du site « les cahiers du bâtiment » sur les peinture en toiture
- Définition de la réflectance sur la page Wikipédia
Conclusion
De la même manière que je vous mets en garde sur les peintures isolantes, les peintures thermiques, certes efficaces, doivent être replacées dans leur contexte.
Il est plus ici question de « tenue », de qualité de « roulage » et d’étanchéité que de notion « thermique » au sens pur. Le blanc, je le répète, étant par nature un réflecteur thermique. Cependant, je vois cette avancée de la gestion des éléments naturels comme protection contre les îlots de chaleur, d’un très bon œil.
Les industriels vont très certainement avancer sur le sujet, et développer de véritables peintures thermiques, sur la base des indices mesurables comme l’IRS.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN