L’agrafage des fissures est un acte technique qui fait peur, mais qui fonctionne parfaitement bien ! Certes peu répandue (car mal maîtrisée) cette méthode de reprise de maçonnerie reste fiable. Souvent préconisée à l’apparition de fissures structurelles sur les éléments maçonnés (appareillés) cette technique reste très clairement la moins coûteuse. Je vous décris la méthode ici:
Qu’est ce que l’agrafage des fissures ?
L’agrafage est une technique de consolidation du bâti préconisée après apparition de fissures sur les murs (en général) porteurs. Soyons clairs: l’agrafage ne sert pas à réparer les fissures. Il sert à consolider le bâti qui est la cause des fissures. C’est subtil mais très important.
Le plus souvent liées à des mouvements de terrains impactant les fondations, les fissures apparaissent sur les éléments de maçonnerie (souvent les porteurs) périphériques ou en refend. Les cas les plus courant sont les fissures en escalier. Ces dernières « dessinent » les contours des agglos ou briques en représentant une forme en escalier. Très caractéristique !
Ce sont des fissures structurelles. Évidement à ne pas confondre avec des fissures non structurelles (fissures de surface) qui n’impactent que les enduits, l’esthétique.
Les fissures non structurelles, halte à la frénésie !
Sur les corps d’enduits de façade même neufs, il existe des pathologies bénignes. Les fissures de surface. Ces dernières peuvent avoir plusieurs causes mais les conséquences sont négligeables.
- Fissure « moustache » au droit les appuis de fenêtres
- Fissure « sourcils » au droit des linteaux
- Faïençage (après la pluie notamment)
- Fissure de vétusté
Ces fissurations de l’enduit ne sont pas structurelles. Seule la surface est impactée. L’appareillage sous enduit comme les moellons (agglos) ou la brique ne sont pas désolidarisés. Aucune crainte à avoir dans ces cas très courants, y compris dans le neuf.
Je vous proposerai un article dédié prochainement.
Dans ces cas de figure il n’est évidemment pas question de réaliser un agrafage.
Les fissures structurelles nécessitant un agrafage:
Mouvement ou tassement différentiel du terrain, RGA (retrait gonflement des argiles), sécheresse : Ce sont les causes les plus courantes nécessitant un agrafage. Il faut rester pragmatique est analyser ces différents points:
- Nature et cause de la fissure : Déterminer si la fissure est structurelle ou non structurelle, et identifier la cause (tassement, mouvements thermiques, charges excessives, etc.). Nous venons de l’évoquer plus haut.
- Type de maçonnerie : Examiner le type de matériel (pierre, brique, béton, etc.), car cela influence la méthode d’agrafage appropriée. Parfois il faudra envisager autre chose qu’un agrafage malheureusement. Le type d’appareillage est donc un élément déterminant et crucial.
- Stabilité de la structure : Évaluer si la structure est stable ou si elle nécessite d’autres formes de renforcement ou de soutien avant l’agrafage. Si la cause du désordre n’est pas résolue et stabilisée il devient inutile d’agrafer.
- Localisation et orientation des fissures : Identifier la position et la direction des fissures pour déterminer le meilleur emplacement et l’orientation des agrafes.
- Largeur et profondeur des fissures : Mesurer la largeur et estimer la profondeur pour choisir la taille et le type d’agrafes, ainsi que la méthode de scellement. Même si les fissures seront ouvertes et très largement au moment de l’agrafage, il est bon d’en estimer préalablement les critères.
- Historique de la construction : Prendre en compte l’âge du bâtiment et les réparations antérieures, qui peuvent affecter la méthode d’agrafage.
- Règlementations et normes : S’assurer que la méthode d’agrafage respecte les normes locales de construction et de sécurité. En cause: la zone sismique et l’altitude. Les forces exercées amplifient le phénomène comme les secousses sismiques ou le poids (neige).
- Consultation d’autres experts : Si nécessaire, consulter des experts en restauration de bâtiments spécialisés en maçonnerie pour des avis complémentaires. Dans tous les cas il faudra un bureau d’étude.
- Suivi post réparation : Planifier un suivi pour évaluer l’efficacité de la réparation et détecter toute évolution ultérieure des fissures.
Ces points garantissent une approche complète et responsable pour la réparation de structures fissurées par agrafage.
Les risques selon le facteur géographique :
Certains secteurs géographiques en France sont plus susceptibles d’être touchés par des problèmes de fissuration dans les structures, en raison de plusieurs facteurs :
Zones sismiques : Les régions avec une activité sismique plus élevée, comme les Alpes, les Pyrénées, et certaines parties de la Côte d’Azur, peuvent connaître des fissures dues aux tremblements de terre.
Type de sol : Des régions avec des sols argileux ou instables, comme certaines parties du Bassin parisien ou du Sud-Ouest, peuvent subir des mouvements différentiels du sol, provoquant des fissures.
La sécheresse et le RGA:
Principale cause à venir et à prévenir. Le retrait gonflement des argiles va être un véritable casse-tête pour les propriétaires et les assureurs sur les dix prochaines années. Les sinistres sécheresse s’installent dans la durée (lire l’article)
Le retrait gonflement des argiles ou plus généralement les mouvements de terrains sont la principale cause de sinistre nécessitant un agrafage de fissures. C’est le cas le plus courant avec les sous dimensionnement de fondations.
Ces dernières années le Var par exemple est particulièrement touché.
Le prix d’un agrafage de fissures:
Il paraît assez difficile de définir un prix pour l’agrafage de fissures. Cela dépend évidemment de l’ampleur de l’agrafage nécessaire. Selon l’emplacement de la fissure, selon la hauteur (nécessité d’échafauder ou non) etc. Dans tous les cas l’agrafage seul ne sera pas suffisant car suite à l’intervention il faudra reprendre la façade. Parfois (souvent) les embellissements intérieurs également.
Dans beaucoup de cas l’agrafage peut être pris en charge par l’assureur. Regardez votre contrat d’assurance.
Un agrafage simple sans échafaudage avec des éléments d’appareillages traditionnels comme des agglos (parpaings) est peu coûteux. De quelques centaines d’euros à 1500 euros pour une intervention simple sur une lézarde de 2 à 3 mètres linéaires (hors façade).
Le plus courant étant les agrafages de fissures en escalier sur une diagonale de 3 mètres. J’ai récemment chiffré un dossier pour un tel agrafage à 1500 euros pour la prestation seule.
Selon la région, le lieu, l’accès au chantier et l’ampleur de la fissure chaque agrafage est différent donc plus ou moins cher.
Le mieux étant encore de faire venir un maçon pour réaliser un devis.
En conclusion :
L’agrafage des fissures est un acte technique mais simple à mettre en œuvre. Le pallier supérieur étant la reprise en sous œuvre (RSO) autrement plus invasive et coûteuse. Les entreprises spécialisées sont peu nombreuses. Vous devez donc vous former en ce sens si vous êtes une entreprise de maçonnerie. Ce sera sans conteste un atout. Les risques liés aux sinistres sècheresse vont s’amplifier les prochaines années.
L’agrafage est accessible techniquement à toute entreprise organisée. Mettre en œuvre les préconisations des Bureaux d’Etude et surveiller la qualité du travail. S’équiper et former son personnel. Savoir répondre aux experts et aux assureurs.
Surveillons de près cette thématique pour laquelle je ne referme donc pas définitivement cet article et garderai les informations à jour.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.