Parmi les métiers à très forte valeur ajoutée, certains sont peu connus et pourtant très porteurs. Le métier d’étancheur est de ceux là !
A la fois très exigeant et très physique, les étancheur (ou étanchéistes) sont des perles rares que s’arrachent les entreprises, quand ils ne sont pas déjà à leur compte.
Focus sur ce métier qui promet encore un bel avenir dans le bâtiment, aux gens qui s’y sont formés.
Avant propos
Toutes les fiches métiers précisent que l’étancheur embrasse un grand nombre d’activités dans le bâtiment et pas uniquement l’étanchéité au sens où on l’entend : Chalumeau et bitume !
Et c’est vrai. Toutes ces définitions du métier d’étancheur son justes.
En revanche, dans les faits, lorsqu’on évoque les métiers de l’étanchéité la première chose qui nous vient à l’esprit demeure les chantiers d’étanchéité de type bardeau bitumé et chalumeau.
Fort heureusement d’ailleurs, car c’est bien dans ce domaine qu’il est possible de se spécialiser et de tirer son épingle du jeu. Dans cet article, je survolerai simplement les différentes prérogatives de l’étancheur pour me concentrer sur deux domaines :
- Etanchéité des toitures terrasses, balcons, etc.
- Etanchéité des structures soumises à l’enfouissement partiel ou total.
Deux métiers extrêmement porteurs, en forte et constante croissance.
Fiche métier : Étancheur (ou étanchéiste)
Niveau d’accès : CAP / BEP ou expérience de terrain
Principales difficultés : Métier physique et régulièrement sur des chantiers en hauteur.
- Fiche métier sur le site France Travail.
- Description du métier sur le site du CIDJ.
Le métier d’étancheur dépend évidement des conventions collectives du BTP. Vous êtes généralement autonomes même si le travail en équipes est très présent (étancheurs, isolateurs, manutentionnaires etc.)
Autrement dit, vous ne serez jamais seul sur une toiture, vous devez aimer le travail avec de multiples intervenants et collaborateurs sur un même chantier.
Etancheur est un métier qui reste extrêmement physique, tant par la nécessité de manutention des membranes bitumineuses (très lourdes) que par les conditions de travail sur chantier. Votre environnement est souvent en hauteur, il faut aimer ce type de travail.
Le fait de manipuler des sous couches goudronnées et le chalumeau peut ne pas plaire à tout le monde. Enfin, et cela paraît évident, les chantiers sont dans leur grande majorité en extérieur.
Les formations pour devenir étancheur
Il existe de nombreuses formations pour devenir étancheur / étanchéiste. On songe immédiatement aux organismes de formations les plus connus comme l’AFPA ou le GRETA.
Ci-dessus : La formation au métier d’étancheur proposée par l’AFPA / Lien vers leur page web.
Cependant, et je le rappelle une fois encore, il est tout à fait possible de se former directement sur le terrain. Etancheur est un métier éminemment manuel et une bonne expérience de terrain vaudra tous les diplômes.
L’étancheur en formation pourra également obtenir des certifications utiles à son métier :
- CACES R389 : Formation chariot élévateur.
- CACES R489
- CACES R457 (échafaudages roulants)
- Etc.
Pour la formation initiale conventionnelle, comme pour tous les métiers du bâtiment, le CAP ou le BEP se déroulent en alternance. Présence en entreprise et formation théorique en CFA, nous connaissons le process.
Pour les formations hors schéma initial, l’AFPA propose une formation au métier d’étancheur qui se déroule en 4 mois (560 heures). Cette formation est évidemment éligible au CPF.
Cette dernière vous donnera le titre de niveau 3 équivalent à un CAP/BEP.
Principaux éléments abordés :
- Equipements de sécurité (montage et démontage)
- Préparation des supports
- Soudure au propane (chalumeau)
- Zinguerie, évacuation des eaux pluviales, joints etc.
- Pose des membranes bitumineuses.
Les types de chantiers
Les chantiers les plus courants sont évidemment ceux qui concernent les étanchéités de toitures terrasses (ETT). C’est le cœur incontournable du métier d’étancheur.
- Etanchéité à chaud (avec le chalumeau)
- Etanchéité à froid (réparation des solins, reprises d’étanchéités, etc.)
- Toitures terrasses isolées et non isolées (comme les balcons par exemple)
- Travail OFFSHORE
Lire mon article sur l’étanchéité des toitures terrasses.
En d’autres termes, à de rares exceptions près, vous serez en permanence sur les toitures ! Vous l’avez remarqué, ma photo de couverture évoque un étancheur qui travaille dans un parking sous terrain. C’est une des particularités à venir dans les process d’étanchéité.
En l’occurrence, j’ai pris cette photo sur un chantier en Allemagne, où les règles de mises en œuvre dépassent très largement le cadre des toitures terrasses.
Vous devez être à l’aise avec :
- Les chantiers en hauteur ou en sous terrain.
- Le montage et le démontage des échafaudages.
- L’utilisation de nacelles ou de chargeurs (manuscopiques).
- La soudure au chalumeau.
Étancheur : le volume d’emplois
Le volume d’emplois est important pour les étancheurs mais il est fortement saccadé. Autrement dit, il souffre d’un phénomène de « dent de scie » qui affecte particulièrement les étancheurs les moins polyvalents.
C’est un véritable constat que vous devez savoir avant de vous investir dans une quelconque formation. Le taux d’embauche en CDI est donc lourdement affaibli par un fort taux d’intérim.
- CDI : 26 %
- INTERIM : 68 %
- Le restant étant les CDD, les stages, les formations, les alternances etc.
Attention, cela ne dit pas que les chantiers sont moins nombreux, mais qu’il subissent de fortes fluctuations en terme de mise en œuvre. Les intempéries sont évidemment en cause mais pas seulement. La baisse des contrats publics sur les logements collectifs de ces dernières années est également en cause dans ce phénomène.
En revanche, un étancheur qui sait se diversifier sera un véritable atout pour toute entreprise d’étanchéité. Dans ce cas, et du fait de sa capacité à être polyvalent, ce dernier n’aura aucun problème pour décrocher un CDI.
En première lecture, un constat s’impose clairement : Très peu de CDD dans ce métier.
Enfin, si vous êtes réellement compétent et motivé, l’entrepreneuriat est une bonne option à envisager.
Salaire d’un étancheur / étanchéiste
Les barèmes officiels sont assez peu alléchants : de 1750 à 2050 euros BRUT mensuel (source : France Travail 2024).
Dans cette optique, je vous le concède, le salaire d’un étancheur est peu engageant. Mais la réalité est tout autre. Un étancheur qualifié sera rarement sous la barre des 2200 euros NET mensuel s’il est compétent.
A cela, vous devez ajouter les nombreuses conditions particulières inhérentes aux entreprises du BTP :
- Primes de panier.
- Déplacements.
- Heures supplémentaires (très récurrentes dans ce métier).
- Primes diverses.
Si vous êtes un bon étancheur, polyvalent et autonome, vous serez rapidement en position de monter en responsabilité avec des postes de chef de chantier ou chef d’équipe, dont les salaires seront évidemment plus importants.
Métier d’étancheur & entreprenariat
La première chose qui vient rapidement à l’esprit lorsqu’on évoque le métier d’étancheur est l’entrepreneuriat. Autrement dit : Se mettre à son compte comme étancheur !
Encore une fois, c’est une excellente initiative.
Créer son entreprise dans les métiers de l’étanchéité est une ambition sûre et pérenne.
Attention, vous ne pourrez pas démarrer avec un simple chalumeau et une bouteille de propane. Il faudra prévoir un bon véhicule utilitaire, si possible un plateau, ainsi que tout l’outillage nécessaire pour mener à bien un chantier.
Dans l’idéal, vous devrez vous faire accompagner par un fournisseur solide et réactif.
La nécessité d’avoir du matériel de levage et de nombreux éléments de sécurité peut également être un frein. Cependant, il existe de nombreuses solutions de location, et l’investissement initial peut rester contenu.
Tout ça se prévoit et tout se budgétise !
Dans le cadre de la création d’entreprise, vous devrez également endosser le costume du métreur et du deviseur. Savoir rédiger un devis fait partie intégrante du métier. Sans devis, vous n’aurez pas de chantiers !
Enfin, le plus gros frein à l’exercice, si vous débutez, sera d’obtenir une décennale étanchéité. Je vous rappelle que la décennale est obligatoire pour toute entreprise du bâtiment, y compris pour les auto-entrepreneurs (LOI SPINETTA).
Si vous avez une solide expérience, avec les fiches de paies à l’appui, vous trouverez plus facilement un partenaire pour vous assurer. Le CAP/BEP n’est pas la seule condition d’obtention de la garantie, l’expérience joue un rôle très important.
Lire mon article sur la décennale étancheur / étanchéité.
Conclusion
Le métier d’étancheur est un métier qui ne risque pas de s’essouffler et ce sur de longues années. La raison est simple : Il n’existe actuellement aucune autre solution pour mettre les bâtiments (de types toitures terrasses) hors d’eau.
Qui dit « hors d’eau » dit nécessairement « étanchéité ». C’est un incontournable du bâtiment.
En d’autres termes, un bon étancheur trouvera toujours un emploi à sa mesure, en salariat ou en entreprise individuelle s’il souhaite devenir indépendant.
Merci pour vos lectures et bon chantier !
Serge USTUN.