Pénurie de sable: Un inquiétant constat. La question n’est cependant pas nouvelle est semble s’effacer dans l’actualité. Or la pénurie de sable est potentiellement la prochaine catastrophe que va devoir affronter l’industrie du bâtiment.
Revenons ensemble sur une information passée sous silence.
La pénurie de sable à maçonner dans le secteur du bâtiment :
Un défi croissant et une pénurie annoncée.
La question est censée. Les réponses cependant sont quant à elles très aléatoires et cette notion de pénurie devrait tous nous alerter.
Le sable à maçonner (à ne pas confondre avec le sable des plages et des déserts) est incontournable. C’est le matériau primaire indispensable à toute construction.
Le sable est la ressource la plus exploitée dans le monde après l’eau.
Sans sable, point de béton, point de mortier et point d’édifices en « dur ». Hors le sable se raréfie, au point de devenir un sujet de préoccupation qui selon moi n’est pas assez évoqué.
L’industrie du bâtiment est donc confrontée à un défi majeur : la pénurie de sable à maçonner. Ce défi pourrait bien être le défi du siècle après celui des énergies fossiles.
Qui aurait pu s’entendre dire cela un jour ? Le sable est un matériau essentiel dans la construction, utilisé dans de nombreux process tels que la fabrication du béton et du mortier. Cependant, la demande mondiale de sable dépasse désormais l’offre disponible. Ce qui conduit à une crise croissante.
Dans cet article, nous examinerons les causes de cette pénurie, ses conséquences sur l’industrie de la construction et les solutions potentielles à ce problème qui deviendra très vite un sujet d’actualité.
Chaque année dans le monde, c’est environ 15 milliards de tonnes de sable qui sont extraits. De quoi faire drastiquement fondre nos bonnes vieilles carrières (cf Sable d’Ambonil dans la Drôme).
Ce chiffre est à prendre avec des précautions car il diffère très largement selon les sources. (NdlR)
Le sable, on l’utilise dans quoi exactement ?
- Béton, mortier (le plus évident)
- Ravoirages (chapes légères sous carrelage ou enrobage)
- Assises pour revêtements extérieurs (chape sur sable)
- Poutrelles précontraintes, piliers, PSS
- Enduits (et oui)
- Dalles, pavés, agglo
- Carrelage, faïence
- Tuiles
- Lits de sable pour les viabilisations et réseaux enterrés
- Le verre bien sûr ! Entre autres choses.
Le 26 Avril 2022, le PNUE (Programme des Nation Unies pour l’Environnement) titre dans son article l’urgence de prévenir une crise à venir. Le sable c’est 50 milliards de tonnes utilisées par an. Les enjeux sont énormes et les « regards » bienveillants peu nombreux.
Lien vers l’article du PNUE sur les 10 solutions à la crise du sable
Les causes du manque de sable à maçonner :
En ligne de mire les maisons ? détrompez vous, les voieries et chaussées sont autrement plus consommatrices que le bâti en élevation. Ce sera l’occasion de faire une étude que je vous présenterai prochainement.
Plusieurs facteurs contribuent au manque de sable à maçonner dans le secteur du bâtiment. Tout d’abord, la croissance rapide de l’urbanisation et de l’industrialisation a entraîné une augmentation significative de la demande de sable.
De nombreux pays émergents construisent des infrastructures à un rythme sans précédent, ce qui a un impact direct sur la disponibilité du sable. Et tous les sables ne sont pas dédiés à la construction !
Le désert ne nous aidera donc pas à endiguer cette pénurie croissante.
La granulométrie du sable joue un rôle dans la composition des liants de construction. Une granulométrie trop faible sera impropre pour réaliser un béton ou un mortier de forme pérenne. Pour information, le sable du désert, façonné par le vent donc extrêmement lisse, est d’une granulométrie de 0 à 1.2 millimètres contre un alluvionnaire de 0 à 4 millimètres pour du sable à maçonner. Le fameux 0/40.
Conséquences d’une pénurie de sable sur l’industrie de la construction:
« Selon certaines sources, le sable à maçonner a subi une hausse de 85% en 15 ans« .
Ce manque a des répercussions significatives sur l’industrie de la construction. Tout d’abord, la hausse des prix du sable a un impact sur les coûts de construction, ce qui peut entraîner une augmentation de prix des projets immobiliers et une baisse de la rentabilité pour les entreprises du secteur.
De plus, la qualité du sable disponible est souvent inférieure, ce qui peut affecter la durabilité des structures construites.
En outre, les entreprises de construction sont contraintes de chercher des sources alternatives de matériaux de construction, ce qui peut entraîner des retards dans les projets et des compromis sur la qualité.
Solutions palliatives à la pénurie de sable :
Face à cette crise du manque de sable à maçonner, plusieurs solutions palliatives émergent.
Tout d’abord, il est crucial de promouvoir des pratiques durables d’extraction de sable. Cela implique d’en réglementer strictement l’extraction et de promouvoir des alternatives telles que le recyclage des matériaux de construction existants.
De plus, la recherche et le développement de matériaux de construction innovants peuvent aider à réduire la dépendance au sable.
Par exemple, des matériaux de substitution tels que les cendres volantes, les scories de hauts fourneaux et les résidus de broyage peuvent être utilisés pour remplacer partiellement le sable dans la fabrication du béton et du mortier.
Et qui sait, peut-être changer nos modes constructifs avec des techniques de construction comme le bois ou les matériaux à « coller » comme par exemple le montage en béton cellulaire à la colle. Cela ne résoudra évidemment pas les problèmes de fondation et de dalles.
Mais ce serait également une malhonnêteté intellectuelle que de chercher une solution de remplacement par la construction bois par exemple, car il faudra alors faire face à une pénurie de bois pour les maisons bois, d’acier pour les ossatures métalliques, etc. Le chien se mordant donc la queue, la plus vraisemblable des solutions restera de « juguler » les M2 de béton…
En outre, l’éducation et la sensibilisation jouent un rôle crucial. Les professionnels du bâtiment doivent être informés sur les problématiques liées à la pénurie de sable à maçonner et encouragés à adopter des pratiques plus durables.
Les gouvernements et les organismes de réglementation peuvent également jouer un rôle important en mettant en place des politiques visant à contrôler l’extraction excessive de sable et à promouvoir des alternatives écologiques.
Parallèlement, la recherche de sources alternatives de sable est également essentielle. Certaines initiatives prometteuses sont déjà en cours, telles que l’utilisation de sable recyclé.
Il est impératif que les gouvernements, les entreprises de construction et les acteurs du secteur travaillent ensemble pour relever ce défi et promouvoir une utilisation plus responsable des ressources avant que nous ne soyons contraints de subir ce manque à venir.
Lire mon article sur la nécessité de sobriété dans le bâtiment
La recherche et développement :
Pour faire face à la pénurie de sable à maçonner, il est essentiel d’encourager la recherche et l’innovation dans le secteur de la construction.
Les scientifiques et les ingénieurs peuvent travailler sur le développement de matériaux de construction innovants qui nécessitent moins de sable tout en maintenant les normes de qualité et de durabilité.
Par exemple, l’utilisation de matériaux composites renforcés par des fibres, tels que les polymères renforcés, peut offrir des alternatives efficaces au béton traditionnel.
De plus, les avancées technologiques dans le domaine du recyclage des matériaux de construction peuvent permettre de récupérer et de réutiliser le sable dans le processus de construction, réduisant ainsi la dépendance aux nouvelles sources.
Est-ce une solution ?
Soyons lucides, dans tous les cas de figure nous devons repenser l’urbanisme, la bétonisation à outrance et en cela cette pénurie à venir nous fera peut-être prendre conscience qu’il faut redonner du vert à nos villes.
Le Projet de recherche SAND (mené par l’industriel PAREX LANKO et l’ADEME) vise notamment à revaloriser le recyclage du sable de construction venant d’anciennes constructions et de démolitions. Mais il parait évident que ce n’est qu’une goutte d’eau.
La pénurie de sable à maçonner annonce une évidente crise à venir pour les acteurs du bâtiment et une réelle catastrophe pour l’environnement. Les solutions palliatives ne résolvent en rien le fond du problème: La boulimie de construction.
Pour résoudre ce qui va assurément devenir le plus grand défi après le dérèglement du climat, nous devons devenir sobres.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.