Les planchers sont des éléments constitutifs de tout bâtiment, et nécessitent d’être parfaitement maîtrisés. Leur types, leur atouts et leurs limites techniques permettent d’appréhender la construction et la rénovation sous un angle pragmatique.
Cet article sera sous forme de « tronc commun » pour le développement de chacun des planchers évoqués dans le détail.
Avant propos
Dans cet article, je fais le point sur les différentes types de planchers, en excluant de fait les « revêtements » de planchers. Ce sont deux choses totalement différentes et la seconde, fera l’objet d’un cours dédié.
Par conséquent, il ne faut pas amalgamer le terme de « plancher » avec la notion de parement, tel qu’un parquet ou un carrelage. Ces éléments, étant des éléments de parement ou de revêtement, ne sont pas « structurels ».
Ce sont des éléments « d’embellissement », même s’ils sont scellés ou collés en plein.
Les typologies de planchers dans le bâtiment
De prime abord, la question semble totalement futile. Et pourtant, il n’en est rien !
Même s’il parait évident que tout le monde sait ce qu’est un plancher, ces derniers deviennent plus nébuleux lorsqu’il est question de les décrire dans le détail.
Connaitre et maîtriser ces différents modes constructifs est tout bonnement indispensable à tout métreur du bâtiment, mais également pour les autoconstructeurs qui souhaitent dimensionner un projet personnel.
Avant tout, il s’agit de localiser dans l’espace, la notion de plancher.
- Les planchers bas
- Les planchers intermédiaires
- Les planchers hauts
Les types de planchers bas
Comme le nom l’indique, un plancher bas est le premier plancher qui constitue un étage, le rez-de-chaussée étant un étage par nature. Il s’agit bien souvent d’une dalle pleine.
A ce titre, il est difficile d’accoler la notion de plancher sur un ouvrage en béton plein.
Ci-dessus : Coulage d’une dalle pleine, premier plancher bas de la construction. Crédit photo : S.USTUN
Or, dès lors qu’il n’est plus question de dalle pleine, le titre de plancher se conçoit plus aisément. Les adeptes de la construction bois sont très à l’aise avec ces concepts.
Un plancher bas peut donc revêtir plusieurs formes, comme le plancher sur vide sanitaire par exemple.
Les planchers bas, comme leurs homologues en hauteur, peuvent être réalisés en précontraint (poutrelles et hourdis), ou en solivage bois avec platelage.
Les planchers bas sont les éléments singuliers à observer de près en terme d’isolation : Ils sont le premier reflexe thermique.
Résumé : Il existe 4 types de planchers bas
- Planchers béton, dalles pleines
- Planchers précontraints sur vide sanitaire
- Planchers en solivage bois
- Plancher bois massif autoportant sur vide sanitaire
Points singuliers :
- Recherche en matière d’isolation thermique
- Risque termites
- Nécessité de ventilation en cas de vide sanitaire
Pathologies :
- Affaissement des dalles portées à terme, désaffleurement du carrelage
- Mauvaise isolation thermique générale, manque de soin dans la rupture des ponts thermiques
- Termites
- Mouvements de fondations, retrait gonflement des argiles
Consulter mon dossier sur les vides sanitaires comme système constructif idéal en plancher bas
Les types de planchers intermédiaires
Les planchers intermédiaires sont les planchers qui séparent un étage d’un autre. Pour ces derniers, il est moins question d’une recherche thermique qu’acoustique.
En effet, s’il n’est pas nécessaire d’isoler un plancher intermédiaire pour une recherche d’isolation thermique, il est plutôt question de soigner l’isolement acoustique.
Pour le confort des occupants principalement.
Un élément particulièrement important lorsqu’on évoque les planchers intermédiaires est leur réaction au feu. Vous devez donc gardez ces deux éléments à l’esprit lorsque vous conditionnez vos ouvrages intermédiaire : Acoustique et Feu (REI).
Ci-dessus : Plancher bois massif, avec solivage et platelage. Réalisation du plancher : S.USTUN / Crédit photo : S.USTUN
Les planchers intermédiaires peuvent être constitués des mêmes organes de construction que les planchers bas, dont certains systèmes complémentaires spécifiques à ces derniers.
- Dalle plein béton (comme pour un plancher bas)
- Plancher béton sur poutrelles et hourdis
- Plancher sur solivage bois avec platelage
- Plancher bois massif autoportant
- Plancher collaborant en acier
Les planchers collaborants (en acier) sont de plus en plus plébiscités dans le tertiaire, du fait de leur grande légèreté et de leurs bonnes performances au feu. Ces derniers ne sont jamais utilisés dans les locaux à usage d’habitation.
Les planchers intermédiaires s’il ne posent pas particulièrement de problème constructif, doivent cependant observer des contraintes en terme de « franchissement ».
Contrairement à un plancher bas, très simple à dimensionner en multipliant le nombre de points d’appuis, le plancher intermédiaire doit être capable de chercher de grandes portées sans appuis. Nous parlerons alors de « dimensionnement ».
Résumé : Il existe 5 types de planchers intermédiaires
- Planchers béton, dalles pleines
- Planchers précontraints de type poutrelles et hourdis
- Planchers en solivage bois avec platelage
- Plancher bois massif autoportant
- Planchers collaborants en acier
Points singuliers :
- Recherche en matière d’isolation acoustique
- Nécessité d’une bonne réaction au feu
- Problèmes de franchissements à résoudre (portée des planchers)
Pathologies :
- Problèmes de fléchissement des planchers bois (flèche)
- Problèmes d’affaiblissement acoustiques mal gérés
Les types de planchers hauts
Concept assez intuitif, le plancher est haut est tout bonnement l’équivalent du « toit ».
Pendant longtemps confiné aux immeubles collectifs et bâtiments tertiaires, le plancher haut s’est démocratisé avec l’avènement des toits terrasses pour les particuliers.
Les planchers hauts sont en recherche de franchissement, comme les planchers intermédiaires, mais également en recherche de performance thermique.
Outre les difficultés inhérentes à chaque type de plancher, le plancher haut est également sujet à deux problématiques distinctes supplémentaires : Le point de rosée et l’étanchéité.
Les planchers hauts, tout comme leurs homologues en rez-de-chaussée, sont de 3 types : Béton plein, Béton précontraint et Bois.
A savoir : S’il est « naturel » qu’un plancher bas ou intermédiaire soit « circulable », ce n’est en revanche pas le cas pour les planchers hauts. Il est donc nécessaire pour l’élève de connaitre la notion de charge d’exploitation également en ce qui concerne les planchers hauts.
Résumé : Il existe 4 types de planchers hauts
- Planchers béton, dalles pleines
- Planchers précontraints de type poutrelles et hourdis
- Planchers en solivage bois avec platelage
- Bois massif autoportant isolé ou non isolé
Points singuliers :
- Recherche en matière d’isolation thermique
- Nécessité d’une bonne étanchéité à l’eau
- Effacement du point de rosée
- Problèmes de franchissements à résoudre (portée des planchers)
- Détails de charge admissible à maîtriser (circulation des personnes, éléments techniques et charges de neige)
Pathologies :
- Etanchéité, infiltrations
- Point de rosée, condensation
Exemple de plancher haut en bois de solivage : Lors de la construction de mes anciens bureaux à Montélier, les deux toits terrasses étaient constitués d’un solivage bois avec platelage OSB, revêtus par une étanchéité multicouche.
Les systèmes constructifs spécifiques aux planchers
Il existe une multitude de systèmes constructifs en matière de plancher.
- Dalle pleine, aucun sujet
- Poutrelles béton et hourdis plastiques sur vide sanitaire (hourdis coffrant)
- Poutrelles et hourdis bois (hourdis coffrant)
- Poutrelles et hourdis en polystyrène isolant (sur vide sanitaire)
- Solivage bois avec platelage supérieur et inférieur (en sous face) avec apport d’isolant
- Plancher bois autoportants massif isolés ou non isolés
A savoir :
Dans un grand nombre d’immeubles anciens, il n’est pas rare de retrouver du sable dans les planchers intermédiaires. Ce sable apportait simplement de l’inertie, dans un but acoustique. Cette préoccupation n’est donc pas un effet de mode !
Les planchers inclassables
Il existe également certains types de planchers dit « inclassables » tant ils sont hétérogènes ou singuliers. Un platelage en acier de type « courette anglaise » par exemple, que vous retrouverez dans le tertiaire. Le mot « caillebotis » revient assez régulièrement, les deux terminologies sont justes.
Ci-dessus : Une structure acier avec un platelage en caillebotis galvanisé. C’est également une forme de plancher. Crédit photo : S.USTUN
Ces coursives, piétonnes, servant généralement à la circulation ou comme simples balcons, sont à proprement parler des planchers.
Pour exemple vous pouvez vous reporter à mon article sur les terrasses en acier. Les exemples sont également nombreux dans les salles polyvalentes, les salles communales ou les écoles.
Aujourd’hui désuets, mais toujours présents dans de nombreuses constructions, les planchers de type « voûtain » sont également des structures singulières.
Ce sont les « ancêtres » des planchers de type poutrelles hourdis. Les poutrelles étaient en acier, très fines, et l’ourdissage était en brique, en forme de voûte.
Voir la page Wikipédia sur les « Voûtains »
Liens utiles :
- Plancher autoportant en bois massif lamellé collé (Lien externe)
- Planchers collaborants acier (PCB) (Lien externe du site Bacacier)
- Planchers sur poutrelles hourdis précontraints isolés (Article du magazine)
Merci pour vos lectures et bon chantier !
Serge USTUN