Le bardage bois aléatoire n’est pas une figure de style, ou plutôt si. C’est une technique à part entière des différents types de bardage bois extérieurs ou intérieurs.
Ce type de bardage extérieur avec des lames de différentes largeurs et des jonctions irrégulières est en effet un style architectural spécifique. Il est régulièrement assimilé avec le bardage bois rythmé.
Nous allons éplucher cette technique ensemble.
Cet article vient en complément du dossier sur bardage bois extérieur.
Le bardage bois aléatoire
Cette approche est souvent appelée bardage « aléatoire » ou « rythmé ». Cependant ce sont là deux méthodes différentes mais cependant très proches l’une de l’autre. Ce style présente plusieurs caractéristiques et avantages :
1. Esthétique unique : Il crée un aspect plus naturel et organique, s’éloignant de l’apparence régulière et industrielle des bardages traditionnels.
2. Personnalisation : Permet une grande liberté créative dans la conception de la façade.
3. Aspect pratique :
- Permet d’utiliser des chutes de bois de différentes tailles, donc peu de pertes.
- Facilite les réparations car les lames ne doivent pas nécessairement être identiques.
Ci-dessus : Exemple de pose d’un bardage bois aléatoire extérieur et couvert. Crédit photo : S.USTUN.
4. Durabilité : Les jonctions irrégulières peuvent parfois mieux gérer les mouvements naturels du bois liés aux variations de température et d’humidité.
Ce style est particulièrement apprécié dans :
- L’architecture contemporaine et/ou rustique.
- Les projets écologiques ou la recherche de matériaux biosourcés est importante.
- Les constructions cherchant à s’intégrer dans un environnement naturel, simple et minimaliste.
Il est important de noter que malgré son apparence « aléatoire », ce type de bardage nécessite un calepinage rigoureux pour :
- Assurer une bonne cohésion de l’ensemble sans chercher nécessairement l’étanchéité.
- Maintenir une esthétique équilibrée malgré l’irrégularité (il est question d’harmonie).
- Respecter les normes de construction en vigueur à minima.
Le bardage bois aléatoire et le bardage rythmé, ce sont deux styles de bardage utilisés principalement dans le revêtement de façades. Cependant, il n’est pas rare de le retrouver dans des cafés et restaurants, en bardage intérieur.
Bardage bois aléatoire en claire-voie
Comme son nom l’indique, il s’agit d’une disposition des lames de bardage selon un schéma apparemment irrégulier. Les matériaux (comme le bois, le métal ou les matériaux composites) peuvent varier en largeur, longueur, ou même en couleur, et sont fixés de manière non répétitive.
La pose à claire-voie impose de fait des joints creux assez larges et également irréguliers.
Ci-dessus : Détail des lames de bardages aléatoires. Crédit photo : S.USTUN.
Cela donne un effet visuel dynamique et moderne, souvent recherché pour son originalité. Ce type de bardage permet aussi de casser l’uniformité et peut créer une esthétique plus organique ou artistique sur la façade.
Ici, le bois est réellement brut de sciage, l’ajourage en claire-voie est lui aussi aléatoire, aucun joint ne se suit. Cela donne un effet à la fois moderne et rustique selon l’architecture du bâtiment.
Le bardage bois rythmé
Contrairement au bardage aléatoire, le bardage rythmé suit une organisation régulière ou répétitive des lames. Cela peut impliquer une alternance systématique de tailles ou de couleurs, créant un effet visuel structuré et harmonieux.
Le rythme dans ce type de bardage se « calepine ». On peut le varier pour mettre en valeur une géométrie ou une architecture plus classique. Ce type de bardage donne une impression d’ordre et de symétrie.
Crédit photo : GROUAZEL.
En résumé, le bardage aléatoire joue sur la créativité et l’imprévisibilité, tandis que le bardage rythmé met l’accent sur la répétition et la régularité (exemple avec un rythme de 2 lames fines, puis une lame large, etc.).
Cela dépend donc du type d’effet esthétique que l’on cherche à obtenir.
Le bardage, qu’il soit aléatoire ou rythmé, tire ses origines principalement des méthodes traditionnelles de revêtement des bâtiments, mais son évolution et ses variantes modernes sont de plus en plus harmonieuses et cadencées.
Bardage et étanchéité
Le bardage, qu’il soit en bois, métal, composite, ou autre, n’est pas l’élément principal qui assure l’étanchéité d’un bâtiment.
En réalité, on le considère plutôt comme une couche extérieure de protection et d’esthétique, qui recouvre un système d’étanchéité sous-jacent. C’est la sous-couche étanche (membranes, pare-pluie, etc.) qui fait office de véritable barrière contre les infiltrations d’eau.
Ceci est d’autant plus valable sur un bardage à claire-voie !
Le bardage fonctionne donc comme une première ligne de défense contre les intempéries (pluie, vent). Il faut le poser de manière à laisser l’eau s’écouler sans pénétrer dans les murs.
Contrairement au clin, dont la plupart des modèles sont à emboitement (rainure-languette), ici les lames laissent apparaître un joint creux très large. Il est évident que sans pare pluie, vous risquez de considérablement impacter vos ossatures.
Exemples notables
Le bardage aléatoire se retrouve dans les projets urbains modernes, les musées ou les maisons d’architectes qui souhaitent rompre avec l’uniformité et la monotonie des façades standards.
Un bardage rythmé, quant à lui, s’utilise dans des constructions plus institutionnelles ou résidentielles pour donner du rythme à l’architecture tout en restant simple.
Ci-dessus : Très belle réalisation en bardage aléatoire, abouté et ajouré. Essence de bois : Châtaigner. Réalisation : GROUAZEL. Pose : Mureko et André BTP .
Ces styles se retrouvent de plus en plus dans l’architecture contemporaine en rendant les bâtiments plus expressifs, que ce soit par une approche créative et libre (aléatoire) ou méthodique et structurée (rythmé).
Défauts potentiels et solutions
Ci-dessus : Gros plan sur la technique de pose « faussement » aléatoire du bardage. Crédit photo : S.USTUN.
Mauvaise ventilation ou absence de lame d’air :
Vrai pour le clin, faux pour le claire-voie !
Si un espace de ventilation (lame d’air) n’est pas prévu entre le bardage et le mur (ou l’isolant), de l’humidité peut s’accumuler derrière les panneaux, ce qui peut entraîner des problèmes de condensation et de moisissure.
Les systèmes de bardage bien conçus incluent toujours cette lame d’air pour permettre une bonne circulation et éviter l’humidité stagnante.
Pour le bardage aléatoire, cette règle est moins importante car ce dernier est très souvent ajouré. Chaque cas doit donc être étudié individuellement.
Pour éviter tout souci, la lame d’air reste une règle efficace.
Pose incorrecte :
Si les lames du bardage sont mal ajustées, mal fixées, ou si des ouvertures sont laissées sans protections adéquates (comme autour des fenêtres, des angles), l’eau peut s’infiltrer.
Pour les bardages aléatoires, où les largeurs et longueurs des lames varient, une attention particulière doit être portée au voile étanche qui se fixe avant les lames. C’est ce dernier qui assurera l’étanchéité.
En revanche, il faut soigner les tableaux de menuiseries et si possible, utiliser les bons profilés (ou les débiter correctement). C’est également valable pour les retombées sous acrotères.
Lire mon article sur l’utilisation des larmiers, paragraphe « menuiseries ».
Utilisation de matériaux non adaptés :
Certains matériaux de bardage, comme le bois, nécessitent des traitements spécifiques pour résister aux intempéries.
Si ces traitements ne sont pas appliqués correctement ou si des matériaux inadaptés sont utilisés dans des environnements humides, des déformations et des infiltrations peuvent survenir.
Systèmes spécifiques pour renforcer l’étanchéité
Pare-pluie:
Un pare-pluie est toujours installé derrière le bardage, qu’il soit aléatoire ou rythmé. Il s’agit d’une membrane respirante qui empêche l’eau d’entrer tout en permettant à l’humidité intérieure de s’échapper. Voir aussi : Delta FOL, Delta VENT, etc.
Écrans d’étanchéité :
Dans certains cas, des écrans pare-vapeur sont ajoutés pour protéger contre les remontées d’humidité et assurer une barrière plus solide.
Fixations et traitement des joints :
Utiliser des fixations adaptées (inoxydables, résistantes à la corrosion) et assurer un traitement correct des joints et des points de jonction (angles, bords de fenêtres) est essentiel pour éviter les infiltrations.
Entretien du bardage bois
Même si le bardage est bien installé, il peut nécessiter un entretien régulier pour assurer sa durabilité et éviter des problèmes d’étanchéité à long terme. Dans mon exemple en photo, une large couverture de type « auvent » protège le bardage de la pluie et des UV.
Ce n’est pas suffisant !
En effet, même protégé, le bois doit être traité régulièrement, et les fixations doivent être vérifiées pour s’assurer qu’elles ne se corrodent pas avec le temps. Il est également possible d’utiliser une visserie inoxydable ou des « clous calotins » comme sur mes différentes photos ci-dessus.
En outre, et cela demeure une constante dans presque tous les cas de figures, un bois non traité « grise » et finit par noircir.
- Je vous invite à lire mon article sur l’entretien des bois extérieurs.
- Consulter mon dossier sur le noircissement du bois de bardage.
Origines traditionnelles du bardage aléatoire
Le bardage, en général, remonte à des siècles en arrière et est issu des méthodes de protection des structures contre les intempéries, notamment en zones rurales et côtières.
Il était utilisé sur des bâtiments en bois dans des régions comme la Scandinavie, le Canada, et les pays du Nord en « général », où le bois et les matériaux naturels étaient disponibles en abondance.
Le bardage aléatoire quant à lui semble plutôt trouver son origine dans les constructions bois américaines, dans l’esprit des grande « fermes » bardées à la hâte.
L’idée primitive était certainement le « réemprunt » de toutes les ressources disponibles. Le fait de réaliser un « panachage » des lames permettaient donc de réaliser de belles économies.
Ces bardages étaient souvent fonctionnels, mais au fil du temps, l’aspect esthétique a pris de l’importance pour devenir le « style » dont je traite dans cet article.
Évolution et influence moderne
Avec l’évolution des techniques de construction et l’émergence de nouveaux matériaux (acier, aluminium, composite), le bardage s’est peu à peu détaché de son simple rôle protecteur pour devenir un élément architectural à part entière.
Ci-dessus : Superbe réalisation de l’Architecte Julien TAUB – Architecte DPLG.
Des mouvements comme le modernisme au 20ᵉ siècle ont fortement influencé l’apparition de nouvelles formes de bardages. Les architectes recherchaient des façons de redéfinir les volumes et les surfaces, souvent en intégrant des matériaux industriels et des designs géométriques.
Le bardage rythmé et aléatoire sont apparus dans ce contexte où les architectes jouaient avec les formes et les textures pour créer de la diversité et du mouvement visuel sur les façades.
Cet exemple ci-dessus, avec le travail exceptionnel de Julien TAUB, montre à quel point on peut « jouer » avec le matériau.
Dans les décennies récentes, le bardage aléatoire et le bardage rythmé sont devenus populaires grâce à des courants tels que l’architecture durable et le design minimaliste.
On utilise le bardage bois aléatoire pour donner une touche plus naturelle, ou au contraire, pour accentuer un côté artistique et dynamique dans des projets urbains modernes. Quant au bardage rythmé, on l’associe souvent à des bâtiments contemporains qui recherchent une esthétique ordonnée mais originale.
L’utilisation de ces deux styles dans les constructions écologiques permet aussi d’explorer des formes variées tout en respectant des contraintes environnementales.
Conclusion
Le bardage bois aléatoire ou rythmé peut présenter des défauts d’étanchéité si l’installation ou les matériaux ne sont pas qualitatifs.
Cependant, avec un bon système d’étanchéité (pare-pluie, membranes) et une pose rigoureuse, ces styles peuvent être tout à fait sûrs pour l’extérieur.
La grande diversité des bois permet de réaliser à peu près n’importe quel rendu final, c’est un procédé naturellement « riche ». Celles et ceux qui souhaitent une façade « vivante » seront comblés par ce procédé.
Merci pour vos lectures et bon chantier !
Serge USTUN.