Comprendre ce qu’est un mur de refend, savoir le positionner et connaître son rôle précis ? Je vous propose un guide complet et explicatif ici, qui vous permettra de mieux appréhender la notion de refend afin de concevoir vos projets de construction.
- Définition d’un mur de refend.
- Usages et positionnement.
- Matériaux d’usage.
- Rôle du refend en maçonnerie, en charpente et en ossature bois.
- Schéma de principe pour positionner un refend.
Allons y !
Mur de refend : Définition et usages
Un mur de refend est un mur intérieur, nécessairement porteur, destiné à renforcer la stabilité structurelle d’un bâtiment ou diviser ce dernier pour diminuer les distances de franchissement (voir figure 1) et harmoniser les descentes de charges.
Contrairement aux murs extérieurs qui délimitent l’enveloppe du bâtiment, les murs de refend sont situés à l’intérieur et servent principalement à soutenir les charges verticales et horizontales, comme les planchers, les poutres, ou encore la toiture.
Figure 1 : Exemple d’une structure sans mur de refend. La portée importante entre les deux pignons va générer une forte descente de charge au droit de la charpente. Infographie : S.USTUN.
En maçonnerie traditionnelle, le mur de refend permet de reprendre les charges de l’étage ou de la charpente, mais en ossature bois, le refend permet de contreventer la structure.
L’emplacement d’un mur de refend peut se calculer selon plusieurs critères : Poids, contreventement, portées.
- En fonction d’une éventuelle contrariété dans le contreventement global de la construction (maisons d’architectes, structures singulières, etc.).
- Afin de limiter les franchissements pour éviter les descentes de charges trop importantes sur les charpentes (notion de flèche).
- En fonction des soubassements et des planchers intermédiaires pour limiter les portées de poutrelles.
- Dans un but de séparation ultérieure d’un même bâtiment (partie locative, partie privative).
- Pour consolider une structure, logement ou bâtiment tertiaire.
Figure 2 : Même structure que sur le figure 1 avec ajout d’un mur de refend. La division de la grande longueur permet d’éviter le phénomène de flèche en charpente, de réduire les sections de poutres, et de répartir les masses plus harmonieusement. Infographie : S.USTUN.
Le refend est souvent réalisé en matériaux résistants tels que le béton armé, les blocs de béton, la brique de construction ou encore la pierre. Avec la montée en charge des nouveaux matériaux, rien n’exclut l’utilisation du béton cellulaire, ou d’un refend en ossature bois.
Il peut être positionné de manière parallèle (très rare) ou perpendiculaire aux murs extérieurs selon les besoins structurels. Cependant, dans l’idée générale et dans la pratique, un refend est généralement perpendiculaire aux murs porteurs.
Sa position est stratégique : il est placé de manière à équilibrer les efforts et à limiter les risques de déformation ou de fragilisation de la construction.
Schéma d’un mur de refend
Tout mur de refend nécessite obligatoirement la semelle de fondation qui lui est associée. Autrement dit, vous ne pouvez pas ériger un mur de refend sur une dalle portée pleine. Cette dernière devra nécessairement inclure un soubassement (de refend) au droit du mur à créer.
Figure 3 : Schéma d’un mur de refend sur une vue en plan. La position peut se définir selon plusieurs critères. Infographie : S.USTUN.
Le refend doit être ancré sur les fondations du bâtiment. Cela signifie qu’il est prévu dès la conception des plans de la structure, avec une continuité dans le chainage et les ceintures. Toute erreur à ce stade peut compromettre la solidité du bâtiment ou rendre le refend inutile.
Conception et positionnement des murs de refend :
La conception et le placement des murs de refend sont importants. Voici quelques principes à respecter :
Analyse des charges :
Avant de positionner un mur de refend, une analyse détaillée des charges doit être effectuée. Cela inclut les charges permanentes (poids des matériaux) et les charges variables (mobilier, occupants, etc.). En outre, le refend permet de bien répartir les masses sur les fondations en diminuant les charges sur les autres murs porteurs.
Position stratégique :
Le mur doit être placé de manière à équilibrer les efforts. Par exemple, dans une maison rectangulaire, un mur de refend à 1/3 ou 1/2 est souvent idéal. Mais ce n’est pas une donnée impérative, la distance du refend dépendra surtout des franchissements de poutres, ou des planchers.
Coordination avec les autres éléments structurels :
Le mur de refend doit être aligné avec les poutres, les dalles, et les fondations. Toute incohérence peut affaiblir la structure. De la même manière qu’un mur porteur s’élève au droit de sa fondation, il en va de même pour le refend (voir figure 4).
Figure 4 : Le mur de refend doit être réalisé sur une semelle de fondation de la même manière que le reste des murs porteurs périphériques. Infographie : S.USTUN.
Utilité d’un mur de refend en maçonnerie traditionnelle
Les murs de refend remplissent plusieurs fonctions essentielles dans la construction, tant sur le plan structurel que pratique. Leur rôle dépasse celui d’un simple élément de séparation intérieure. Dans tous les cas, un refend est PORTEUR.
Figure 5 : Les matériaux d’un refend sont identiques aux matériaux utilisés pour la réalisation des murs porteurs périphériques. Infographie : S.USTUN.
En maçonnerie, les murs de refend sont des éléments de « soulagement » ou « d’appuis », notamment pour les bâtiments en béton armé ou en maçonnerie traditionnelle. Ils permettent une meilleure répartition des masses, notamment au droit des fondations, en soulageant les autres élévations d’une masse (donc des efforts) qui serait plus concentrée sur ces derniers.
En outre, ces derniers servent de points d’appui pour les poutres et les dalles. Cela permet de répartir les charges de manière homogène et d’éviter les concentrations de stress dans une zone unique.
- Epaisseur généralement identique à l’épaisseur des murs périphériques.
- Nature (matériau) identique aux murs périphériques.
- Hauteur équivalente à la hauteur sous ceinture des murs périphériques.
Stabilité structurelle
Le mur de refend agit comme une colonne vertébrale pour le bâtiment. Il répartit uniformément les charges provenant des éléments supérieurs (toiture, planchers, etc.) vers les fondations. Ce rôle est particulièrement important dans les bâtiments à plusieurs étages où les charges cumulées peuvent être considérables.
Il est également possible de concevoir un refend pour des raisons simplement architecturales, lorsqu’on a besoin d’un porteur d’appui. Je songe notamment aux maisons modernes avec de grandes baies vitrées qui nécessitent plusieurs éléments d’ancrages solides.
NOTA : Un refend est généralement chainé, en même temps et de la même manière que les murs périphériques.
Résistance aux forces horizontales
En plus de supporter les charges verticales, les murs de refend participent à la résistance contre les forces horizontales comme le vent ou les tremblements de terre. Ils assurent une meilleure rigidité latérale, empêchant ainsi les mouvements excessifs de la structure.
C’est toujours vrai, mais ça l’est d’autant plus sur les construction en ossature bois. Pour la maçonnerie traditionnelle, ce rôle de contreventement est moins significatif.
Dans tous les cas, dès lors qu’il existe une « grande longueur » sur un bâtiment, il est judicieux de placer un refend.
Organisation de l’espace intérieur
En plus de leurs fonctions mécaniques, les murs de refend participent à la structuration des espaces intérieurs. Ils peuvent servir à délimiter des pièces ou des zones spécifiques dans le bâtiment, tout en jouant un rôle esthétique. J’ai constaté l’utilisation de ce principe sur certaines maisons avec une architecture atypique.
Dans ce cas, le refend est parfois justifié par la nécessité de réaliser des ouvrages lourds ancrés : Escaliers béton autoportants (par exemple).
Isolation d’un volume en futur division
Parfois, il est judicieux de positionner un refend sur un volume dont on sait qu’il sera un mur séparatif. Dans le cadre d’une future division des volumes habitables pour de la location par exemple, ou pour la création d’un espace de travail (atelier, bureaux, etc.)
Dans ce cas, un refend est tout de même plus viable qu’une cloison, même dans le cadre de cloisons séparatrices de type SAA ou SAD qui sont habituellement dévolues à ce rôle de cloisons « communes ».
Le rôle du refend pour la charpente
En charpente, le mur de refend joue un rôle tout aussi important, notamment dans le soutien de la toiture quand elle porte sur seulement deux points d’appuis (généralement les pignons).
Ajouter un refend peut être « économiquement viable » mais surtout techniquement plus facilitateur. En divisant les grandes longueurs de franchissement, le refend permet :
- Diminution des sections de bois.
- Utilisation d’un massif au lieu d’un lamellé collé.
- Faciliter les manutentions.
- Eviter le phénomène de flèche.
Soutien des pannes : (Voir ma figure 1 en tête du présent dossier)
Les pannes sont des éléments horizontaux de la charpente qui supportent les chevrons et, par extension, la couverture du toit. Les murs de refend, lorsqu’ils sont bien positionnés, servent de points d’appui intermédiaires pour ces pannes, réduisant ainsi les portées et augmentant la stabilité.
Rigidité latérale de la charpente :
Dans une construction en charpente, les murs de refend aident à contrer les déformations liées aux forces horizontales, comme les rafales de vent. Ils garantissent ainsi une meilleure rigidité de l’ensemble.
=> C’est le principe du contreventement.
Optimisation des portées :
Sans mur de refend, les poutres de la charpente devraient être surdimensionnées pour couvrir de longues portées. En intégrant un mur de refend, les portées sont réduites, ce qui permet d’utiliser des sections de bois plus petites, économisant ainsi sur les coûts et les matériaux.
Il faut également noter que les pannes de grande longueur sont généralement d’une section importante, coûteuses, mais surtout peu disponibles en stock. Il faut donc voir cela comme un atout « logistique » en plus de son côté « optimisation ».
Exemple de positionnement d’un refend
Pour une maison traditionnelle de plain pied, de 12 mètres de longueur en brique ou en parpaing, le propriétaire souhaite une charpente traditionnelle pour garder de la hauteur sous plafond. Ne pouvant pas utiliser des fermettes (charpente industrielle), vous devez positionner des pannes porteuses.
Or, pour franchir 12 mètres de portée en un seul tenant, le bureau d’étude dimensionne des pannes en lamellé collé de 58 centimètres de hauteur, ce qui est beaucoup trop important.
Afin d’éviter une telle section de poutre, et pour ne pas risquer de « fléchissement », vous optez pour la solution du mur de refend.
Ainsi, vous divisez les points d’appuis à 6 mètres, en plaçant votre mur de refend au droit d’une cloison. Le mur permet de réduire la dimension des pannes (section) à des modèles standard en 32 centimètre de hauteur.
Utilité d’un mur de refend en ossature bois
En construction ossature bois (COB), le mur de refend joue un rôle bien précis : Il contrevente la structure.
S’il est possible de construire une maison traditionnelle sans mur de refend, c’est beaucoup plus compliqué lorsqu’il s’agit d’une maison en ossature bois. En effet, dans ce cas, les bureaux d’études structure imposent bien souvent un mur de refend tous les 6 mètres de parois.
Vous l’aurez compris, 6 mètres de longueur vont rapidement être atteint pour une maison traditionnelle, qui bien souvent nécessite 10 à 12 mètres dans sa grande longueur (sablière).
Par conséquent, il faudra nécessairement créer une « cloison » intérieure sous forme de refend porteur en ossature bois, perpendiculaire aux murs périphériques, tous les 6 mètres (ou moins).
Comme pour la maçonnerie, ce refend sera de section égale aux murs porteurs périphériques. Si votre ossature est de section 220×45 par exemple, il en sera de même pour le refend.
Refend en vide sanitaire
En cas de construction sur un vide sanitaire, le refend sera également présent en soubassement. Autrement dit, il y aura une élévation en parpaings ou en béton sous l’emprise (à la parfaite verticale) du refend à venir.
Figure 7 : La présence d’un mur de refend impose également la présence d’un refend dans le vide sanitaire, tout comme les fondations. Infographie : S.USTUN.
En outre, le positionnement d’un refend en vide sanitaire peut ne servir qu’à diviser les longueurs de poutrelles. En d’autres termes, vous pouvez réaliser un refend en vide sanitaire, sans pour autant nécessiter un mur de refend au dessus de la dalle : Vous optimisez simplement les longueurs de poutrelles.
Inversement, vous ne pouvez pas prévoir de refend sur la dalle, sans prévoir un refend dans le vide sanitaire.
Certains planchers de vide sanitaire sont cependant portants sur de grandes longueurs (8 mètres), comme je l’évoque dans mon article dédié.
- Lire mon article sur les planchers poutrelles et hourdis dépassant les 8 mètres de portée sans étai.
- Construction de maison sur vide sanitaire : Les bases.
Ponts thermiques sur un mur de refend
La création d’un refend engendre « de facto » un pont thermique car ce dernier est bien souvent en contact avec l’extérieur.
Certains constructeurs créent les refends avec une réservation pour que l’isolant périphérique soit continu. Cela reste cependant assez rare, même si techniquement absolument rien ne l’interdit.
Les chainages en ceinture autorisent très largement la présence d’une réservation au droit d’une paroi froide, il s’agit simplement d’évoquer cette problématique avec votre maçon.
Ponts thermiques :
- Oui en maçonnerie traditionnelle de type parpaing ou brique, sauf si le constructeur prévoit une réservation.
- Non en ossature bois ou en béton cellulaire (Siporex).
Dans le cadre des refends en soubassement sur vide sanitaire, les fabricants de planchers précontraints disposent de blocs en béton cellulaire spécialisé pour limiter le pont thermique (voir STOPTHERM sur internet).
Différence entre un mur porteur et un mur de refend
Un mur de refend est nécessairement porteur, sinon il n’a aucune utilité, et dans ce cas il est préférable de créer une simple cloison. Par conséquent, la seule différence entre un mur de refend et un mur porteur est son emplacement :
- Murs porteurs (dans son acceptation commune) : Murs froids donnant sur la périphérie du bâtiment.
- Mur de refend : Mur porteur construit à l’intérieur du bâtiment.
Ouverture dans un mur de refend
Les mêmes précautions doivent être prises dans le cadre d’une ouverture sur mur de refend, que pour un mur porteur. Par définition, le mur de refend étant un mur porteur, il faudra dimensionner les linteaux ou pannes (ou IPN), en fonction de la descente de charge exercée sur ces derniers.
Autrement dit, c’est tout pareil !
Le prix d’une ouverture dans un mur de refend sera donc peu ou proue le même que pour un mur porteur périphérique, à la différence de la nécessité d’enduire ou de façader.
En revanche, les contraintes techniques sont très exactement les mêmes, alors attention aux éventuels désordres à la suite d’une ouverture !
J’ai écris plusieurs articles sur ce sujet et je vous invite à les lire :
Conclusion
Le mur de refend est un élément naturel mais peu connu de la construction. Qu’il s’agisse de soutenir des charges, de garantir la stabilité latérale ou d’organiser les espaces intérieurs, son rôle est souvent sous estimé, même des professionnels.
A la décharge de ce dernier, les particuliers souhaitent de plus en plus d’espaces ouverts, ce qui freine l’utilisation des refends dans les faits.
Bien qu’il demande une grande anticipation (avant travaux) et des matériaux adaptés, ses avantages en termes de sécurité, d’efficacité structurelle, et de durabilité en font un sérieux atout pour la maçonnerie et la charpente.
En intégrant intelligemment les murs de refend dans la conception des bâtiments, on garantit non seulement leur solidité mais aussi leur longévité. Que ce soit dans une maison, un immeuble, ou un édifice industriel.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.