Les pieux vissés se démocratisent dans le monde du terrassement et de la construction, mais également auprès des particuliers.
La technique est simple : Une vis de fondation vient forer le sol pour atteindre la résistance mécanique nécessaire à la construction. Il existe différents diamètres et différentes longueurs de pieux vissés.
Principaux avantages de la technique :
- Pas de béton.
- Chantier sec et rapide.
- Mise en œuvre sur les terrains difficiles.
- Coût maîtrisé sans surprises.
- Solidité à toute épreuve.
Ce procédé permet de réaliser des fondations superficielles ou semi profondes, sans utilisation de béton ni création de semelles. Rapide à mettre en œuvre, dispositif simple et sans temps de séchage, le pieu vissé offre des atouts indéniables et gagne du terrain en France.
Les pieux vissés : c’est quoi exactement ?
Infographie : Le pieu vissé
Plusieurs termes sont d’usage, dont celui de pieu vissé ou pieu hélicoïdal. Pas de jaloux, la terminologie désigne très exactement la même technique :
- Le vissage (en opposition au fonçage ou au coulage) de tiges en acier qui dispense de couler du béton !
Ce n’est pas le cas d’autres techniques qui peuvent paraître similaires mais ne le sont pas. Pour exemple :
- les pieux foncés (enfoncement par choc et pression).
- les pieux moulés (injection de béton après forage).
Dans tous les cas, le pieu vissé désigne un ouvrage de fondation qui vient se substituer aux traditionnelles fondations en béton. C’est d’ailleurs très exactement le but recherché : Fonder là où le béton serait difficile à employer pour des questions de volume, d’accès, et par conséquent : de coût.
La technique n’est pas nouvelle mais son utilisation est paradoxalement innovante. La méthode se développe, prend des parts de marché et offre de vrais atouts. La montée en charge des maisons dites « modulaires » abonde notamment dans la démocratisation du procédé : Le système semble plaire.
On fait le point.
Les fondations sur pieux vissés
Les pieux vissés font aujourd’hui des merveilles. Il est possible de les utiliser pour réaliser les fondations les plus simples à celles largement plus complexes.
Le procédé est largement utilisé pour la construction de bâtiments y compris les plus massifs. La mixité pieu / longrine est également possible ce qui permet de bâtir une maçonnerie traditionnelle sur pieux en acier.
Les habitations modulaires et les petites structures préfabriquées sont également de bons candidats pour ce type de pieux, rapides à mettre en œuvre.
C’est sans aucun doute sur ce segment que la marge de progression sera axée à l’avenir car le maillage des entreprises qui offrent ce service est aujourd’hui largement consolidé.
Principaux domaines d’utilisations :
- Terrains en pente.
- Terrains ne pouvant pas être terrassés.
- Impossibilité de couler des semelles de fondations en béton.
- Habitations légères, style architectural aérien, aspect « maison sur pilotis ».
- Volonté de ne pas dénaturer le terrain naturel.
- Petite extension de maison (ou la toupie ne peut plus passer).
- Lire mon article sur les différents types de fondations.
- Lire mon dossier sur les technopieux.
Pieux vissés ou micropieux ?
Les pieux vissés sont une variante des micropieux. Ces derniers étant plus connus sous leur technique en « injection béton » avec enrobage d’une armature en acier.
Il faudra établir une terminologie précise sur ce sujet car l’amalgame est fait, qu’il soit juste ou non. La plupart des sources utilisent indifféremment les deux termes ce qui génère parfois la confusion.
Disons simplement que si le terme de micropieu est utilisé, alors il s’agit plus probablement de la version traditionnelle en béton.
Deux cas récurrents évoquent le micropieu traditionnel (dans sa version avec coulage de béton) :
- La construction neuve sur technique de fondations isolées sur terrains difficiles.
- La reprise en sous oeuvre (RSO) pour consolidation des fondations d’un bâtiment existant. (Lire mon article en lien)
Prix des pieux vissés
Il faut clairement dissocier les différents types de pieux proposés sur le marché :
- Pieux professionnels adaptés aux fondations : Technopieux, Ferro Pieux, Ae Pieux, etc.
- Pieux grand public adaptés aux ouvrages superficiels (terrasses, etc.).
Attention aux dérives, surtout lorsqu’il s’agit d’un sujet aussi technique et sérieux que les fondations sur pieux. Seules les entreprises spécialisées sont à même de réaliser de véritables fondations à l’aide de cette technique.
Autrement dit, les produits vendus dans le commerce et sur les sites marchands ne sont valides que pour des ouvrages légers qui ne présentent aucun danger. C’est le cas d’une terrasse bois par exemple, qui dans ce cas sera tout à fait appropriée pour ce type de pieux.
Le prix ne peut donc pas s’envisager à l’unité mais plutôt sous forme d’intervention globale en fourniture et pose.
- Prix des pieux vissés : Selon l’implantation et la profondeur recherchée, de 150 à 200 euros TTC le pieu.
- Gamme Weasyfix (gamme complète de vis de fondations) : 75 euros TTC en moyenne.
Les pieux vissés moulés
Il faut distinguer les pieux vissés, des pieux moulés (ou refoulés) car la méthode est véritablement différente. Le pieu vissé reste à demeure dans le sol est constitue à lui seul l’élément fondant. Les pieux moulés se réalisent en deux étapes distinctes.
Dans un premier temps, la tarière creuse vient forer par refoulement et consolidation latérale des terres, puis le béton est injecté au fur et à mesure qu’on retire le pieu.
Autrement dit, ce dernier ne reste pas dans le terrain, il a simplement pour but de forer et de mouler pour l’injection du béton.
Cette technique étant réservée aux chantiers de grandes envergures, je ne détaillerai pas la technique dans le présent article.
Consulter la page explicative de KELLER sur les pieux moulés.
La protection des pieux
Même si les pieux vissés offrent une excellente solidité, ils sont soumis à deux types d’agressions :
- Le gel.
- Les agressions chimiques (la corrosion notamment).
En théorie les pieux sont conçus dans un acier de bonne qualité puis sont galvanisés à chaud. Cela protège déjà de la corrosion. Il semblerait qu’il n’y ait par de retour particulièrement négatif sur la pérennité des pieux et le procédé semble cohérent sur le plan « matériau ».
Certains industriels proposent des solutions de protection par revêtement extérieur (sur des dossiers techniques), et d’autres proposent des solutions innovantes comme le pieu thermique (isolé).
En France, la qualité et la pérennité des pieux doit être validée par le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment).
La location de machine pour pieux
Ne confondons pas l’enfonce-pieux (qu’on trouve chez tous les loueurs de matériel) avec une machine pour vissage des pieux. Ce n’est clairement pas le même type d’outillage !
Un enfonce-pieux vous servira pour planter vos piquets de clôtures, en aucun cas pour réaliser des fondations sur pieux.
Dans ce cas précis, il s’agit d’un engin de TP qui a le gabarit d’une mini pelle. Même si ces dernières sont disponibles absolument partout, la « tête » de vissage (qui remplace ici le godet) est plus difficile à trouver. C’est donc une rareté que je n’ai personnellement jamais trouvé en location.
En outre, la seule machine ne permet pas de maîtriser le sujet. Le pieu doit obtenir une résistance suffisante dans le terrain pour être viable. Cet élément doit être calculer par l’étude de sol, puis par les résultats obtenus lors du forage : Seuls les professionnels connaissent ces deux critères.
L’enfonce-pieux se définit en joules (puissance) et en impacts par minute, alors que la machine pour pieux vissés exerce une rotation (couple en Nm). Il faut comprendre que le procédé est rarement mis en œuvre par les particuliers.
Les pieux vissés pour terrasse
Je l’évoquais plus haut dans l’article, lorsqu’il s’agit d’une terrasse légère, les pieux vissés disponibles dans le commerce feront très bien l’affaire.
Ces derniers sont généralement vendus en kit et bien souvent, avec leur outil de pose. Cet outil ressemble à une grosse perceuse dont le couple important permet le vissage du pieu dans le terrain.
Nous n’avons que très peu de recul sur ce procédé mais disons simplement que l’enjeu dans ce cas ne suscite pas nécessairement une étude complexe.
Le procédé gagne du terrain (sans jeu de mot) et semble particulièrement adapté pour les passionnés qui réalisent eux-même leurs travaux.
Internet regorge de modèles et de références, il s’agit avant tout de bien apprécier la nature de son terrain et le nombre de pieux nécessaires pour réaliser sa terrasse.
Le pieu hélicoïdal en autoconstruction
En autoconstruction, et notamment pour les maisons modulaires, je préconise clairement et sans ambiguïté l’utilisation du pieu vissé. En revanche ne nous méprenons pas. Le procédé est simple certes, mais il doit être mise en œuvre par des professionnels. Un autoconstructeur seul ne peut pas réaliser ce type de fondations sans recourir à une entreprise spécialisée.
Il s’agit d’un sujet hautement technique.
De plus, j’évoquerai simplement ici quelques exemples que j’ai constaté (lors de réalisation de maisons en containers maritimes) pour lesquels je doute que le process soit totalement abouti. En effet, les pieux seuls ne suffisent pas à assurer le « couronnement » périphérique bas de ce type de construction. Il ne servent qu’à assurer la descente de charge verticale sur le terrain naturel.
En d’autres termes, dans ce cas précis, le procédé peut présenter un défaut de conception manifeste.
Dans le cas contraire, si l’autoconstructeur consolide la base des containers par le biais d’une ceinture en acier (ou autre) assurant un chainage périphérique des différents modules entre eux, le process devient alors parfait.
Pour les maisons en ossature bois et en madriers empilés, la question ne se pose évidemment pas. Ces deux procédés sont généralement édifiés sur un solivage périphérique faisant « ceinture » et permettant de garantir la cohésion du bâti.
Dans ce cas : Je valide à 100 %.
Polémiques et discussions
Le pieu vissé n’est pas exempt de polémiques. De nombreux rapports ont fait état de malfaçons manifestes et de désordres importants sur le procédé au Canada. Il semblerait que ce ne soient pas les pieux qui sont en cause mais le manque d’étude préalable.
En France, il semble qu’aucun retour négatif n’émerge jusqu’à présent mais le procédé demeure marginal au regard de son utilisation sur notre sol.
En matière de discussions, il serait bon d’apporter des précisions sur l’utilisation des pieux vissés lors d’une reprise en sous oeuvre car certains industriels mettent cette technique en avant. Nous sommes nombreux à rester perplexes sur ce point car si le fonçage donne d’excellents résultats, le pieux hélicoïdal ne semble quant à lui pas pertinent dans ce domaine.
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Conclusion
Je demeure très favorable à l’utilisation des pieux vissés sur les structures légères telles que les maisons en ossature bois et les modules de type containers (sous réserve de couronnement périphérique). Ce sont, à mon sens, les domaines de prédilection quant à l’usage de ce type de pieux.
Pour la maçonnerie traditionnelle, même si le procédé demeure viable, il sort tout de même de nos usages en France et demande que l’ensemble des acteurs s’y intéressent sérieusement. Je songe aux bureaux d’études et aux intervenants sur le terrain.
Nous verrons quelle ampleur prendra le procédé à l’avenir et avec quel système constructif il se combinera le mieux.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.
