Les fissures au plafond sont disgracieuses au mieux, et inquiétantes dans les cas les plus extrêmes. Je vous apporte mon expertise basée sur des centaines de cas que j’ai rencontré sur le terrain.
Parfois, les causes sont subtiles et insoupçonnées. Que le plafond soit en placo, en plâtre ou sous dalle, les fissures sont symptomatiques de causes réelles qu’il faut parfois prendre au sérieux.
Je vous propose une analyse et des solutions claires qui peuvent être apportées en prévention ou en réparation.
Pathologie : Les fissures au plafond
Il n’est jamais agréable de constater des fissures au plafond. Les causes sont multiples et ne sont pas nécessairement toujours évidentes.
Or, même pour les plus discrètes d’entre elles la conséquence est sans appel : Reprendre l’ensemble du plafond, du moins en embellissement.
Ci-dessus : Fissuration rectiligne au droit d’une plaque de plâtre à l’angle d’un plafond récent. La cause est un léger mouvement de la panne en bois extérieur de la véranda ayant gonflé suite à une voie d’eau. Crédit photo : S.USTUN / Google Pixel 9 Pro.
Parmi les causes courantes nous pouvons évoquer :
- Démolition de cloison, rénovation lourde.
- Aménagement de combles, ajout de poids sur les structures.
- Contrariétés dans le bâti.
- Dégât des eaux, infiltrations.
- Fléchissement d’une poutre ou d’un plancher haut.
- Vétusté des plafonds anciens.
Il existe de nombreuses causes à cette pathologie et nous allons toutes les examiner ensemble. Rassurez vous, bien souvent ces dégâts sont minimes et ne sont pas de véritables signes d’alerte. En revanche, un plafond fissuré implique « de facto » une réparation des fissures, et malheureusement, la remise en peinture complète de l’ensemble du plafond !
Fissures sur plafond plâtre
- Vieillissement du bois.
- Mouvement de structure.
Ci-dessus : Une belle fissure sur plafond plâtre dont l’origine est la vétusté du support en lattis revêtu en plâtre traditionnel. Crédit photo S.USTUN.
Les plafonds anciens entièrement enduits au plâtre sont les plus susceptibles de fissurer. Ce sont généralement les plafonds enduits sur un voligeage bois ou sur un lattis.
A la complexité de mise en œuvre, ce sont bien souvent également les plafonds les plus « hauts », ce qui ajoute à la difficulté de reprise.
Lorsque ces derniers sont ouvragés (en STAFF par exemple) ou habillés par des moulures ou corniches en bois, le travail de réparation peut rapidement devenir un chantier de taille.
Plus les plafonds sont anciens, plus ces derniers sont susceptibles d’être de véritables plafonds au plâtre : fissuration garantie.
Dans ces cas, c’est généralement la vétusté du bâtiment qui est en cause, et dans une évidente proportion les dégâts des eaux.
Ce cas de figure concerne plus fréquemment les plafonds « plats » que les voûtes ou les voûtains. Ces derniers sont structurellement plus solides et généralement maçonnés.
Lire mon article sur le STAFF.
Fissures plafond placo
- Poids ajouté : L’isolant en cause.
- Déformation des bois de charpente ou de la fermette.
- Infiltration par toiture.
Ci-dessus : Belle fissure sur un plafond placo. Cette dernière est caractéristique car elle détoure clairement la bande à joint. Dans ce cas, il faut reprendre totalement la bande papier (en la purgeant et en ajoutant une nouvelle bande) puis enduire. Le plafond devra être entièrement remis en peinture. Crédit photo : S.USTUN.
Les plafonds « placo », autrement dit en « plaques de plâtre » sont également susceptibles de présenter des fissures. Même si le procédé est dorénavant plus que courant et particulièrement fiable, il n’est pas rare de voir (même dans le neuf) l’apparition de fissures au plafond.
Analysons les causes possibles :
Poids ajouté : L’isolant en cause
Une des causes récurrentes sur la pathologie liée aux fissures sur plafond réside dans l’ajout de poids par le biais d’une isolation complémentaire en combles perdus.
La grande vague de l’isolation par insufflation a généré une toute aussi grande vague de fissures.
Les plaques de plâtre en plafond reprennent bien souvent le poids de l’isolant lorsque ce dernier est soufflé en vrac. Lorsque la laine de verre est déroulée, cette dernière appuie également sur les plaques.
Le cumul (laine de verre + épaisseur d’isolant en vrac ajouté) vient alors fortement prendre appui sur le BA13 qui doit alors reprendre la charge de cet ajout. En conséquence, de nombreuses fissures linéaires (au droit du joint) peuvent apparaître.
Ce cas est extrêmement courant et la solution bien que contre intuitive est de libérer du poids en ôtant de l’isolant.
Fléchissement des fermettes : Plus rare
Dans quelques cas plus rares, le fléchissement (même léger) des fermettes (charpente industrielle) peut générer des fissures au droit des joints des plaques de plâtre. Il y a une petite vingtaine d’années, les plaquistes avaient pour habitude de laisser un joint creux au droit des plaques et non un assemblage bord à bord.
Il semblerait que ce « jeu » de pose permettait justement d’absorber un éventuel fléchissement des bois de charpentes. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Dans cette hypothèse, il y a peu de chances que les fermettes accentuent leur flèche, il s’agira alors de reprendre les fissures en enduit, puis de peindre l’ensemble du plafond.
Dégât des eaux : Un véritable coupable
Évidemment, le dégât des eaux (même une simple infiltration mineure) est généralement le principal coupable en terme d’apparition de fissures sur les plafonds en plaques de plâtre.
Cependant, avant la fissuration, ce sont généralement des alvéoles de moisissures légères qui apparaissent. Il est rare dans ce cas que seules les fissures soient apparentes.
Dans le cas où seule la fissuration est présente, alors cela signifie que la voie d’eau vient humidifier les bois de charpentes, suffisamment pour modifier leur rectitude et pas suffisamment pour générer des alvéoles.
L’eau est alors retenue dans les isolants et augmente l’effet indésirable sur le bois qui se gonfle, entrainant un retrait des plaques.
Seule solution, vérifier si l’isolant est humide et réparer la faiblesse en couverture qui permet la voie d’eau.
Lire mon article sur les infiltrations en toiture.
Les allers-retours incessants dans les combles
Enfin, les petites balades dans les combles ne sont pas le meilleur moyen d’éviter la fissuration du placo. Même si les fermettes sont supposées « encaisser » les poids des individus ce n’est jamais très bon pour le placo. Généralement, on aura tendance à marcher sur les entraits, qui sont bien souvent en deux pièces de bois avec un connecteur métallique. Et c’est précisemment sur ces moments dits « neutres » (en résistance des matériaux) qu’on va gambader.
Dans l’idéal, quand il s’agit de circuler dans les combles, il est bon de créer ce qu’on appelle un « chemin de passage », en OSB, pour répartir le poids de l’intervenant sur plusieurs fermettes.
Bref, c’est une cause de fissuration à ne pas négliger lorsque des travaux ont été réalisés (électricité, ventilation, etc.) et que l’artisan a circulé dans les combles.
Parfois, dans une moindre mesure, il peut également s’agir d’un défaut de pose des plaques de plâtre : Le manque de vis (ou un écartement de vissage trop aléatoire).
Le quinqanon : La plafonnette en brique
Les plafonds en brique (plafonnette en terre cuite) sont toujours très présents sur le territoire. Ce type de plafond est habituellement très solide et rigide. Autrement dit, les fissures sur ce type de plafond doit alerter sur la structure porteuse.
Ci-dessus : Fissures en lézardes non rectilignes souvent caractéristiques des plafonds en briques (plafonnette). Ce sont généralement des fissures de vétusté ou bien de contrariété dans le bâti. A surveiller. Crédit photo : S.USTUN.
Les principales causes :
- Démolition de cloisons intérieures.
- Dépose d’un bâti de porte.
- Passage de câbles suite à une rénovation générale
En revanche, par nature la « plafonnette » est faite pour être enduite au plâtre ce qui la rend particulièrement simple à reprendre.
L’enduit sur un plafond en lattis bois
L’enduit sur plafond en lattis bois est une technique très répandue sur de nombreux anciens bâtiments. Cette « sorte » de canisse ou de liteaux de faibles sections sous forme de treillis est une méthode de support d’enduit désuète, mais courante.
Ci-dessus : Complète fissuration des supports. Le plafond est un plâtre appliqué sur un lattis bois. Crédit photo : S.USTUN.
Il n’est pas rare encore aujourd’hui de devoir intervenir sur ce type de plafond.
Les fissures qui apparaissent sur cette typologie de plafond sont également dues à une vétusté importante du logement. Généralement les immeubles anciens.
Dans ce cas, il est effectivement possible de reprendre les fissures à l’aide d’un enduit (si possible sans retrait) mais sachez qu’il sera difficile pour un plâtrier de garantir la tenue de la reprise dans le temps.
Ces plafonds sont peu solides, peu rigides, et ne supportent aucun mouvement dimensionnel du bâti.
En résumé, la reprise est possible mais ne peut en aucun cas être garantie (décennale).
Le fléchissement d’une poutraison ou d’un plancher haut
Dans de nombreux cas, c’est le bâtiment qui « travaille » avec le temps et les matériaux qui perdent de leur tenue. Dans ce cas d’exemple, c’est le fléchissement de la poutraison qui maintient le plancher haut qui vient contrarier et fissurer le plafond bas. Le phénomène est augmenté du fait de la trémie d’escalier qui « rapporte » l’essentiel du poids en un unique point de jonction : Le chevêtre.
Ci-dessus : Exemple type de la concentration du poids au droit du chevêtre faisant trémie d’escalier. C’est la poutraison qui vient générer la fissuration du plafond. Crédit photo : S.USTUN.
Les micros fissures sur un plafond en béton
Les micros fissures sont généralement présentes sur les plafonds en béton. Ce sont les dalles pleines que l’on retrouve souvent sur des immeubles en petit collectif. Bien souvent, ces plafonds sont enduit directement avec une fine couche de plâtre à même la dalle béton (plafond dans ce cas).
C’est le principe du « ratissage ».
Dans ces cas de figures, c’est le béton qui travaille et qui parfois vient générer des micros fissures. En revanche, sur ce type de plafond il faut surveiller les fissures plus importantes, car elles peuvent être un signe grave d’instabilité de la dalle.
Dans la majorité des cas, le mauvais dosage du béton est en cause. Parfois j’ai même constaté l’apparition du treillis soudé au droit des fissurations, ce qui peut « alerter » sur une éventuelle malfaçon de la dalle. Il faut être vigilant sur ces indices lorsqu’il s’agit du dalle béton.
Un autre cas de figure courant également, c’est l’entreposage des palettes de carrelages au droit d’une dalle fraiche lors de la construction des bâtiments neufs. Dans ce cas, même si le béton est correctement dosé, les contraintes appliquées à la dalles se répercuteront sur les enduits en cas de déstabilisation de cette dernière.
- Non respect des temps de sèche de la dalle béton.
- Mauvais traitement, manque ou excès de vibration du béton (ségrégation).
- Mauvais dosage du béton ou présence d’adjuvants trop dosés.
Dans ces cas, la réparation est également d’une grande simplicité. Il suffit d’effectuer une nouvelle passe d’enduit sur le support afin de le fermer. Evidemment cela demande de remettre en peinture l’ensemble du plafond.
Fissuration sur plafond suspendu
Dans certains cas l’apport d’une charge lourde et mal répartie vient générer des fissures au plafond. C’est le cas dans cet exemple où un plafond suspendu de type « bar » vient alourdir la structure. Cela génère évidement de nombreux désordres et un « craquellement » des plâtres.
Dans ce type d’aménagement (retombée de plafond, esthétique comptoir de bar, etc.) le poids ajouté partiellement au plafond existant explique la contrariété des supports et l’apparitions de fissures, même infimes. Je préconise de soulager les supports de ce poids, et si réellement vous avez la volonté de créer un style architectural singulier, opter pour des retombées autoportantes.
J’explique cette technique dans un article que j’ai rédigé sur ce le sujet :
Lire mon article sur la création d’un faux plafond autoportant placo.
Comment réparer les fissures au plafond
- Joints, curage et réparation.
- Toiles de verre.
- Nergalto
- Map ou PF3.
Les enduits plâtreux
Toutes les techniques de reprises sont pertinentes. Il n’y a pas de méthode meilleure qu’une autre si ce n’est d’utiliser des enduits de qualité. Idéalement, il s’agit d’appliquer des enduits à fort taux de résistance et si possible sans retrait.
Dans tous les cas de figure, une reprise de fissure, même infime, obligera à réaliser une nouvelle mise en peinture sur l’ensemble du plafond.
Pour les cas les plus graves (forte dégradation, enduit qui s’effondre), l’utilisation d’un nergalto (treillis) sera nécessaire. A ce stade il s’agira d’un véritable « chantier » au sens le plus strict du terme.
Les treillis fins de reprise (bande adhésive ajourée) sont également une bonne solution pour les fissures droites (rectilignes) et légères.
- Lire mon article sur l’enduit de reprise Alltek UL en cartouche.
- Lire mon article sur le choix entre MAP ou PF3.
Dans tous les cas, si la fissure est apparue avec un décollement du joint (bande à joint papier), il s’agit de purger la bande existante en l’enlevant de son support (cutter et grattage). Il faudra évidemment repositionner une nouvelle bande à joint ou bien réaliser une réparation sans bande avec un joint sans retrait.
La gouttelette peut également venir à fissurer. Les plafonds projetés en gouttelette ne sont pas à l’abri de la fissuration, loin de là. Dans ce cas, il est également possible de réaliser une réparation ponctuelle et partielle de l’enduit. J’ai rédigé un article complet sur ce sujet que je vous invite à lire :
Réparer de l’enduit gouttelette.
La toile de verre en réparation
Longtemps décriée la toile de verre demeure une valeur sûre pour réparer les plafonds et masquer les fissures. En revanche, il s’agit de réparer les fissures au plâtre avant l’encollage de la toile de verre et non pas de les laisser béantes.
Toute fissure non réparée avant l’encollage de la toile apparaitra de nouveau et créera une « bulle » d’air sous la toile.
Liens utiles
- Excellent tuto pour réparer les fissures sur le site Bostik.
- Solutions intéressantes de réparation des fissures en plafond sur le site de V33.
- Analyse des causes chez nos confrères de Lamy Expertise.
Conclusion
Les fissures en plafond peuvent être bénignes, ou bien symptomatiques d’une véritable pathologie. Tout dépend évidemment du contexte, et du support.
C’est en identifiant correctement les causes que l’expert fait toute la différence. Et sachez que ces causes sont souvent très subtiles et parfois, faussement identifiées.
Ce sujet, vaste au demeurant, ne se ferme pas à la discussion et je vous propose que nous revenions dessus chaque fois que possible, avec des cas concrets.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.