Une maison container (ou conteneur) n’est pas exempte de tout défaut. Or ces derniers ne sont pas des moindres, et peuvent parfois rediriger son choix de projet initial.
Quels sont ces défauts ? Sont-ils rédhibitoires ? Et surtout, pourquoi ne sont-ils pas clairement évoqués sur les différents supports médiatiques qui traitent du sujet ?
Avant de vous lancer dans un projet de maison container, je vous invite à bien lire cet article.
Version de l’article en audiodescription :
Cet article vient en complément des précédents articles qui traitent du sujet :
Durée de vie d’une maison container
Il est très difficile de définir la durée de vie d’une maison container, ces dernières étant propulsées par un phénomène de mode très récent.
Nous n’avons aucun recul réel sur le procédé qui reste encore très à la marge. Sur YOUTUBE, la plateforme la plus prisée pour ce type de sujet, je n’ai trouvé aucune source, traitant des maisons containers, de plus de 4 ans.
Les différentes sources, sur internet, nous permettent d’obtenir des chiffres précis sur les conteneurs eux-mêmes. De 10 à 15 ans pour une utilisation en transport. Evidemment, ces mêmes sources proposent une durée de vie supérieure en cas d’utilisation sédentaire (stockage ou maison).
NOTA : Durée de vie d’un container / 10 à 15 ans.
C’est parfaitement logique, le conteneur étant dès lors moins sollicité mécaniquement. Cependant, aucun chiffre n’est établi. Néant. Nous savons que les maisons traditionnelles sont bien plus pérennes.
En brique ou en parpaing, il est question du siècle à minima, voir de plusieurs siècles en cas d’entretien régulier. Si nous considérons une maison container comme une énorme boite en bac acier (ce que je vous propose plus bas dans la partie structure) alors la durée de vie tombe à 30 ans.
Une source fiable, la CAMIF, donne la durée de vie du bac acier de 30 à 60 ans. Dans le cadre d’une construction parfaitement réalisée, sur la base d’un conteneur dont l’étanchéité sera irréprochable, nous pouvons imaginer une durée de vie relativement longue, sans être au niveau d’une maison traditionnelle.
En revanche, en cas de voie d’eau ou de défauts d’étanchéité entrainant une inévitable corrosion, il sera question de décennies seulement. Moins de 30 ans sans aucun doute. L’acier n’aime pas l’eau, et l’eau et la première cause de sinistre en France.
Je vous laisse donc méditer ce sujet.
A lire :
Maison container : Les défauts structurels
La structure même d’une maison container est sujette à réflexion : C’est de l’acier. Or, l’acier en terme de construction est un matériau qui doit s’intégrer dans une dimension architecturale précise : le tertiaire.
En d’autres termes, ce matériau vise les bâtiments à usage strictement opposé à un usage d’habitation. Le contreventement (si tant est qu’on puisse le définir ainsi) est également en acier.
Pour proposer une analyse pragmatique des défauts d’une maison container il s’agit donc de la considérer comme : Une boîte en bac acier.
Dès lors les choses sont plus claires.
Car les défauts du bac acier vont irrémédiablement s’appliquer à la structure d’une maison container.
- Condensation : Problème récurrent des structures en acier
- Corrosion : Pire ennemie des structures métalliques
- Ponts thermiques : Pathologie singulière des structures en métal (vérandas, etc.)
- Caisson acoustique : Acoustique impossible à gérer sur une structure en acier
- Absence de fond de clouage : Déjà évoqué dans mes précédents articles (en lien)
Lire mon article sur les difficultés d’isolation d’une maison container.
Tout ceci n’est guère très engageant, si nous retenons cette approche objective du procédé.
En terme de sinistralité, comme je l’évoque dans mes précédents articles (liens en haut de page), ces structures sont très certainement les plus fragiles, particulièrement en cas d’incendie.
C’est très contre-intuitif je vous le concède, mais les structures en acier sont moins stables et résistantes au feu que le bois !
Défauts esthétiques d’une maison container
Parmi les défauts esthétiques, il faut distinguer les éléments intérieurs et les éléments extérieurs.
Chaque procédé, notamment en terme de doublage et d’isolation, va inclure des défauts lorsqu’il est censé en effacer d’autres. Sans doublage intérieur, dans le cadre d’une isolation par l’extérieur (très souvent plébiscitée) les défauts sont évidents : La tôle !
Difficile de considérer un nu intérieur en tôle qui soit agréable au regard, même pour les esprits les plus rebelles. La tôle n’est pas noble, d’autant qu’elle est ici ondulée.
C’est du plus mauvais effet en terme de lecture architecturale.
NOTA : L’acoustique est ingérable pour une maison container dont le nu intérieur n’est pas doublé !
Si la brique pleine offre un style « révolution industrielle », et la pierre un style résolument traditionnel, la tôle en revanche n’offre véritablement aucun esprit particulier.
Il lui manque la « noblesse » dont disposent les matériaux minéraux. En outre, sans parement intérieur, la problématique des passages de câbles sera ingérable. Les câbles, prises et interrupteurs seront apparents. C’est du plus mauvais goût.
En cas de parement intérieur, avec doublage isolé, la lecture visuelle est alors conforme à ce qu’on retrouve dans les habitats contemporains. Or, ce défaut esthétique se retrouve dès lors à l’extérieur, soulevant les mêmes critiques.
Un doublage intérieur et extérieur devient pertinent et fige le problème.
Certes c’est une solution, mais cette dernière se révèle alors très coûteuse, et le choix d’une maison container finit par perdre son intérêt initial : L’économie de moyens. Enfin, les « retombées de linteaux » nécessaires pour éviter la flèche des structures porteuses est proprement inesthétique.
Un linteau peut être de toute beauté lorsqu’il est en bois, éventuellement fondu dans le décor quand il est en béton, mais il devient absolument hideux en tôle ondulée.
Envisager la revente d’une maison conteneur
Il ne s’agit pas de déterminer les défauts d’une maison container uniquement sur un plan technique et visuel. Il est tout aussi important d’envisager la maison pour ce qu’elle est : Du patrimoine.
Une maison container n’est pas un achat anodin. Je développe très largement le sujet dans mon article dédié (lien en haut de page).
Avec les modifications nécessaires, le doublage, l’installation électrique et sanitaire, et les bardages, le coût de ces maisons devient bien moins alléchant qu’il n’y parait de prime abord.
C’est un investissement immobilier, donc c’est du patrimoine.
Inutile de préciser que « patrimoine » est synonyme de revente (ou de transmission), dans bien des cas.
Si vous considérez la durée de vie, telle qu’évoquée dans le premier paragraphe de cet article, et la très relative observation des règles de constructions, votre bien aura t’il encore de la valeur dans les décennies à venir ? Très probablement que non.
Sous cet angle de vue, basiquement financier, l’enjeu perd encore de son intérêt. Qui se risquerait à investir entre 80 et 100 000 euros pour un bien dont il n’est pas certain de pouvoir assurer la revente ?
La possibilité de revente d’une maison container est, par conséquent, un défaut majeur du système constructif.
Conclusion
J’aime les idées nouvelles et les styles atypiques en matière de construction et d’architecture.
Cependant, ces lubies ne doivent pas devenir un frein à la sécurité et au confort d’un habitat.
Je reviendrai très régulièrement sur ce thème des maisons containers, car j’en suis la progression avec beaucoup d’attention. Je vous rappelle que cet article fait suite à deux précédents articles qui traitent du sujet :
Merci pour vos lectures et bon chantier ! Serge USTUN.