Et si le container était « la » solution pour réaliser un studio de jardin ? Avouez que la question est intéressante et croyez moi, la réponse l’est tout autant.
Les studios de jardins sont devenus un enjeu dans le bâtiment. Ils règnent dorénavant dans le top 10 des projets de constructions. Les offres en revanche, et nous l’avons déjà analysé ensemble, sont toutes aussi difficiles à appréhender qu’à trier.
Évidemment, le système constructif est un critère de choix, mais le prix l’est plus encore.
Alors doit-on opter pour un container en guise de studio de jardin ? C’est notre dossier du jour.
Cet article vient en complément du dossier sur les studios de jardin et sur la construction de maison container.
Avant propos
Comme vous le savez si vous me lisez régulièrement, ma courbe d’intérêt pour le système constructif des maisons containers est en très nette hausse. La raison est simple : Écarter les défauts et trouver les solutions les plus adaptées à ce nouveau modèle de construction.
Mes réflexions, mes visites de chantiers et enfin mes solutions techniques apportées au concept me font bien moins dénigrer aujourd’hui le procédé du container et à plus forte raison pour une « petite » extension telle qu’un studio de jardin. Dans ce cas précis, les enjeux sont évidemment moins importants.
Là où habituellement l’ossature bois régnait en maîtresse absolue, le container peut sans aucun doute venir bousculer son lointain cousin des forêts et conquérir des parts de marché sur le segment des studios ou extensions de jardins.
Nous devrons cependant garder à l’esprit la notion de surface, notamment pour rentrer dans le cadre des aménagements non soumis au dépôt de permis de construire.
Un container comme studio de jardin ?
Je ne vais pas revenir sur les containers clés en main car j’ai déjà longuement analysé le sujet dans notre magazine. De la même manière, le large catalogue des studios de jardins prêts à monter semble en dérouter plus d’un : Prix diffus, garanties floues, etc.
Dès lors, la question de construire un studio de jardin sur la base d’un conteneur maritime est-elle pertinente ?
La réponse est oui.
Face au questionnement, il est légitime pour le client final de couper court aux discussions et de s’orienter vers des solutions plus pragmatiques. En ce sens, je comprends clairement le désarroi de la plupart des lecteurs qui avouent « ne rien comprendre » aux offres qui leur sont faites.
Il est alors légitime de penser que la montée en charge des containers sur le segment du studio de jardin est en partie due au manque de clarté des propositions existantes pour une simple « extension ».
Ce « pragmatisme » dont le container fait évidemment la démonstration, est sans aucun doute son meilleur atout.
Le pragmatisme poussé à l’extrême : Un atout pour le container
En matière de pragmatisme, il est difficile de faire mieux. Un container, une fois posé, se suffit à lui même et dès lors la rapidité d’avancement des travaux est moins « critique ». Disons simplement qu’il ne sera pas nécessaire de stresser dans l’avancement des travaux car la structure est par nature auto suffisante.
Dans la même ligne de réflexion, le format des containers est d’une simplicité absolue, ce sont des rectangles.
Deux atouts considérables pour celles et ceux qui recherchent du réalisme et de l’efficacité.
Seuls les travaux de maçonnerie pour recevoir la structure sont évidemment soumis à la consultation d’un maçon professionnel ou d’un terrassier. Mais ceci est également valable pour les studios de jardins en ossature bois :
Match nul sur ce point.
Pour rappel, la surface moyenne d’un studio de jardin est de 18 m² en France. Cette surface n’existe techniquement en matière de conteneur, car ces derniers ont une structure normalisée identique partout dans le monde.
Pour rappel : Attention aux notions de surfaces. Nous l’avons vu préalablement dans mes derniers articles, il s’agit de définir très exactement la surface intérieure nette, habitable, de la surface brute au sol.
L’achat d’un container
L’achat d’un container est aujourd’hui chose facile. Les sociétés spécialisées commencent à proposer des services véritablement dédiés aux autoconstructeurs ou aux aménageurs de conteneurs.
Deux solutions s’offrent à vous :
- Acheter un container auprès d’un négoce et vous le faire livrer.
- Passer directement par un aménageur.
Car oui, ces deux méthodes cohabitent dorénavant avec un engouement réel pour les ateliers de transformation. Je trouve le concept assez vertueux car dans ce dernier cas, vous serez accompagnés par des gens compétents dont l’aménagement est le principal métier.
C’est (selon moi) un sérieux gage de sécurité et de tranquillité, même si « de facto » cela aura un impact sur votre budget définitif.
Selon Yohann Robert, CEO du site adopte-un-conteneur, les parts de ventes semblent évoluer favorablement dans ce sens. Attendu que l’expertise du négoce est sans aucun doute le 1er pas pour obtenir des containers fiables et vérifiés « in situ » par le marchand.
Yohann Robert est d’ailleurs dans une optique réellement éthique et cela se discerne clairement dans son approche du système constructif et dans le conseil qu’il apporte aux clients par ailleurs.
En ce qui concerne le prix des containers, je vous renvoie évidemment vers mes précédents articles. Les prix sont volatiles et dépendent de la conjoncture. Disons simplement qu’un container de 20 pieds (livré) gravite autour de 3000 à 3500 euros. Pour un 40 pieds la proportion est moindre, mais dans ce cas vous pouvez oublier l’exemption de dépôt de permis.
La modification et l’aménagement du conteneur
La modification (ou l’aménagement) d’un conteneur peut être envisagée sous deux angles :
- Passer par un atelier de transformation (donc déléguer la réalisation des plus gros travaux).
- Réaliser une autoconstruction complète (tout faire soi-même).
Si vous n’avez pas peur de mettre le bleu de travail, alors l’autoconstruction sera la solution la plus économique, et de loin ! En revanche, et j’ai souvent relevé ce sujet, vous devez tout de même connaitre à minima le maniement des outils et les notions fondamentales de structure.
Oubliez le « DIY » (Do It Yourself) façon vulgarisation excessive proposé sur de nombreux canaux. Soyez sérieux, renseignez vous et formez vous. La réalité du terrain est souvent très éloignée des carnets de route romanesques des nombreuses réalisations audiovisuelles qui traitent de ce sujet.
Oui à la vulgarisation, non aux raccourcis et ce, a fortiori en ce qui concerne le « bâti ».
Le prix d’un studio de jardin
Le prix d’un studio de jardin ramené au m² est prohibitif. Soyons honnêtes, ces petits modules préfabriqués livrés clés en main n’épargneront pas votre porte monnaie. Comme je l’évoquai dans un précédent article les solutions proposées actuellement gravitent autour de 2400 euros TTC le m², ce qui semble tout de même assez disproportionné.
En revanche, les containers lorsqu’ils sont appréhendés dans le cadre de l’autoconstruction peuvent être un atout économique considérable. Or je vous le concède, je compare ici deux choses différentes, le « clé en main » et « l’autoconstruction ».
- Prix d’un studio de jardin de 24 mètres carrés : environ 48 000 euros TTC (sans maçonnerie).
- Prix d’un container aménagé de 40 pieds : environ 40 000 euros TTC (sans maçonnerie).
- Lire mon article sur le prix d’un studio de jardin.
- Lire mon article sur le prix d’un container clé en main.
Pour du clé en main, c’est le container qui prend très légèrement le podium face aux studios en ossature bois. Les solutions proposées sur les nombreux sites semblent ramener le container à près de 12% moins onéreux que le studio de jardin en bois. Confusion oblige.
J’ajouterai également que la notion de « clé en main » est souvent dévoyée. Elle désigne en théorie un contrat juridique précis, qui n’est pas adaptée aux situations de fabrication « hors site ». Seuls les « constructeurs » offrent du clé en main, ce qui intègre des obligations de résultat, de budget, de garantie, etc.
Sur cet item, il sera impératif que nous revenions dans le détail avec notamment vos retours d’expériences. Une interview est prévue avec certains acteurs du segment (négoces et juristes). Je vous invite à me contacter pour partage d’expérience sur le mail du magazine : contact@monbatiment.fr
Nous écartons donc la solution clé en main, même si visiblement il y a un intérêt économique, pour nous diriger vers l’autocontruction ou les aménageurs spécialisés, ce que je préconise sans aucun détour.
Tout bénef ? Pas nécessairement !
Un critère qu’il faut garder à l’esprit est l’emprise au sol des deux structures. Pour un studio de jardin, la question ne se pose pas car ces derniers sont réalisables sur mesure et la surface peut donc être adaptée. Le principal but : Ne pas nécessiter de déposer un permis de construire.
Pour les containers, c’est un peu plus compliqué car les deux principaux modèles sont dans des dimensions non extensibles, ou non réductibles. En surface nette intérieure, les deux principaux modèles de containers offrent :
- 13.50 m² (net) pour un 20 pieds mais très difficile à trouver en « HIGH CUBE ».
- 27 m² (net) pour un 40 pieds ce qui impose de fait le dépôt d’un permis de construire.
Il faudra donc se résoudre à une toute petite surface dans le premier cas (20 pieds) ou bien opter pour un permis de construire dans le second cas (40 pieds).
Certes, le dépôt d’un permis de construire est gratuit, si on exclue le recours à un architecte ou un cabinet d’étude et qu’on réalise le dépôt soi-même.
Nous sommes donc face au principal défaut d’une structure en container : Les surfaces sont figées (à moins d’un réel aménagement en ferronnerie structurelle).
Pour information, j’ai personnellement étudié une solution basée sur un 20 pieds et cette dernière me convient. Il est question de créer un petit « studio d’enregistrement » pour mes vidéos YouTube. Dans ce cas, c’est clairement intéressant. Dans de nombreux autres cas de figure, le container est véritablement un « game changer » mais gardons à l’esprit qu’il n’est pas adapté à tous les projets.
Nous reviendrons notamment (dans un prochain dossier) sur l’accessibilité et les normes PMR, et vous verrez que dans ces cas précis, la solution n’est pas franchement adaptée. Je songe évidemment aux projets d’extensions dont le but est de préserver le cocon familial.
La garantie décennale pour un studio de jardin en container
Il n’existe pas à proprement parler de décennale pour garantir un container pendant 10 ans après sa livraison. Pour rappel, ce système constructif n’est toujours pas actuellement considéré comme une « technique courante » dans le bâtiment.
D’autres sujets juridiques viennent abonder en défaveur du procédé et notamment le simple fait que les containers sont généralement des « secondes mains ».
Je considère ce sujet avec moins de « lourdeur » ou de gravité dans notre cas car nous évoquons une « extension », ou un studio de jardin, et non une construction complète de maison individuelle au sens où nous l’entendons. Certes, ce raisonnement est simpliste mais il est justifié.
Le choix idéal : L’autoconstruction
Vous l’aurez compris : S’il est question de budget serré, il s’agit d’opter pour le choix de l’autoconstruction (au risque de me répéter). Pour cela, le container arrive clairement en tête, et pourtant, vous lisez un ardent promoteur de l’ossature bois.
Ces solutions novatrices ne sont pas à aborder avec l’esprit rêveur d’un néophyte en recherche de réalisation mais avec le prisme d’un technicien. C’est justement ce que nous essayons de faire, article après article.
Si vous êtes « dégourdis », que vous disposez d’un minimum d’outillage et de connaissances : Foncez.
Dans tous les cas, si vous respectez les quelques préconisations que j’évoque régulièrement dans mes dossiers et articles, vous ne devriez pas prendre de risque.
En contrepartie, et pour clôturer le dossier, si vous vous attelez à la réalisation de votre studio de jardin sur la base d’un container vous serez réellement gagnant. Du moins sur le plan financier. Mais soyons honnêtes, c’est le cas pour tout type d’autoconstruction.
Conclusion
Il est juste et honnête de dire les choses : Le container, pour un projet d’extension ou de studio de jardin, est définitivement en lice. La solution est bonne.
Alors certes, je modérerai mes propos quand nous aborderons les notions d’accessibilité, mais les bases sont là.
Il s’agit donc de s’affranchir de la problématique de surface (figée sur un container) et de composer avec pour mener à bien son projet. Ce dossier n’est pas fermé, et comme à l’accoutumée, je vous invite à venir participer.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.