Vous êtes à deux doigts de vous lancer dans l’autoconstruction d’une maison en bois ? Passons au crible ce qu’il vous faut en matière de bois d’ossature !
Il s’agit de choisir les bons montants d’ossatures, la bonne essence de bois et surtout, bien calculer les longueurs !
Je vais aborder les critères les plus courants :
- Sections et dimensions des bois d’ossatures.
- Essence et classe de bois.
- Traitements et taux d’humidité des montants.
- Prix des montants d’ossature en épicéa et en Douglas.
Allons-y !
=> Cet article vient en complément du dossier sur l’autoconstruction de maison bois.
Autoconstruction : Le bois d’ossature
La toute première chose avant de commencer son projet d’autoconstruction d’une maison bois, est de connaître la section de son ossature, l’essence du bois qu’on va utiliser, et évidemment : Son prix.
Pour connaître la section de bois il serait préférable de passer par un bureau d’étude « dans l’idéal ». Or nous savons que ce ne sera pas le cas car des sections courantes s’imposent avec les années.
Les industriels ont très largement développé toute une gamme de différents bois d’ossature, et c’est tant mieux. Reste à définir quelle essence de bois sera idéale, quel traitement doit être apporté et évidemment, la qualité du sciage.
Plusieurs critères sont à retenir :
- Classe du bois d’ossature : Classe dite naturelle et qualité mécanique.
- Taux d’humidité des lames de bois : Pour une construction, ce taux n’est pas le même que pour une menuiserie.
- Essence du bois : Epicéa ou Douglas, les deux essences les plus communes.
- Traitement particulier : Les traitements chimiques apportés au bois pour le rendre plus pérenne.
- Qualité du sciage : Qualité de la coupe en usine.
Enfin, je vous rappelle que les montants d’ossatures vont assurer deux rôles distincts :
- La reprise de descente de charge (si vous ne travaillez pas en mode « poteau-poutres ») => Lire mon article.
- Le voile de contreventement (contrairement à une maison de maçon dont le voile est assuré par les armatures en acier).
Bois d’ossature : Les sections et dimensions courantes
Pour une construction ou une autoconstruction le bois d’ossature est identique. Ce sont les mêmes montants, lisses et autres sections qui s’utilisent chez les fabricants de maisons en kit ou les constructeurs.
Aucune différence, si ce n’est la qualité du matériau qui peut différer selon les fournisseurs : Optez pour des négoces en bois professionnels.
Ces sections se sont lissées au cour des années et vous verrez ressortir des grandes lignes communes à tous les négoces :
- Ossature en 145 ou 220 pour les murs porteurs.
- Ossature en 95 ou 120 pour les cloisons et les refends.
Evidemment, si vos montants d’ossatures sont en 220 par exemple, il va de soi que vos lisses basses et hautes seront de sections identiques. En revanche, vous ne devez pas confondre la section, et la dimension.
Les dimensions d’un bois d’ossature sont un choix stratégique !
En effet, hormis chez les grandes surfaces de bricolage, les bois d’ossature existent généralement en longueurs de 5.20 mètres à 6 mètres. Et il y a une raison à cela !
Si vos murs porteurs règnent à 2.60 mètres (assez courant), vous pouvez débiter 2 montants dans une seule pièce de bois. Et ceci vaut jusqu’à 6 mètres évidemment, pour des murs de 3 mètres de hauteur.
A vous de calculer les dimensions idéales sous sablière pour OPTIMISER le bois.
Quelle essence de bois pour ma construction ?
En France, l’essence de bois la plus courante pour réaliser une autoconstruction est l’épicéa. Ce bois de construction est parfaitement adapté, il est léger et solide.
L’épicéa se transporte facilement (au vu de son poids) et se découpe aisément. Il n’abime pas les outils de coupes.
Je ne vais pas vous faire un long discours sur toutes les essences de bois, car en matière d’autoconstruction vous cherchez une solution viable et pérenne, mais aussi locale.
Sachez que beaucoup de charpentiers utilisent du Douglas pour les ossatures, ce dernier étant naturellement protégé en classe 3. Je vous laisse définir si cela présente un intérêt pour vous si vous construisez en plain pied.
Pour les constructions en R+1 (avec un étage), le Douglas peut présenter un intérêt certain car il résiste à 24 mPa en compression. Cette donnée peut (et doit) vous rester à l’esprit.
En outre, le Douglas est également un choix judicieux pour les bardages bois extérieurs. Vous trouverez les différences de prix entre l’épicéa et le Douglas plus bas dans mon article.
Ici encore, il est question de classes. Pour l’épicéa, la classe la plus courante est le C18, mais vous pouvez également obtenir du C24 qui sera plus homogène et plus stable mécaniquement.
Je le répète, pour du bois de construction en « montants » et « lisses », le C18 convient parfaitement. Cependant, et vous le verrez plus bas, le prix du C24 à considérablement chuté alors inutile de se poser des questions dans ce cas : C24 oblige !
Taux d’humidité des bois d’ossatures
Pour une autoconstruction bois le bois d’ossature doit être parfaitement sec. Evidemment, il n’est pas nécessaire d’obtenir le taux de séchage d’un bois de menuiserie qui lui, doit être inférieur à 10% d’humidité. Nous n’allons pas fabriquer des fenêtres !
Un bois trop humide peut présenter des inconvénients, et même des risques.
Plus le bois est humide, plus il va varier dans sa stabilité dimensionnelle au séchage. Les assemblages ne seront donc pas efficaces, et il peut en résulter le cisaillement de la visserie.
Un bois humide est plus lourd, considérablement plus lourd. Vous le sentez quand vous posez des chevrons sur une toiture, alors que ces derniers ont « dormi dehors ». La manutention et le sciage sont beaucoup plus difficiles.
Enfin, dans les cas les plus extrêmes, un bois trop humide devient la proie des attaques fongicides.
En résumé, vous devez vous rappeler d’une seule chose : 18 % est le taux d’humidité propre à l’usage de construction.
Etat du bois | Usage | Humidité | Utilisable |
---|---|---|---|
Bois propre à l’usage | OSSATURE | 18 % | OUI |
Bois propre à l’usage | CHARPENTE | 15 % à 23 % | OUI |
Bois impropre à l’usage | COFFRAGE | 24 % | NON |
Bois à risque (fongique) | – | > 30 % | NON |
Sections et prix des bois d’ossature courants
Les différentes sections de bois permettent de répondre à différents besoins. Lorsqu’on se lance dans une ossature bois, il n’est pas nécessaire que tous les ouvrages soient de même section.
Par exemple, un solivage sera généralement d’une section supérieure à une ossature, selon la portée à franchir. Un refend ou une cloison ne nécessite pas forcément une section identique à celle des murs porteurs. Cette dernière sera très souvent inférieure.
Enfin, pour ceux qui travaillent en « mix » poteau / poutre, et dans ce cas seulement, il n’est pas rare de voir littéralement des sections « carrées » telles que des 16×16 ou des 20×20 (en centimètres !).
Attention : Section de bois ne signifie pas « dimension » du bois. La section désigne sa hauteur (H) et son épaisseur (E). La dimension est généralement donnée pour sa longueur : Exemple 5.5 mètres.
A retenir : En France, l’épaisseur commune à tous les bois d’ossature est de 45 millimètres.
Epicéa C18 de classe 2 à 18% raboté 4 faces : Source BOIS MAURIS
Section | Longueur | Classe | Prix TTC au mètre |
---|---|---|---|
45×95 mm | 6 m | CL2 | 3.40 € |
45×120 mm | 6 m | CL2 | 4.65 € |
45×145 mm | 6 m | CL2 | 4.80 € |
45×220 mm | 6 m | CL2 | 8.00 € |
Sapin C24 de classe 2 à 18% raboté 4 faces : Source CHAUSSON MATERIAUX
Section | Longueur | Classe | Prix TTC au mètre |
---|---|---|---|
45×95 mm | 5.70 m | CL2 | 3.13 € |
45×120 mm | 6 m | CL2 | 4.50 € |
45×145 mm | 5.70 m | CL2 | 5.14 € |
45×220 mm | 6 m | CL2 | 8.04 € |
Voir la grille tarifaire sur le site de Chausson Matériaux.
Prix des montants d’ossature en Douglas
Douglas C24 de classe 2 à 18% raboté 4 faces : Source CHAUSSON MATERIAUX
Section | Longueur | Classe | Prix TTC au mètre |
---|---|---|---|
45×95 mm | 5.50 m | CL2 | 4.60 € |
45×120 mm | 5.5 m | CL2 | 5.84 € |
45×145 mm | 6 m | CL2 | 6.62 € |
45×220 mm | 6 m | CL2 | 10.73 € |
Attention : Ne pas confondre la « classe naturelle » du Douglas (Classe 3) et la classe de traitement (ici en Classe 2).
Lien vers la grille tarifaire du Douglas chez Chausson Matériaux.
Le bois d’ossature doit être traité pour une construction
Encore une fois, et ceci est valable pour une construction, autoconstruction ou même une simple charpente : Le bois doit être traité !
Ce passage est incontournable si vous souhaitez vivre dans votre maison plus de 10 ans. Les ennemis du bois sont nombreux, et ils ne font pas de cadeaux.
Il existe plusieurs types de traitements et plusieurs modes d’applications.
Le plus courant est le traitement autoclave, c’est le plus efficace mais il concerne les bois non protégés : Bancs, poteaux extérieurs de clôtures, caillebotis etc.
En autoconstruction, le bois d’ossature doit être traité au minimum en classe 2 jaune ! C’est le traitement le plus courant qui vous sera proposé par les négoces.
En ce qui concerne la lisse basse, cette dernière devra obligatoirement être de classe 3.
Lire mon article sur la lisse basse.
Importance du rabot et du chanfrein dans les bois d’ossatures
Pour conclure, je reviens sur la nécessité d’avoir des bois rabotés 4 faces et chanfreinés.
Il y a plusieurs raisons à cela.
Les bois rabotés sont identiques « cote pou cote ». En d’autres termes, vous ne risquez pas d’avoir des bois de 1 à 3 millimètres d’épaisseur ou de hauteur différente. C’est le cas pour les bois de charpentes comme les pannes en massif, et les chevrons.
Dans ce cas, il n’est pas nécessaire d’avoir des bois parfaitement rabotés, cela n’a aucune utilité pour la charpente.
En revanche, en ce qui nous concerne, le « gabarit » strict des bois d’ossature est ESSENTIEL !
Pour les chanfreins (comme pour le rabot d’ailleurs), ces derniers seront utiles pour ne pas se prendre des échardes à longueur de journée d’une part, mais également pour éviter de déchirer le pare pluie ou le pare vapeur quand il est posé à même l’ossature.
Merci pour vos lectures et bon chantier !
Serge USTUN.