Le point de rosée : Définition, calcul et impact sur les matériaux dans le bâtiment.
En neuf ou en rénovation, il est impératif de comprendre le phénomène du point de rosée et d’adapter les matériaux en fonction de la condensation qui peut en résulter.
Nous évoquons régulièrement les « désordres » ou malfaçons dans nos lignes, et bien la température de rosée, principale source de condensation, peut être en cause dans de nombreux cas.
- Dégradation de l’efficacité des isolants.
- Apparition de moisissures sur les murs.
- Risque important sur les matériaux en bois.
- Risque sanitaire à terme pour les occupants.
En outre, certains matériaux offriront une protection plus efficace à la vapeur d’eau, et d’autre au contraire y seront particulièrement sensibles au point de se dégrader.
Analysons cela ensemble.
Introduction
Le point de rosée est un phénomène physique qui génère des conséquences problématiques dans le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, et dans de nombreux domaines industriels.
On parlera également de « température de rosée ».
Il est lié directement à l’humidité ambiante et peut avoir des conséquences importantes sur les matériaux et les structures.
Souvent associée au phénomène de condensation, la température de rosée est au cœur des sujets constructifs car elle peut à minima impacter l’isolation, mais également impacter les structures.
Les couvreurs et les charpentiers connaissent bien ce phénomène car ils y font face chaque matin. En revanche, c’est un sujet dont les effets sont bien plus subtils lorsqu’il s’agit de parois fermées : Les murs et combles ainsi que leurs doublages isolants.
Mais qu’est-ce exactement que le point de rosée ? Comment le calcule-t-on et quels sont ses effets ?
Qu’est-ce que le point de rosée ?
Le point de rosée est la température à laquelle la vapeur d’eau contenue dans l’air commence à se condenser pour former des gouttelettes d’eau.
Autrement dit, lorsque l’air atteint une certaine température, il ne peut plus retenir toute son humidité, et l’excédent se transforme en condensation. La vapeur d’eau se transforme en eau, c’est un changement d’état gazeux vers un état liquide.
Autrement dit, la condensation est la conséquence, le point de rosée est la cause.
Sur le plan normatif, le point de rosée est une donnée thermodynamique, ce qui classe ce phénomène dans le cadre du travail des thermiciens.
Pour résumer :
Au contact d’une paroi plus froide que l’air ambiant, et selon la température de rosée atteinte, la vapeur d’eau va se transformer en eau. Et l’eau, nous le savons, est la pire ennemie du bâtiment.
En revanche, et pour écarter une idée reçue, la condensation ne se forme pas uniquement de l’intérieur vers l’extérieur, comme il est souvent dit, mais elle se forme sur toute surface qui crée un « choc thermique ». Le phénomène n’est donc pas exclusivement réservé aux contraintes d’isolation.
Facteurs influençant le point de rosée
Le point de rosée dépend de plusieurs paramètres :
- Température de l’air : Plus l’air est chaud, plus il peut contenir de vapeur d’eau.
- Humidité relative : Un air plus humide atteint plus rapidement son point de saturation.
- Pression atmosphérique : Son influence est moindre, mais elle peut jouer un rôle dans des conditions extrêmes.
En terme de construction ou de rénovation, ce qui nous intéresse est évidemment le comportement des matériaux face à la condensation, directement issue de la température de rosée.
Certains matériaux y sont plus sensibles que d’autres, et certains matériaux y sont littéralement « allergiques » !
Je prends souvent l’exemple du bac acier qui va générer une condensation excessive mais j’évoque également les isolants qui y sont sensibles.
En l’occurrence, soyez vigilants avec l’utilisation d’isolants végétaux ou biologiques qui sont à proscrire en cas de présence de condensation. C’est notamment le côté contre productif de la fibre de bois par exemple.
En outre, le phénomène est également aux sources des polémiques sur la question de « toiture froide » ou « toiture chaude ».
Cette problématique a longtemps été la cible des industriels concernant l’efficacité des toitures terrasses, et devient aujourd’hui l’enjeu en matière d’ossature bois ou de maison container.
Enfin, il demeure une polémique (dont nous débattrons) sur le bien fondé de deux idéologies contradictoires :
- Rendre les volumes totalement étanches,
- Ou bien créer des parois dites « perspirantes ».
Formule de calcul du point de rosée
Il existe une formule simplifiée pour déterminer le point de rosée :
Tr = T – \frac{(100 – HR)}{5}
De telle sorte que :
- Tr est le point de rosée (en °C),
- T est la température ambiante (en °C),
- HR est l’humidité relative (en %).
Plus l’humidité est élevée, plus le point de rosée est proche de la température ambiante.
La formule complète est disponible sur la page Wikipédia qui fait référence au sujet (lien en bas de page). En l’occurrence, ce qui nous intéresse ici c’est de connaitre le comportement d’un ou de plusieurs matériaux face à la condensation potentiellement créée.
Cette connaissance nous permettra de préconiser ou non certains isolants, et certaines protections de type : Pare-vapeur ou frein vapeur. Dans tous les cas, nous ne sommes pas météorologues et seules nous intéressent les conséquences. Je vous renvoie au logiciel en essai libre UBAKUS.
Si vous êtes l’heureux détenteur d’un Pixel 9 chez Google, vous avez accès directement à la température de rosée sur l’application native du téléphone.
Il existe un logiciel en ligne dédié aux calculs de migration de la vapeur d’eau en fonction des matériaux utilisés. Il s’agit d’Ubakus, dont nous avions déjà parlé dans l’article sur le pare-vapeur.
Effets du point de rosée sur les matériaux
Lorsque la température d’un matériau descend en dessous du point de rosée, l’humidité de l’air se condense sur sa surface.
Cette condensation peut avoir plusieurs conséquences, notamment en construction et en industrie. Attention, contrairement aux idées reçues, ce phénomène concerne absolument tous les matériaux, y compris les parpaings ou la brique.
En revanche, c’est sur les matériaux très denses et très conductibles que la condensation est la plus visible :
- Béton (dalles, toitures terrasses, parois banchées).
- Acier (bac acier, bardages, containers).
Il faut également noter que l’augmentation significative des bardages en tôle de type « joint debout », magnifiques bardages aux demeurant, doit appeler au questionnement sur ce sujet.
a) Problèmes liés à l’humidité et à la condensation
- Corrosion des métaux : L’humidité favorise l’oxydation, ce qui accélère la dégradation des structures métalliques.
- Développement de moisissures : Sur les murs et plafonds, la condensation peut favoriser la prolifération de champignons et de bactéries.
- Détérioration des matériaux poreux : Le bois, le plâtre et le béton absorbent l’eau, ce qui peut provoquer des fissures, des gonflements ou un effritement.
- Isolation thermique compromise : Un matériau humide perd ses propriétés isolantes, ce qui augmente les besoins en chauffage et en climatisation.
b) Exemple concret en bâtiment
Dans une maison mal isolée, si les murs intérieurs sont plus froids que le point de rosée de l’air ambiant, de la condensation va se former.
Cela explique l’apparition de taches d’humidité, souvent visibles dans les coins des pièces ou près des fenêtres.
Dans de nombreux cas, l’apparition de moisissures sur les murs peut être induite par une mauvaise gestion de l’humidité ambiante. C’est le cas concret qui définit la matérialisation du point de rosée.
Lire mon article : Moisissure sur les murs.
Comment prévenir les effets négatifs du point de rosée ?
a) Améliorer l’isolation thermique
- L’installation d’un isolant performant réduit les écarts de température entre l’air et les surfaces intérieures.
- L’usage d’un pare-vapeur empêche la migration excessive de l’humidité dans les matériaux.
- Utiliser des isolants inertes (polystyrène, polyuréthane, etc). Ces derniers sont moins sensibles que les laines minérales ou végétales.
- Lire mon article sur le pare-vapeur obligatoire.
- Lire mon dossier sur l’isolation sous bac acier.
b) Réguler l’humidité ambiante
- Une ventilation efficace (VMC ou ventilation naturelle) permet de renouveler l’air et de limiter l’accumulation d’humidité.
- Un déshumidificateur peut être utilisé dans les pièces sujettes à l’humidité excessive.
- Aérer les pièces régulièrement.
Lire mon article sur la ventilation d’une maison.
c) Contrôler la température
- Maintenir une température intérieure stable réduit le risque de condensation.
- Éviter les surfaces froides en chauffant légèrement les zones sensibles (fenêtres, murs exposés).
Le biais de réflexion
Je remarque qu’il est essentiellement question de la migration de la vapeur d’eau au travers des parois et des isolants. C’est selon toute vraisemblance le principal sujet des nombreux articles sur le point de rosée.
Cependant nous devons appréhender le problème sous les deux angles de réflexion :
- Migration de la vapeur d’eau de l’intérieur vers l’extérieur.
- Formation de condensation à l’extérieur uniquement.
Les rénovations et l’ITE (Isolation Thermique Extérieure) sont des points que nous devrons à terme intégrer à la réflexion.
Et je songe plus particulièrement aux nouveaux systèmes constructifs comme les maisons containers (totalité de la structure en acier), ou bien des Tiny Houses. Dans ces deux cas précis, la gestion de la condensation doit être sérieusement abordée, ce qui n’est visiblement pas le cas à ce jour.
Liens divers et sources
- Définition du point de rosée sur wikipedia.
- Article intéressant et complet sur le site de Siniat.
- Condensation des sous faces acier expliquée (AQC).
- Calculette en ligne pour la migration de la vapeur d’eau Ubakus.
- Essais de corrosions des matériaux en rapport avec le point de rosée sur Labomat.
Conclusion
Le point de rosée est un élément clé dans la gestion de l’humidité et de la température dans l’environnement intérieur.
Son impact sur les matériaux peut être significatif, d’où l’importance de mesures préventives pour éviter la condensation et ses conséquences.
Une bonne isolation, une ventilation adaptée et un contrôle de l’humidité permettent de limiter les risques et d’améliorer le confort et la durabilité des bâtiments.
En résumé, comprendre et maîtriser le point de rosée, c’est protéger ses matériaux et garantir un environnement sain et durable !
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.