L’infiltration par toiture est une pathologie courante du bâtiment. Ce désagrément peut être parfaitement anodin, mais également dévastateur dans certains cas.
Véritablement au cœur de ma spécialité, pour avoir réalisé plus d’un centaine d’inspections et de réparations en toiture, je décortique avec vous ce sujet, dans le détail.
Sujet en lien : Analyse de cas d’une infiltration en toiture singulière.
Vous subissez une infiltration par toiture
Ce n’est jamais agréable, et rarement bon signe mais il n’y a aucune fatalité.
Les infiltrations par toiture sont les cas les plus courants de dégâts des eaux. C’est très souvent anodin. En revanche, c’est anxiogène et cela mérite tout de même une réparation.
Avant tout, il convient de bien définir le type de toiture, le type d’accès et les potentiels facteurs naturels insoupçonnés qui peuvent causer une infiltration.
Dans tous les cas, vous devriez être indemnisés pour le dégât, et je précise bien, pour le dégât uniquement.
L’assureur ne vous doit pas le « hors d’eau », il ne vous indemnisera que les éléments ayant subis l’infiltration. La réparation de la couverture, quant à elle, sera à votre charge.
Si l’infiltration est en cours, ne montez surtout pas sur le toit, laissez couler, sans mauvais jeu de mot.
Réaliser une inspection de toiture pour déterminer l’infiltration
Si vous n’êtes pas couvreur ou charpentier, ne prenez aucun risque, et ne grimpez pas sur votre toiture.
C’est dangereux, et même les professionnels sont parfois victimes d’accidents.
Une fois l’épisode pluvieux passé, vous devriez pouvoir trouver un couvreur disponible pour venir réaliser l’inspection. Seulement à ce moment, et s’il le juge nécessaire, ce dernier pourra préconiser la mise en place d’une bâche en mesure provisoire.
Ne cherchez pas à l’installer vous même.
Encore une fois, c’est un cas technique qui n’est pas à la portée de tous. En outre, une bâche mal posée peut être encore plus dévastatrice et parfois même, dangereuse pour les autres (en cas de grand vent).
Si vous disposez de combles, non aménagés, rien ne vous empêche de grimper dans le grenier pour réaliser un sondage visuel. En cas de forte pluie, vous devriez immédiatement voir d’où provient la fuite et identifier l’infiltration par toiture.
Si la pluie a cessé, vous pouvez également sonder visuellement les poutres ou les fermettes. Les voies d’eau laissent toujours des traces.
Enfin, et si vous le pouvez, attendez un beau soleil pour monter dans le grenier. La lumière du soleil permettra de voir immédiatement si des tuiles sont cassées, en laissant passer le jour.
Dans l’idéal, un couvreur expérimenté ou un charpentier pourra réaliser l’inspection sans risque, et déceler une infiltration qui ne serait pas forcément visible au premier coup d’œil.
Photo : Votre hôte en train de réaliser une inspection de toiture physiquement.
Identifier la typologie de votre toiture
- Vérifiez que le toit n’est pas amianté
- Présence de plaque sous tuile
- Type de tuile et disponibilité chez les marchands de matériaux
- Accessibilité
- Présence de volige ou d’un platelage
- Etc.
Il est important de connaitre la date de construction de votre maison. Cette date permettra de savoir s’il y a un risque de présence d’amiante dans les matériaux. Depuis 1997, plus aucun fabricant et constructeur n’est autorisé à utiliser de l’amiante.
Si votre maison est postérieure à 1997, alors cela ne présente aucun risque.
En revanche, si la construction est antérieure à cette date, vérifiez simplement qu’il n’y a pas de présence de PST (Plaques Supports de Tuiles). Ce sont ces fameuses plaques ondulées, également appelées plaques « Fibro-ciment ». Ces dernières contiennent généralement de l’amiante.
Si l’infiltration par toiture est due à un défaut des plaques support de tuiles (PST), l’opération risque d’être beaucoup plus singulière.
Votre couvreur, ou vous même, devez vérifier qu’une tuile équivalente à l’existante soit disponible en négoce, soit pour un remplacement unitaire en cas de tuiles cassées, soit pour un remaniement plus important.
Si vous avez acheté votre maison à un précédent propriétaire, essayez de jeter un œil dans le vide sanitaire ou dans les combles, il y a souvent des tuiles en réserve.
L’accessibilité est importante, que ce soit de l’extérieur ou de l’intérieur. Evitez d’encombrer les passages, en matière de couverture, la moindre gène peut se transformer en accident.
L’idéal pour un couvreur reste évidemment la présence d’une toiture tuilée sans volige ni platelage, car il est plus simple de trouver les infiltrations par toiture dans ces cas.
Les différents types d’infiltrations par toiture
Il existe de nombreux cas de figure en matière d’infiltration mais rassurez vous, ils sont tous parfaitement connus et maîtrisés.
- Infiltration par les solins (défauts de pose, décollement)
- La faîtière n’est plus étanche (notamment les faitières hourdies ou scellées)
- Infiltration par les noues ou les arêtiers
- L’étanchéité ne fait plus son office sur un toit terrasse (cas plus ennuyeux)
- La voix d’eau provient du conduit de cheminée
- L’infiltration provient d’une tuile cassée
- Raccords de toits / annexes / vérandas
- Infiltrations par fenêtres de toits (Velux)
Ci-dessus : Infiltration par le raccord toiture/véranda mal exécuté. L’eau s’infiltre par le raccord au droit d’un solin de fortune. Crédits photos: S.USTUN
Les facteurs naturels d’une infiltration par toiture sont simples. Il s’agit des fortes pluies liées à de forts vents transverses. Dans ce cas, même si votre toiture ne présente aucun défaut, l’eau s’infiltrera par une remontée due aux forts vents.
En somme, l’eau sera suffisamment poussée par le vent, pour remonter sous la tuile ou des les noues. C’est un phénomène imparable.
Lors de très fortes précipitations, l’eau peut également s’accumuler et dépasser la hauteur d’un solin traditionnel, passant derrière ce dernier et occasionnant une infiltration.
Vous pouvez lire mon article général sur les solins ici
L’infiltration d’eau par le faîtage :
A moins d’une forte tempête ou d’un épisode de grêle très prononcé, j’ai rarement eu de cas d’infiltration par les faîtières. Sauf évidemment, dans les cas où les faîtières sont véritablement vétustes, fissurées, cassées ou simplement : Envolées !
Il faut savoir que plus l’infiltration se situe en partie « haute » d’une toiture, et moins l’eau y pénètre.
La plus grande quantité de récupération et d’accumulation de l’eau se faisant dans les parties basses, et au droit des retenues (cheminées, velux, acrotères, etc.).
J’ai eu un unique cas, sur une maison neuve.
Lors de mon inspection, il s’est avéré que le couvreur avait tout bonnement mal positionné le closoir. Par ailleurs, ce dernier n’était pas adapté au bon recouvrement de la dernière tuile (la tuile la plus haute au faîtage).
C’est clairement une malfaçon, et le client a pu intervenir en réparation.
Les retenues ou raccords de toits :
Les raccords de toits, les ensembles de pénétrations, et les retenues sont également propices à une infiltration par toiture.
Dans l’exemple suivant, j’attire votre attention sur le retour d’acrotère en partie haute, qui lors de fortes pluies crée une « retenue d’eau » et donc, un potentiel dégât des eaux.
Ci-dessus: Le relevé en acrotère exerce une forte retenue en cas de pluie abondante, c’est un vecteur de risque en terme d’infiltration. Crédits photos: S.USTUN
Sortie de toit de cheminée trop basse en toiture :
En général, les sorties de toit de cheminée sont placées en partie haute de la toiture, pour augmenter le tirage. Plus une sortie de toit est positionnée en partie haute, et moins c’est un sujet d’infiltrations par toiture.
Dans l’exemple ci-dessous, la sortie de toit est placée très largement en bas de pente, et son relevé d’étanchéité n’est pas aussi efficace qu’un abergement zingué. C’est donc un parfait candidat pour une infiltration d’eau.
Les fenêtres de toit, souvent en cause dans les infiltrations par toiture:
Les fameux « Velux » du nom de la marque, qui ne sont pas ici en cause mais le terme est plus évocateur que « fenêtre de toit », sont souvent de bons candidats à une infiltration par toiture.
En effet, dans de nombreux cas, les Velux sont posés en « rénovation ». En d’autre termes, après la construction de la maison. Il est donc nécessaire d’adapter la toiture aux châssis et cela génère très régulièrement des problèmes d’étanchéité.
C’est extrêmement courant.
Beaucoup de fenêtres de toit ne disposent pas du kit d’abergement d’étanchéité, qui doit normalement se positionner en complément de la fenêtre elle-même. Par conséquent, l’étanchéité des fenêtres de toit est souvent un « bricolage » ou une « adaptation » à l’existant.
Ces cas de figure sont si nombreux qu’un professionnel ira systématiquement vérifier les Velux en cas d’infiltration, y compris si le problème se trouve ailleurs sur la toiture.
Les tuiles cassées :
C’est une évidence, les tuiles cassées sont les principales causes d’infiltration d’eau.
Ce sont également les cas les plus simples à traiter.
Sachez qu’une tuile « fissurée » n’est pas nécessairement une brèche laissant passer l’eau, surtout si la fissure se trouve sur la partie supérieure de l’onde.
L’eau est essentiellement redirigée au creux de l’onde, soit dans la « tuile courante » pour une tuile canal (en opposition avec la tuile « couvrante »). Si la fissure se situe au droit de la tuile « couvrante », il y a peu de risque.
La fissure doit être « ouverte » pour laisser passer l’eau.
En revanche, un « trou » dans cette dernière est évidemment un problème. Les tuiles se « réparent » dans la mesure du possible. Vous pouvez colmater les fissures avec une colle pour tuile, et parfois (avec parcimonie) reboucher des trous.
Ce sont des solutions provisoires, qui tiendront le temps d’élaborer une solution de réparation définitive.
Dans l’idéal, changez les tuiles cassées ou fissurées pour ne plus être sujet aux infiltrations, c’est plus sûr qu’un simple colmatage.
Ci-dessus : Le mastic que j’utilise pour réparer provisoirement des fissures. C’est une solution « provisoire ». Crédit photos: S.USTUN.
Consulter mon article sur le mastic colle pour tuile et son utilisation
Les typologies de toitures propices aux infiltrations
Comme je le propose en exemple dans le paragraphe précédent, certaines typologies de toitures sont plus propices que d’autres aux infiltrations. Les « ensembles de pénétrations », telles que les croupes ou les décrochés sont de très bons candidats.
Les « noues » et « cheneaux encaissés » sont également particulièrement sensibles aux débordements d’eau, même s’ils sont parfaitement réalisés par le zingueur.
Consulter mon article sur les cheneaux et noues zinguées encaissées
Qui a réalisé la couverture de la maison ?
Avant de vous jeter corps et âme dans un chantier coûteux, vérifiez au préalable si votre toiture n’est pas encore sous garantie.
Si cette dernière avait été refaite par le précédent propriétaire par exemple, retrouvez les factures. Vous êtes certainement encore sous la protection de la garantie décennale de l’ancien couvreur.
Le cas échéant, il est toujours préférable de faire intervenir le couvreur qui connait déjà les lieux, sauf en cas de malfaçon évidemment !
Dans ce cas, mieux vaut faire intervenir un autre professionnel.
Dans le cadre d’une construction neuve, vous êtes couverts par la DO (Dommage ouvrages). Votre assureur prendra évidemment en charge les dégâts, mais vous devez faire intervenir le constructeur de maisons individuelles qui a réalisé la vôtre.
Il en va de sa seule responsabilité.
Suis-je assuré pour une infiltration par toiture ?
Oui.
Tous les contrats multirisques habitation prennent en charge les dégâts des eaux. En revanche, seul le dégât sera pris en charge, et non la toiture elle même. Vous serez donc indemnisés pour :
- Les travaux de peinture (plafonds, murs ou les deux)
- Les joints en cas de décollement
- Eventuellement un remplacement de placo (plus rare mais cela arrive)
- Si les spots encastrés sont touchés, il peuvent être pris en charge
- Etc.
L’isolant n’est que très rarement pris en charge par l’expert. Sachez le.
Ce dernier est en effet « imputrescible ». Il ne nécessite donc pas de remplacement. Le seul cas de figure dans lequel il peut être préconisé de remplacer l’isolant, c’est lorsque ce dernier empêche le support de sécher, et que les travaux sont urgents.
Dans ce cas, l’expert pourra demander un remplacement de la laine minérale pour accélérer le processus d’assèchement, et permettre la réalisation des travaux.
Comment trouver un artisan couvreur ?
Aucun tracas, faites une simple recherche sur internet et vous trouverez forcement le couvreur le plus proche de chez vous. Ces derniers sont notés, sur les pages « Entreprises » des résultats Google par exemple, avec des avis.
C’est fiable, vous pouvez vous y fier.
Si l’artisan se déplace rapidement, c’est un plus. Vérifiez qu’il soit à l’aise sur le toit, regardez son comportement pour vous faire une première idée, puis demandez lui un devis.
Exigez un devis de réparation avec une date d’intervention
Demander au couvreur d’inscrire une date de travaux sur le devis en cas d’acceptation de ce dernier. Ceci, pour éviter de devoir attendre toute une saison en cas de fortes pluies, ou si le couvreur est trop sollicité par ailleurs.
Sachez que les travaux intérieurs de réparation, suite au dégât des eaux, ne seront jamais mis en œuvre tant que l’infiltration par toiture ne sera pas réparée.
C’est une condition essentielle et indispensable pour attaquer les travaux d’embellissements.
Le devis doit être parfaitement détaillé et comporter les mentions ou désignations sous forme de linéaires ou de surfaces. Les devis avec trop de « forfaits » sont douteux, sauf évidemment s’il s’agit du simple remplacement d’une tuile.
Les couvreurs professionnels sont assurés, alors ne cherchez pas à vous tourner vers le « multiservices » du coin, qui lui ne sera pas à même de garantir l’ouvrage. Il est question de votre toiture, pas d’un simple coup de pinceau !
Merci pour vos lectures et bon chantier !
Serge USTUN.