La question la plus posée actuellement est certainement celle de l’isolation d’une maison container.
Les solutions qui sont mises en avant ont toutes des avantages, mais surtout des défauts.
Soyons objectifs et pragmatiques. Examinons des règles de l’art, les produits isolants et enfin : Déterminons la meilleure isolation possible pour un container.
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Avant propos
On ne parle plus que de ça : Les maisons containers ! C’est la grande mode et nous ne sommes qu’au début de cet engouement pour ces habitations modulaires.
En revanche, une chose demeure certaine. Une maison container est l’amalgame de toutes les difficultés de conception que peut cumuler une maison. C’est d’autant plus le cas lorsqu’il s’agit de son isolation.
Mais vous êtes passionnés et têtus, alors faisons au mieux pour limiter les dégâts !
Isolation d’une maison container : Le guide technique
Peu, voir pas du tout réglementée, la maison container n’est pas la plus simple à isoler.
Nous n’avons absolument aucun recul sur les procédés efficaces et sur les éventuels désordres que peut engendrer un mauvais choix d’isolant.
Par conséquent, et comme le sujet n’est absolument pas traité scientifiquement, je vais proposer une réflexion par analogie. Autrement dit, je vais mettre au coude à coude les procédés que nous connaissons parfaitement, sur les supports que nous connaissons également parfaitement.
Exemple : L’immense majorité des toitures terrasses sont isolées par du polyuréthane (sous l’étanchéité) sur un support dit « froid » (le béton). Par conséquent je privilégie ce matériaux plutôt qu’un autre.
Autre exemple : Le bac acier est connu pour condenser lorsqu’on l’isole en sous face, j’exclurai donc ce procédé.
Cette méthode « par analogie » est la plus sûre selon moi, et je vous invite à vous fier à ce type de raisonnement.
Les matériaux isolants courants
Tous les isolants existants peuvent être mis en œuvre, du moins en théorie. Cependant, l’isolation d’une maison container ne peut pas se concevoir comme une isolation standard.
L’ensemble des exemples que j’ai vu à ce jour posent tous des problèmes techniques, et ne sont pas nécessairement adaptés. Et pour cause, aucun organisme officiel ou centre technique du bâtiment ne s’est penché sur le sujet.
Il faut donc appréhender l’isolation d’un container de la même manière qu’on aborde l’isolation du bac acier ou du sarking.
=> Je vous renvoie à mon article sur l’isolation du bac acier.
Comme tous les modules en acier, un container va condenser et créer des désordres dus à l’eau qui se forme sur ses parois. En général, sous une couverture de type bac acier il est toujours possible de garder un plénum conséquent, donc une ventilation adaptée.
Sur les maisons containers, le plénum est inexistant.
Il faut donc retenir ce point technique : Aucune possibilité de ventiler la toiture. Nous devons donc traiter ce point tel que nous le ferions sur une toiture terrasse.
Dans ma première vidéo sur les maisons containers, l’intervenant crée une charpente bois rapportée, qu’il isole conséquemment avec de la ouate de cellulose. Ensuite il pose un OSB puis une étanchéité de type EPDM.
Principal problème technique dans ce cas : L’isolation semble excellente et le plafond est parfaitement ventilé, mais c’est la toiture qui ne ventile plus ! => Lire mon article sur la ventilation de toiture.
Autrement dit, dans le cas précis que j’évoque plus haut, la charpente va rapidement se dégrader et nous le savons, une charpente bois non ventilée sera rapidement impactée par une dégradation fongique. Par conséquent, ce sujet devra faire l’objet d’une réflexion toute particulière.
Point sur les isolants existants :
- Laine de verre : La plus utilisée pour les constructions traditionnelles, peu adaptée pour les containers.
- Laine de roche : Plus souvent présente sur les construction tertiaires et sous bardage, cela peut convenir (par analogie).
- Laine de bois : Généralement intéressante pour les ossature bois et l’isolation thermique extérieure. Nécessite de gérer le point de rosée.
- Ouate de cellulose : En vrac, on la retrouve dans les combles perdus, mais est-elle adaptée dans notre cas ?
- Panneaux polystyrènes : Ces derniers sont omniprésents en intérieur (BA13 collé) ainsi qu’en isolation par l’extérieur.
- Panneaux de polyuréthane : Plus spécifiquement adaptés aux soubassements et aux toitures terrasses. La mousse PU semble la plus pertinente pour les parois en acier, en extérieur.
Les produits isolants dédiés aux containers
Il existe un isolant spécifique dédié à l’isolation des containers. C’est un isolant polystyrène type PSE.
Ci-dessus : L’isolant spécialement conçu pour l’isolation des containers.
En revanche, cet isolant n’est actuellement disponible qu’aux États-Unis. Ceci dit, j’ai récemment contacté le fabricant pour obtenir des informations techniques et l’import n’est pas totalement exclu.
En France, les normes en matière d’isolation sont très élevées et ce dernier devra faire l’objet d’un avis CSTB et d’une attestation de l’ACERMI.
Avantages :
L’isolant spécial container dispose d’un profil qui épouse les nervures du bac acier des containers. C’est donc une solution idéale et réellement « sur mesure ».
Aucune perte de place : Grâce à cet isolant, il n’y a pas de perte de place due à une quelconque armature.
Pas de ponts thermiques : Du fait que l’isolant épouse au millimètre l’acier, il exclut tout pont thermique. C’est un énorme atout.
Support de parement : Cet isolant comporte des tasseaux spéciaux qui autorisent le vissage des plaques de plâtre. Cela permet de pose le parement BA13 directement à même l’isolation.
Les mauvaises pratiques en isolation d’une maison container
Il existe des pratiques d’isolation communes qui font parfaitement l’affaire pour une maison en brique ou en parpaing, mais qui sont à proscrire pour une maison container.
Ci-dessus : Lire l’article de l’Agence Qualité Conseil sur les désordres sous les couvertures en acier.
1- Ne pas tenir compte du point de rosée :
La pire pratique en matière d’isolation est de ne pas tenir compte de la formation du point de rosée sur les parois en acier du container. Le sujet est très exactement identique à celui de la condensation sous bac acier.
Nous savons, depuis des années maintenant, qu’il est nécessaire de rompre la condensation par :
- Utilisation de panneaux sandwich : Les container sont des « simples » peaux, soit l’équivalent du bac sec.
- Isolation par dessus en méthode SARKING : Idéal dans notre cas de figure.
- Ventilation suffisante et continue sous la couverture acier : Inexistante sur les containers.
Résumé : Les méthodes vues sur les réseaux sociaux et sur les vidéos YouTube que j’ai consultées sont dangereuses pour la pérennité du container. Peu d’intervenants ne prennent en compte ce sujet pourtant critique.
Lire mon article sur le point de rosée.
2- Projeter de la mousse polyuréthane expansive :
Méthode typiquement américaine, la projection de mousse polyuréthane expansive n’est pas une bonne idée (pour le moment). Projeter de manière régulière est assez difficile et peu d’entreprises offrent ce service. En revanche, il est possible de louer soi-même le matériel et de réaliser l’isolation par ses propres moyens.
Je garde une importante retenue sur ce sujet, tant que les procédés de projection de mousse PU ne sont pas totalement maîtrisés et homogènes. Cette méthode, en outre, nécessite « de facto » une ossature intermédiaire, et ne s’adapte donc pas à celles et ceux qui souhaitent un intérieur « nu » de type bac acier.
En revanche, en extérieur cela peut présenter un intérêt évident :
- Rien de tel que le PU (polyuréthane) pour du bac acier (ou similaire).
- La projection va permettre d’épouser les « ondes » des containers, ce qui semble plutôt très pertinent.
À proscrire en intérieur.
3- Isoler le sol par « dessus » : Le plancher
Isoler une maison container doit être une question de bon sens. Les containers se posent sur pilotis, ce qui crée l’équivalent d’un vide sanitaire.
Alors pourquoi isoler par dessus et ainsi perdre 8 à 10 précieux centimètres de hauteur sous plafond ? Comme je l’évoque dans mes vidéos, les maisons containers présentent le gros défaut d’un manque de hauteur sous plafond.
Sur un plan purement technique, la grande majorité des maisons containers préservent des parois existantes pour réaliser le cloisonnement. Dès lors, si l’isolation du plancher est réalisée « par dessus », cela implique d’énormes ponts thermiques au droit des parois préservées.
Rappelons que ces parois sont en acier, vous perdez de facto le bénéfice de l’isolation en laissant ces ponts thermiques non traités.
Cette technique est à proscrire également.
4- Isoler le plafond par « dessous » : Le plafond
Comme pour le précédent point, il est plus judicieux d’isoler par « dessus » le bac acier, que par dessous. C’est la règle communément admise par tous les professionnels du bâtiment.
Nous retrouvons également la problématique de hauteur sous plafond qui sera réduite dans ce cas et de manière assez prononcée.
Seule exception : Les systèmes d’isolation dédiés au maisons containers que j’ai évoqué plus haut.
Le prix des différents isolants et leur résistance thermique
Pour une maison traditionnelle, la règlementation RT 2012 (la RE 2020 ne traite pas du R des parois) préconise un « ratio » d’environ 3.7 pour les murs et 4.5 pour les toitures terrasses. J’évoque la notion approximative de « environ » car cela dépend des zones d’habitations et de votre étude thermique globale.
En isolation de toiture : R=4.5 (pour les toitures terrasses) et 7 pour les combles perdus.
Isolant | Epaisseur | R | Prix TTC |
---|---|---|---|
Laine de verre (TH40) | 280 mm | 7 | 18 € / M2 |
Laine roche Rockciel (sarking) | 260 mm | 7.30 | 49 € / M2 |
Laine de bois R=7.15 soit 200+60 | 260 mm | 7.15 | 48 € / M2 |
Polystyrène | 270 mm | 7.10 | 38 € / M2 |
Polyuréthane | 160 mm | 7 | 52 € / M2 |
Ouate de cellulose | N/A | N/A | / M2 |
En isolation des murs : R=3.7 / spécial façade sous bardage ventilé
Isolant | Epaisseur | R | Prix TTC |
---|---|---|---|
Laine de verre | Non adapté | / M2 | |
Laine de roche Rockwool | 140 mm | 4 | 22.69 € / M2 |
Laine de bois semi rigide | 100+40 mm | 3.85 | 52 € / M2 |
Polystyrène Façades | 140 mm | 3.7 | 70 € / M2 |
Polyuréthane | 80 mm | 3.75 | 32 € / M2 |
Ouate de cellulose | Non adapté | / M2 |
Murs, sol et plafond : L’isolation du container
En matière d’isolation, il est nécessaire de distinguer et de séparer les parois d’une maison container. N’oublions pas également que si nous faisons une simple analogie, nous serions clairement dans le cadre de plusieurs DTU :
- DTU 40.35 : Couvertures en tôles d’acier.
- DTU 43.3 : Couvertures avec revêtements d’étanchéité.
- DTU 45.4 : Isolation extérieure rapportée sous bardages ventilés.
- DTU 41.2 : Bardages bois extérieurs.
Avouez que cela fait beaucoup de DTU à respecter uniquement en ce qui concerne l’enveloppe du bâtiment, sans même parler de structure. C’est peut-être la raison pour laquelle les maisons containers restent dans le cadre d’une autoconstruction.
Consulter la liste des DTU.
3 types de parois pour être pragmatiques :
- Plafond ou toiture : Isolation idéale en panneaux polyuréthane ou polystyrène par DESSUS. Comme il est d’usage de le faire pour une toiture terrasse.
- Murs : Une isolation rapportée par l’extérieur est une excellente pratique mais oblige à de lourds travaux. La laine de bois semble un choix privilégié par les intervenants, cependant la question du point de rosée (pire ennemi du bois) n’est pas évoqué. Soyez vigilants.
- Sols : Comme pour le plafond, l’idéal est de réaliser l’isolation de la maison container par DESSOUS, avec des panneaux de polyuréthane collés.
Bref, le sujet reste encore très largement ouvert et dans le doute, je préconiserai de nous en tenir à « ce qui se fait par ailleurs ». Autrement dit, il faut traiter le toit d’une maison container de la même manière qu’un toit terrasse avec étanchéité.
Ensuite, il convient de traiter les murs comme cela se fait en tertiaire, avec une ou deux lames de laine de roche ou de bois, et un bardage rapporté et ventilé = SOUS RESERVE de gérer le point de rosée.
Dans le cas contraire, rappelez vous que les laines minérales et végétales sont interdites.
Pour le sol, il faut isoler en SOUS FACE avec une isolation de type panneaux de polyuréthane.
- Toiture : Isolant PU ou Polystyrène « continu » et protégé en SUR FACE de toiture (oubliez la sous face).
- Murs : Isolant en panneaux rigides ou semi rigide en laine de bois ou laine de roche (doublez et croisez si possible).
- En plancher bas : Isolation collée en SOUS FACE de type panneaux de polyuréthane.
Dans l’idéal, il faut procéder à la mise en œuvre de couches croisées. La vapeur d’eau, donc la condensation, va immédiatement s’infiltrer dans le moindre interstice qui ne sera pas correctement isolé.
Les défauts de la maison container
J’ai récemment rédigé un article sur les nombreux défauts d’une maison container. Aucun magazine sérieux ne peut passer ces éléments sous silence, et ce, dans un esprit de déontologie éditoriale.
L’isolation est évidemment un de ces défauts, qu’il est aujourd’hui encore difficile de gérer avec pertinence et de manière scientifique (avec des relevés et des mesures). S’il nous écartons la notion de confort, il reste la notion de risque.
Principal risque : La corrosion.
Contrairement aux bloc bétons ou à la brique, l’acier se corrode. La condensation est également présente sur les maisons maçonnées, mais le risque est inexistant. Sur les maison ossature bois, il y a évidemment un problème de condensation, cependant le bois est naturellement respirant et il régule l’humidité et « se répare » tout seul.
En revanche, l’acier ne respire pas, et ne se répare pas. Il se corrode tout simplement et c’est valable aussi pour le CORTEN. En d’autre termes, attention à la rouille !
Conclusion
L’isolation d’une maison container est un vrai sujet, tout autant qu’il demeure un vrai problème. Chacun prêche pour sa paroisse et ceux qui vous diront que la ouate est plus adaptée que le polystyrène seront les mêmes à vous dire l’inverse le lendemain.
Une seule raison à cela : Nous n’avons aucun recul sur les maisons containers !
En d’autre termes, on ne sait pas gérer l’isolation d’un container, de la même manière qu’on éprouve les plus grandes difficultés à adapter une isolation sous bac acier ! Aucun mystère, nous devons attendre quelques années pour avoir un retour d’expérience suffisamment tangible.
Celles et ceux qui se lancent aujourd’hui dans l’aucotonstruction d’une maison container sont un peu les « cobayes » qui expérimentent le procédé.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN
Bonjour
Article intéressant merci.
Néanmoins, à la fin, sur l’isolation des murs d’une maison container, j’avoue que je n’ai pas compris qu’elles étaient les solutions.
Ca doit exister des immeubles en container ont été construits, des entreprises proposent ces solutions, j’imagine avec des garanties et des assurances.
Merci pour votre aide.