Ces produits techno qui ont totalement, ou partiellement révolutionné le monde du bâtiment sont discrets, mais terriblement efficaces. Ont-ils changé notre rapport à l’ouvrage ? Quels sont-ils ? Et que nous réserve l’avenir ?
On fait le tour du TOP 6 des produits technologiques qui révolutionnent le bâtiment, et qui vont probablement soulager nos métiers de taches parfois pénibles.
Le bâtiment est souvent synonyme de méthodes ancestrales, accompagnées d’outils dont les origines sont elles aussi très anciennes. Le fil à plomb, les niveaux à bulles, les scies égoïnes, les truelles ou encore les marteaux.
La tendance est cependant bousculée, en permanence, par l’apparition régulière de nouveaux outils, produits technologiques ou non, qui sans cesse nous facilitent la tache.
Imaginez un instant, la révolution qu’a pu engendrer l’apparition des perceuses et visseuses, au regard de nos anciennes « chignoles ».
Ces dernières années, un certain nombre d’outils sont venus, eux aussi, bousculer notre univers.
L’exosquelette FESTOOL
L’exosquelette FESTOOL, dernière grosse innovation en date dans le milieu du bâtiment, semble « prendre » et accrocher les professionnels.
Il a légitimement sa place dans cet article car, et je ne suis pas le seul à le prétendre, il est en train d’apporter une nouvelle révolution aux intervenants du bâtiment.
L’exosquelette n’est pas un outil à proprement parler. Il ne vise pas à transformer l’ouvrage, mais à soulager, et aider celui qui le porte.
En d’autres termes, l’exosquelette va au delà d’une simple avancée technologique tel que le passage du filaire aux batteries pour l’électroportatif. L’exosquelette de Festool va radicalement changer la notion de pénibilité dans le monde du bâtiment.
Utilité :
- Soulagement des efforts pour le levage de matériaux lourds (plaques de plâtre)
- Aide au maintien pour les actes répétitifs (gestes du jointeur)
- Usage préventif dans les pathologies musculaires sur le long terme
Lire mon article sur l’exosquelette ici
La scie sabre
Longtemps réservée au marché américain, il aura fallu une bonne décennie avant que la scie sabre n’intègre les caisses à outils des artisans en France. Cet outil est révolutionnaire.
Certes, il est aujourd’hui répandu et commun. Mais imaginez vous, un instant, que lorsque j’ai commencé dans le bâtiment, on sciait nos cuivres et nos tasseaux avec des lames ou des scies à guichet, à quatre pattes sous les plans de travail !
C’était usant, dangereux, et terriblement chronophage.
Crédit photo : DeWalt / Visiter le site
Quand la scie sabre est enfin arrivée sur le marché Français, ce fut un carton plein ! La scie sabre à véritablement apporté un confort de travail et surtout une rapidité de mise en œuvre. Elle ne se destine pas à réaliser de belles coupes, mais simplement à se débarrasser des matériaux qui font barrage.
Les lames de scies sabres modernes permettent de couper absolument tout et n’importe quoi. Les menuisiers poseurs en rénovation ne peuvent plus s’en passer. Elle débite les dormants mais également les clous ou vis en acier par la même occasion.
Utilité :
- Débiter les bois pour le remplacement de menuiseries en pose « rénovation »
- Couper des tubes, cuivres, dans les endroits peu accessibles (sous plan de travail, derrière le tablier d’une baignoire)
- Débiter des tasseaux ou des chevrons en rénovation ou en après sinistre
La scie sabre doit impérativement être dans tous les véhicules des artisans, quels que soient leur corps de métier.
Je pourrai également la jumeler avec sa petite sœur la multifonction oscillante.
Toute aussi révolutionnaire, la multifonction « ressemble » à la scie sabre dans l’usage, pas dans le fonctionnement. La scie sabre c’est un mouvement de va-et-vient alors que la multifonction fonctionne en oscillation.
Comme pour la scie sabre, la multifonction est venue très tardivement en France. Ces deux outils semblent avoir un destin lié. Les plus anciens se souviennent de la « Fen ».
Le niveau laser
Longtemps réservé aux professionnels ayant une bonne trésorerie, le niveau laser est factuellement une révolution dans le bâtiment. Essentiellement depuis l’apparition des niveaux laser avec un affichage 4 points (ou axes), aplomb et niveau.
Ce dernier a épargné aux plaquistes, et plus largement aux autres artisans, des journées complètes de temps de mise en œuvre.
Encore une fois, ce n’est pas si « vieux » que cela. Mes premières maisons, je les réalisais au niveau à bulle. Un coup de niveau sur chaque ouvrage, chaque montant, chaque dormant !
Des heures et des heures de vérification du niveau et de l’aplomb.
Aujourd’hui, pour 250 euros, tout le monde peut (et doit) s’équiper d’un niveau laser. Vous le posez, vous l’allumez, et vous travaillez !
J’imagine à peine les centaines de milliers d’heures que ce produit technologique a permis d’économiser à nos amis artisans.
Utilité :
- Agencement, menuiseries (mobilier)
- Ossatures métalliques pour la pose du placo
- Réglage des fourrures et suspentes pour les faux plafonds en BA13
- Pose des dormants de blocs portes
- Etc.
La « girafe »
Qui ne connait pas la girafe ? Quel plaquiste ou jointeur placo ne dispose pas d’une girafe dans son véhicule ?
La ponceuse à bras, de son vrai nom, est un tournant dans l’univers des plaquistes.
Incontournable, la ponceuse excentrique surnommée « girafe » est omniprésente sur les chantiers. Elle révolutionne totalement le monde des plaquistes depuis deux décennies et continue son petit bout de chemin : Elle est irremplaçable !
Crédit photo Festool : Visiter le site
Utilité :
- Ponçage de joints de placo avant mise en peinture
- Ponçage des ouvrages enduits au plâtre (hors joints de placo)
- Surfaçage (pour casser le grain ou les surcotes)
Le Lidar
Trop peu utilisé, ou trop marginal, le Lidar est bel et bien une révolution dans le monde du bâtiment. Il existe, il est fiable et il progresse lentement, mais sûrement, dans le petit cercle des architectes d’intérieurs et des maîtres d’œuvres.
Crédit photo : Imapper / Visiter leur site
Utilité :
- Modéliser une pièce (ou plusieurs pièces) en 3D
- Prendre des cotes, réaliser des métrés (architectes d’intérieurs, cuisinistes, menuisiers agenceurs)
- Créer une visite virtuelle ou implanter des ouvrages dans un environnement proche
De plus en plus de fabricants proposent des outils de modélisation de pièce en 3D, technologie basée sur le Lidar.
D’ailleurs, certains professionnels du bâtiment équipés d’un Iphone ou d’un Ipad l’utilisent déjà, couplé avec des applications telles que Polycam.
Une certaine marginalité règne encore pour ce type de produits. Cependant, les applications s’améliorent et les fabricants développent de nouvelles fonctions et améliorent l’ergonomie, rendant le tout plus « abordable ».
J’imagine que ce type d’outils de mesures et de modélisation va exploser sur le marché sous deux ans.
Les drones : Pour les inspections de toitures
Les drones sont devenus incontournables dans de nombreux domaines du bâtiment. Les inspections techniques d’ouvrages en hauteur se font aujourd’hui exclusivement en drone.
Crédit photo : Serge USTUN / Monbatiment.fr
Les experts, les bureaux d’études, les bureaux de contrôles utilisent les drones chaque jour.
Utilité :
- Inspections de toitures en drone
- Inspections des tabliers et des structures de ponts routiers
- Reconnaissance suite à un sinistre
- Suivi de chantiers et présentations
- Métrage et réalisation de plans
- Aide aux géomètres
J’utilise personnellement mon drone dans presque toutes mes reconnaissances et inspections de toitures. C’est devenu un outil indispensable. Le drone, au même titre que l’exosquelette Festool, n’est pas factuellement un outil mais une aide à l’activité des gens du bâtiment.
J’envisage également d’inclure le maniement des drones, comme module à part entière, dans ma formation métreur.
Lire mon article sur les avantages du métrage en drone
Dans les tuyaux des fabricants :
Que nous réserve l’avenir de l’outillage dans le bâtiment ? Quelles sont les technologies en cours de développement ?
Les chapes :
J’ai récemment vu passer une vidéo, sur un outil pour réaliser les chapes de ravoirages. La vidéo est certes très intéressante, mais je ne vois pas l’intérêt pour les artisans, du moins sur de petites surfaces. Nous savons tous que réaliser une chape de ravoirage, à la pompe ou à la main, n’est pas un élément directeur de nos activités.
Ce sera sans doute un produit à surveiller pour le tertiaire.
Les grues pour la construction de maison en autonomie :
J’avais déjà rédigé un article sur le sujet ainsi qu’une vidéo. Les « machines-outils » telles que les grues autonomes qui permettent de construire une maison font systématiquement le buzz, mais force est de constater que ça ne prend pas. Or, cela fait déjà 25 ans que le sujet est évoqué.
Je doute fort que ces appareillages, qui certes existent déjà, ne soient « démocratisés » sur cette décennie. Trop lourds, trop coûteux, s’ils devaient prendre des parts de marché, ce serait essentiellement au niveau industriel.
Les appareils de lissage / mural / plâtre :
Comme pour l’outil à chapes, ce type d’appareil existe. Il a ce mérite. En revanche, l’utilité d’aller lisser un mur au plâtre avec ce type d’outillage est, pour le moment, non pertinent. S’il devait se miniaturiser et se rendre plus accessible, la question serait tout autre.
Aujourd’hui, ces « robots » lisseurs ou aplanisseurs, sont hors de propos.
En revanche, comme pour les aspirateurs ou tondeuses autonomes, dans un futur assez proche (une dizaine d’année), il se pourrait que la question devienne pertinente.
Vous posez le robot le soir dans une pièce, vous revenez le lendemain et la pièce est totalement ratissée. Pourquoi pas.
En conclusion
A vrai dire, il semblerait que nous ayons atteint une forme de plafond de verre. Les outils semblent ne plus pouvoir véritablement évoluer hormis en terme d’ergonomie.
Il y a donc fort à parier que l’ensemble des outillages à main, électroportatifs, vont gagner en dimensions et en puissance. On voit d’ailleurs apparaître de plus en plus d’outils en 36 volts.
Le filaire va très certainement disparaître, sauf pour les machines nécessitant un fort voltage.
En attendant les imprimantes 3D, qui potentiellement permettront de créer des « pièces » manquantes sur nos chantiers, la recherche et le développement vont plutôt se tourner vers les applications (smartphones et tablettes) et la quincaillerie.
Les efforts semblent se positionner sur la capacité de forage (visserie) ou de maintien (époxy, fibres de carbone). Le collage devient également assez courant pour remplacer le clouage.
Je rédigerai sous peu un article dédié à l’évolution de l’ensemble de la « fixation » du bâtiment.
Merci pour vos lectures et bon chantier !
Serge USTUN.