La construction ou l’autoconstruction d’une maison en A est à cheval entre le rêve d’une maison forestière atypique et la recherche d’une certaine forme de minimalisme architectural.
Tant mieux, c’est justement l’idée que tout le monde s’en fait et pour cause, c’est justement le cas.
Les maisons en « A », proche des chalets scandinaves, sont des structures uniques qui attirent de plus en plus d’intérêt grâce à leur style minimaliste, leur pragmatisme structurel et avouons le : Un certain charme.
En revanche, il s’agit de bien délimiter le champ des possibles avec ces maisons, tant en terme d’architecture que de structure, mais surtout : De faisabilité ! Cela ne vous aura pas échappé, le « modèle » est peu répandu en France, et les constructeurs ne se bousculent pas vers ce type de constructions.
Dans ce dossier, j’analyserai avec vous les détails de construction, les éléments techniques, les matériaux nécessaires, les coûts estimés, ainsi que des conseils pratiques pour réaliser ce type de projet.
Enfin, nous séparerons la réalité du fantasme, car c’est notre devoir de conseil.
Qu’est-ce qu’une maison en A ?
Une maison en A est une maison qui ne dispose pas de murs porteurs en sablière, mais seulement en pignon. C’est une immense charpente dont les deux pans de toiture font également office de murs.
En bref, c’est une immense toit avec seulement 2 pignons.
Cette structure, pour un charpentier, n’est ni plus ni moins qu’une succession de « fermes » sans poinçons, dont l’entrait inférieur fait office de plancher.
Techniquement, les maisons en « A » sont des merveilles de charpenterie.
La maison en « A » se caractérise par son toit en pente qui commence au niveau du sol et s’étend jusqu’au sommet (faîtage) pour former un angle aigu. Cette architecture confère à ces habitations un aspect distinctif.
Voyons les avantages de ce type de construction :
- Design intemporel : Le style triangulaire est simple et esthétique, c’est un fait indéniable qui ne laisse personne neutre.
- Construction efficace : La structure repose principalement sur le toit, ce qui réduit les coûts de murs.
- Adaptabilité climatique : Elle est idéale dans des régions enneigées où le toit en pente permet à la neige de glisser.
- Efficacité énergétique : Souvent mise en avant dans les récits, or cette donnée est totalement subjective et n’a aucun fondement technique.
- Facilité en autoconstruction : Oui et non. Si vous êtes un charpentier compétent, alors lancez vous ! Mais si ce n’est pas le cas, attention aux retours de bâton. Une maison en A est de conception simple, certes, mais de construction très exigeante.
Cependant, ces maisons présentent des défauts, notamment en ce qui concerne l’optimisation de l’espace intérieur en raison des murs inclinés.
En outre son principal avantage et également son plus grand défaut : Très peu de variation architecturale est possible.
Fiabilité de conception : La maison en A remporte la palme
On peut difficilement trouver plus fiable et plus stable qu’une maison en A, du fait même de sa conception. Mais attention, il faut prendre en considération l’ensemble des efforts appliqués au bâtiment.
En charpente, rien n’est plus solide qu’une ferme. Or, dans le cas d’une maison en A, ce n’est pas une ferme, mais des dizaines de fermes qui sont assemblées : Résultat, l’édifice est prodigieusement solide !
En terme de résistance aux moments de forces, principaux problèmes en construction, la maison en « A » n’a aucune concurrente.
Le mot « ferme », qui caractérise l’élément principal d’une charpente vient du latin, « fermare » qui signifie : Rendre fort.
Bémol : Du fait de sa grande hauteur au faîtage et son absence totale de murs en sablière, le contreventement latéral est réduit à son minimum. Avec des immenses pignons, la résistance au vent augmente de facto cette faiblesse architecturale. Autrement dit, une maison en A doit impérativement être implantée en fonction des vents dominants et des éventuelles protections naturelles (arbres, haies, etc.).
Cette particularité évidente pour un expert ou un charpentier ne semble cependant être évoquée sur aucun support. Il est important de le noter.
La maison en « A » est-elle faite pour vous ?
Je valide le procédé à 100% et je suis personnellement très enthousiasmé par le principe d’une maison en A. En revanche, il est nécessaire de poser la question qui fâche : Une maison en « A » est-elle faite pour vous ?
Cette question doit être au cœur de vos préoccupations car étant peu modulaire, la maison en A exclue par principe une grande catégorie de particuliers. Ceci dit, la procédé est très prometteur.
Pour une maison familiale, la maison en A est sans aucun doute un mauvais choix. Ce type d’architecture ne conviendra qu’aux amateurs de solitude, ou aux couples passionnés sans enfants.
Compte tenu de la rigidité de l’architecture et de son manque de modularité, hors de question de créer plusieurs zones privatives, une maison en « A » se destine à être ouverte sur un espace de vie en commun : Le séjour.
Autrement dit, l’effet recherché est un effet « LOFT » dans un esprit « chalet ».
Pour un couple en retraite, c’est parfait à condition de ne pas être lésé par les escaliers, qui seront incontournables pour bénéficier d’un espace privatif en étage.
Une personne seule ou un couple qui aime le style atypique de ces maisons y trouvera son bonheur. Encore une fois le projet est parfaitement viable et sera à n’en point douter le cocon idéal, petite part de rêverie pour les amateurs.
Pour une famille, soyons honnête, la maison en A n’est pas la plus adaptée des architectures.
Une conception idéale pour l’autoconstruction
Comme je l’évoquais plus haut dans cet article, une maison en A est effectivement une solution idéale pour l’autoconstruction à ce détail près : L’assemblage, le montage, et la répartition des efforts (moments de forces) doivent être parfaitement gérés !
Autrement dit, si vous avez de solides bases en charpente, c’est effectivement une solution pertinente que de choisir le modèle de maison en A.
En revanche, si vous êtes un passionné curieux, mais peu enclin à comprendre les notions de descente de charge, d’entrait, de liernes (etc.), ne vous aventurez pas dans ce projet. La « simplicité » est très malheureusement encore une idée reçue et trop largement véhiculée par les vidéos en lignes. Il n’y a absolument rien de « simple » dans une maison de ce type.
Principal risque : Arrêter le chantier car vous serez face à des difficultés de montage sous estimées.
Une maison en A est d’une grande simplicité architecturale, mais d’une grande complexité structurelle !
- Ne pas avoir peur du travail en hauteur : La principale caractéristique d’une maison en A est justement sa hauteur au faîtage.
- Etre parfaitement familiarisé avec les notions de calculs de dimensionnement, d’abaques, d’entraxes, etc.
- Maîtriser parfaitement les clouages et les assemblages mécaniques.
- Avoir de solides notions de levage.
- Etre physiquement en bonne forme.
- Avoir un goût prononcé pour les challenges.
L’urbanisme français peu friand des maisons en A
Au Canada ou aux Etats Unis, la maison en A ne pose aucun problème. Dans les pays scandinaves c’est même une architecture historique. Or, il ne vous aura pas échappé qu’en France nous sommes très loin du concept de chalet, sauf peut être dans les Savoies, le Jura et les Pyrénées.
Autrement dit, obtenir un permis de construire pour une maison en « A » en France peut s’avérer assez difficile, voire tout bonnement impossible selon les régions.
Les régions montagneuses seront donc privilégiées, et comprenez bien que toute en dehors de ces zones sera quasi systématiquement refusée. Si l’urbanisme n’a plus son mot à dire sur la structure (exemple des maisons containers ou des maisons à ossature bois), il demeure seul décisionnaire en terme de lecture architecturale.
Dans les zones à forte densité, avec du vis à vis, les refus seront nombreux. En revanche, dans les zones isolées, faiblement peuplées, hors lotissement évidemment, il sera possible de monter un dossier.
En matière d’instruction de permis de construire (je l’évoque dans un dossier dédié) la hauteur au faîtage est extrêmement importante. Or, la grande particularité des maisons en A est justement qu’elle dispose d’un faîtage très haut, pour un faible empâtement au sol. De fait, en cas de voisinage proche, neuf chances sur dix pour que votre dossier soit refusé.
Enfin, et toujours du fait de cette contrainte de faîtage, les implantations sur des terrains avec passage d’une servitude de réseau électrique seront à proscrire (lignes à haute tension). Les cas ne sont pas rares, ce sont d’ailleurs bien souvent les seuls terrains encore libres de constructeurs.
Pas de menuiseries : Possibilité de créer des jacobines
Le grand défaut d’une maison en A est de ne pas pouvoir disposer de menuiseries extérieures sur les rampants (pentes de toit). Autrement dit, vous pouvez poser des fenêtres qui en réalité, seront des VELUX (fenêtres de toit).
A moins d’une conséquente modification, la pose de menuiseries ne peut se faire que sur les deux uniques pignons. C’est un inconvénient majeur de ce système constructif.
En revanche, une solution peut être envisagée dans le cas où vous souhaiteriez « ouvrir » la maison sur ses côtés : Les jacobines.
J’ai déjà longuement évoqué le sujet lors d’un dossier dédié aux jacobines, ces dernières sont la solution idéale pour créer des ouvertures dans les combles à forte pente, et cela tombe bien, une maison en A c’est un immense comble aménagé, à forte pente !
Attention, la création de jacobines en toiture va nécessairement créer des points singuliers en zinguerie, qu’un autoconstructeur ne pourra pas « naturellement » être en mesure de gérer. La zinguerie est un métier technique et complexe.
Lire mon article sur la jacobine.
Oubliez les fantasmes sur la maison en A : Le vrai du faux
Une fois n’est pas coutume et vous le savez si vous me lisez régulièrement, je suis allé faire mon marché sur la toile. Le sujet des maisons en A est assez documenté, or il semble que toutes les informations ne soient pas nécessairement objectives.
Au lieu d’une FAQ (Frequently Asked Questions) je vais simplement résumer les idées qui ressortent le plus souvent :
- Une maison en A est plus respectueuse de l’environnement : Non, pas plus qu’une quelconque maison en ossature bois !
- Une maison en A dispose d’une meilleure isolation thermique : Non, encore une fois, pas plus qu’une autre maison bien étudiée et bien isolée. Je dirai même que c’est plutôt l’inverse.
- Ces maisons sont plus économiques : Oui, en effet. Du moins lorsqu’il s’agit d’une autoconstruction.
- Les maison en A ont une meilleure isolation phonique : Justement NON ! C’est très exactement le contraire ! Il n’y a pas pire qu’une toiture pour le phonique, et une maison en A est une immense toiture !
- Les maison en A peuvent être livrées en kit : Je ne vois pas comment. Il y a très clairement un problème de hauteur au faîtage, donc de transport. J’ai lu cette information sur beaucoup de sites internet, c’est tout bonnement impossible selon moi. Elle peut être livrée en pannes et solives « pré-débitées », certainement. Mais en aucun cas en Kit. Autrement dit, autant réaliser soi-même ses propres coupes.
- 181 m2 pour seulement 40 000 euros : On retrouve effectivement cette mention sur le site de Elizabeth Faure. C’est sans doute réalisable pour un charpentier de métier confirmé mais peu tangible pour une primo construction.
Étapes de la construction d’une maison en « A »
Planification et conception
La première étape consiste à élaborer un plan clair et détaillé APRES avoir obtenu un accord préalable de la commune sur laquelle la maison sera implantée. Faites donc une demande préalable, même verbale, ou faites simplement une recherche dans la zone pour vérifier que le style « chalet » est autorisé.
Parfois, il suffit de discuter avec les riverains.
Conception des plans : La conception des plans peut se faire au crayonné, ou à l’aide d’un logiciel dédié. Je vous proposerai un modèle vierge sur la base d’un .pln pour celles et ceux qui souhaiteraient l’utiliser sur Archicad. Si vous êtes dans ce cas, contactez moi via le mail du magazine pour vous faire connaitre.
Contrairement à une maison traditionnelle, dont la superficie correspond très exactement au nu intérieur de la maison, une maison en A va tronquer de la surface habitable du fait de son rampant (pente de toit). Je vous conseille donc de débuter par le plan de masse, et non par le plan de la maison elle-même.
- Réglementations locales : Consultez les règles d’urbanisme (PLU) pour vous assurer que votre maison respecte les exigences locales.
- Démarrez par le plan de masse, pour implanter la maison avant tout chose.
- Gardez à l’esprit la problématique du rapport Hauteur au faîtage / empâtement au sol.
- Déterminez la superficie au sol voulue en prenant en compte le rampant.
- Intégrez les espaces de vie essentiels : salon, cuisine, chambres, salle de bain sur des cloisons perpendiculaires aux rampants et non sur les parois à la pente.
- Pensez aux ouvertures : de grandes baies vitrées sont souvent intégrées à l’avant pour maximiser la lumière naturelle.
Si vous êtes en phase projet ou en phase dépôt de permis de construire, je vous invite à vous reporter à mon dossier explicatif & guide technique :
Lire mon article : Déposer un permis de construire en autoconstruction.
Choix des matériaux
Le choix des matériaux est tout aussi important en termes de durabilité et de coût qu’en terme de fiabilité de la structure. Rappelez vous que nous sommes sur une « immense » charpente en bois.
- Bois, section, classe, dimensionnement : Adressez vous à scieur ou un négociant spécialisé en bois d’ossature et en bois de charpente. Evitez les grandes surfaces de bricolage. Le bois est généralement vendu au mètre cube chez le scieur, et au mètre linéaire chez les négociants. Attention aux sections, au traitement du bois, à sa classe structurelle et si possible à son aspect (qui en dit long sur le bois).
- Métallerie, quincaillerie, visserie : Comme pour le bois, faites appel à des professionnel du métal. Une vis de mauvaise qualité peut cisailler ou fendre le bois, certains sabots sont « déclassés » car non à l’équerre, etc. Sachez qu’il y a des normes pour dimensionner la visserie en ossature bois et charpente, cela ne se fait pas au doigt mouillé.
- Dalles d’agencement ou de contreventement : Trouvez un bon compromis pour les dalles de type OSB ou équivalent.
- Isolation : Laine de verre, laine de roche ou panneaux isolants, l’isolation risque fort de peser sur le budget, prenez ça en compte.
Revêtements extérieurs : Bois, tuiles, panneaux composites, ou métal. Le bac acier étant actuellement le bardage le plus approprié pour réaliser la couverture d’une maison en A.
Pour les pignons, il s’agira de prévoir un bardage bois extérieur.
NOTA : La caractéristique principale d’une maison en A se base sur le système que les Canadiens nomment « long-panne ». Système que j’ai longuement étudié et mise en œuvre sur des chantiers divers.
Or, ce procédé suggère (ou impose) des pannes (chevrons pour nous autres Européens) de grande section et d’un seul tenant. Autrement dit, les pannes doivent être continuent du faîtage jusqu’aux appuis de l’entrait inférieur (le sol).
Cela suppose d’obtenir des bois de très haute qualité auprès de votre scieur (ou fournisseur), avec très peu de noeuds et dont les tresses seront éventuellement refendues.
Fondations idéales pour une maison en A
Trois éléments vont être de la plus haute importance car les poussées latérales d’une maison en A sont importantes :
- Dimensionnement des fondations (selon nature du sol et technique choisie).
- Dosage du béton (si vous coulez vous même vos semelles et vos pieux).
- Armature du béton (pour rendre l’ensemble solide et cohérent).
La maison en « A » est légère mais la descente de charge n’est pas exercée à l’aplomb. Cela qui permet d’opter pour des fondations relativement superficielles mais qui doivent être adaptées.
NOTA : Attention cependant car les moments de forces d’une maison en A sont assez particuliers. La création de pieux ou de pilotis béton suffisamment profonds est (selon moi) une bonne solution technique.
Quel que soit le choix des fondations, l’étude de sol s’impose et c’est elle qui vous aidera à dimensionner vos fondations. Ne lésinez pas sur les matériaux et renseignez vous sur le bon dosage du béton de vos semelles, qu’elles soient isolées ou filantes. Faites réaliser une étude pour l’armature également et organisez au mieux leur implantation.
Les dalles portées semblent peu utilisées pour les maison en A.
- Dalle béton : Solution classique peu appropriée aux maison en A car la charpente ne dois pas être en contact avec le sol.
- Pilotis : Idéal pour ce type de construction, mais également pour les terrains en pente ou les zones sujettes à l’humidité.
- Technopieux : J’affectionne particulièrement les technopieux mais restons prudents, car sur une maison en A la poussée aux appuis est forte. Il faudra définir une hypothèse de calcul avec un bureau d’étude technique. Lire mon article sur la technique des pieux vissés.
Je vous invite à lire mes articles sur ce sujet :
- Pilotis béton et fondation sur pilotis.
- Les technopieux.
- Les différents types de fondations.
- Dosage du béton.
Construction et assemblage de la charpente
Je ne vais pas développer ce sujet car il est ici question de professionnalisme et de sécurité. Je ne veux pas rentrer dans le piège du DIY. Si vous n’avez jamais monté une structure en bois, ne serait-ce qu’un ensemble de fermettes, laissez tomber.
Je suis très sérieux, ne vous engagez pas si vous n’avez pas au moins une fois assemblé une charpente industrielle (fermette). La technique est la même, mais en bien plus dangereuse et difficile ! Vous êtes prévenus.
Montage des poutres principales (A-frames) :
- Les ossatures triangulaires qui forme la base de la structure.
- La consolidation des entraits inférieurs et le moisage.
- La mise en œuvre des planchers intermédiaires.
- Utilisez des poutres en bois massif pour créer des piliers et gestion des liernes et des éventuels entraits retroussés.
- Espacement des ossatures.
- Etc.
Fixation des ossatures :
- Savoir créer des anti-flambements et des équerrages (comme pour les fermettes).
- Savoir positionner les ossatures parfaitement à l’aplomb (n’oubliez pas qu’elles peuvent faire 5 mètres de hauteur).
- Ajoutez des traverses horizontales pour stabiliser la structure.
- Contreventer à l’aide des panneaux d’OSB.
Couverture en toiture
Pose de la couverture :
- Penser à la bonne gestion du faîtage (closoir, faîtière, etc.)
- Savoir poser un pare-pluie.
- Matériaux couvrants : tuiles, bac acier, etc.
- Assurez une bonne étanchéité pour éviter les infiltrations.
- Assurer un excellent ancrage pour éviter les arrachements au vent.
- Soigner les bas de pente et surtout la goutte d’eau (pas de bois en contact avec le sol ni susceptible de recevoir du ruissellement).
Isolation
- Installez des isolants thermiques entre les poutres pour maximiser le confort intérieur.
- Savoir poser un pare-vapeur.
- Choisir le bon isolant.
Aménagement intérieur
Un autre des principaux défauts d’une maison en A est que par définition, à part les pignons, aucun mur n’est à l’aplomb. Comprenez que vos parois seront à la pente, comme dans des combles aménagés.
Cette contrainte va générer des difficultés singulières pour tous les aménagements traditionnels tels que les éléments de cuisine, les éléments sanitaires et l’agencement global du logement.
Inutile d’expliquer que poser des éléments de cuisine sur des parois inclinées revient à faire de la charpenterie marine plutôt que de l’aménagement d’intérieur. Il faudra donc nécessairement sacrifier de l’espace en érigeant des contre-cloisons à l’aplomb.
Une autre solution réside dans le fait de concevoir des cloisons séparatrices perpendiculaires aux pentes de toit. Ainsi, vous bénéficierez de murs parfaitement à l’aplomb.
Distribution des pièces :
- Maximisez l’espace sous le toit incliné.
- Les mezzanines sont populaires dans ce type de maison.
Finitions :
- Utilisez des matériaux clairs pour les murs et les sols pour agrandir visuellement l’espace.
- Savoir travailler selon la pente (pour le placo éventuellement).
- Préparez et adapter des plateformes de travail en hauteur.
Prix d’une maison en « A » en autoconstruction
181 m2 pour 40 000 euros : Un gros doute mais c’est faisable
Il est inutile de faire une étude de type économie du bâtiment pour comprendre que ce budget sera difficilement tenable en 2024. Du moins si l’on reprend la formule du leader de la méthode en France.
Un charpentier chevronné pourra potentiellement s’en tenir à ce budget pour une surface de 120 m2 tout au plus. Cela demeure donc un très beau challenge et l’attrait est réel, du point de vue économique.
Comme j’aime à le préciser, l’autoconstruction et plus particulièrement l’autoconstruction de maison en bois est un sujet très sérieux qui touche aujourd’hui le plus grand nombre. Il est donc nécessaire d’aller dans ce sens et de documenter la discipline au maximum.
La maison en « A » étant avant tout une maison en ossature bois, il convient de l’intégrer dans les nombreux dossiers que j’ai déjà préalablement étudiés (lien vers mon article ci-dessus).
En revanche la notion de coût est très difficile à rationnaliser d’un projet à un autre.
ESTIMATIF / TABLEAU DE REPARTITION
Travaux / fourniture / estimation | m2 / FFT | prix | TOTAL |
---|---|---|---|
Fondation sur pieux | FFT | 4000 | 4000 euros |
Ossature bois (estimation au m3) | FFT | 8000 | 8000 euros |
Contreventement OSB (9mm) + SOLS | 200 | 8.80 | 1760 euros |
BAC ACIER | 100 | 11 | 1100 euros |
ISOLANT RAMPANTS | 100 | 18.50 | 1850 euros |
ISOLANT SOLS | 100 | 18.50 | 1850 euros |
ROULEAUX PARE VAP ET PARE PL | 4 | 100 | 400 euros |
BARDAGE PIGNONS | 50 | 55 | 2200 euros |
PAREMENT INTERIEUR BA13 | 150 | 4.24 | 636 euros |
Menuiserie intérieure (basique) | 1 | 500 | 500 euros |
Electricité (Norme C15/100) | 100 | 24 | 2400 euros |
Plomberie (stricte nécessaire) | 1 | 1800 | 1800 euros |
Electricité (Norme C15/100) | 1 | 800 | 800 euros |
Plomberie (stricte nécessaire) | 1 | 1800 | 1800 euros |
Menuiseries extérieures | 1 | 900 | 900 euros |
Zinguerie (larmiers, précadres etc) | 1 | 1400 | 1400 euros |
TOTAL | 31 400 euros |
Récapitulatif des montants :
- Fondations au plus pragmatique sur pieux béton : 4000 euros TTC / estimation sur la base d’un équivalent en ossature bois.
- 181 m2 de sols revêtus : Stratifié le moins cher du marché à 10 euros : 1800 euros TTC (sans pose, sans feutre, sans rien).
- Un escalier, même récupéré dans les chutes de bois : 500 euros TTC
- Hypothèse de surface de toiture acceptable de 100 m2 : Couverture en bac acier (sec, le moins cher) à 11 euros le m2 : 1100 euros TTC
- Quincaillerie diverse (bac acier, poutraison, osb, liernes, lisses, etc.) : 800 euros TTC (à minima)
- Parement intérieur équivalent à la couverture de 150 m2 : BA 13 simple peau à 4.24 le m2 : 636 euros TTC (base faible)
- Isolants des rampants en laine minérale quelconque, épaisseur minimum 180 mm pour 100 m2 : 1850 euros TTC.
- Isolant sol principal de 100 m2 : 1850 euros TTC.
- 2 rouleaux de pare vapeur standard : 250 euros TTC.
- 2 rouleaux de pare pluie standard : 250 euros TTC.
- Contreventement OSB extérieur de 100 m2 : 880 euros TTC
- Ossature bois au m3 (au plus bas) : 8000 euros TTC
- Bardage des deux pignons : 2200 euros TTC (bardage de qualité intermédiaire, liteaux, etc.).
- Menuiseries PVC les plus économiques pour 2 fenêtres : 500 euros TTC.
- Porte d’entrée la moins chère : 400 euros TTC
- Electricité, ratio de 24 euros le m2 : 2400 euros TTC (tranche très basse)
- Plomberie sanitaire : budget très serré au plus tiré : 1800 euros TTC (bac à douche, WC, mitigeurs, évacuations et arrivées).
- Zinguerie (lot très important et coûteux) : 1400 euros TTC (larmiers, précadres, étanchéités, etc.)
Chiffrage plus réaliste à définir mais le challenge est intéressant
Une simple note de calcul rapide n’est évidemment pas une base de réflexion sérieuse, mais cela semble réalisable en débours grossier.
Pour une centaine de mètres carrés, le challenge est tenable mais je n’y mettrai pas ma main à couper. Généralement, quand on va chercher les détails, on est souvent contraint de ré-évaluer les données chiffrées à la hausse.
En première impression, je reste convaincu que ce budget de 40 000 euros ne sera réalisable que pour une surface de 100 m2, avec les matériaux les plus « cheap » et sans aucune aide extérieure.
Pour résumer, seuls les autoconstructeurs très aguerris y parviendront.
La maison en A sur YouTube
Définitivement la reine des vidéos sur YouTube, la maison en « A » plaît au plus grand nombre de spectateurs. Cet engouement vient de son style architectural peu commun, des paysages idylliques dans lesquels ces maisons sont généralement construites, et de sa simplicité de conception.
La maison en A est à l’ossature bois ce que la maison container est aux amateurs de cubes. Une architecture simple, une mise en œuvre qui dispense de réflexion : Ca plait.
- Vidéo de Engie sur les maison en A.
- Vidéo de Elizabeth Faure, qui fait autorité dans le domaine.
- Vidéo intéressante de « comment tu fais » sur une autoconstruction de maison en A.
Exemples de maisons en « A »
Petit chalet en bois (50 m²)
- Structure : Bois massif.
- Revêtement : Panneaux en bois naturel.
- Particularités : Grande baie vitrée sur la façade avant.
- Coût : Environ 30 000 – 40 000 €.
Maison moderne en « A » (120 m²)
- Structure : Charpente en acier et panneaux composites.
- Revêtement : Tuiles métalliques et bardage en bois.
- Particularités : Terrasse intégrée et mezzanine.
- Coût : 80 000 – 120 000 €.
Avantages et inconvénients d’une maison en A
Avantages
- Design unique : Convient à ceux qui recherchent un style original.
- Économie de matériaux : Moins de murs signifie des coûts réduits.
- Facilité d’entretien : La simplicité de la structure rend l’entretien plus facile.
- Peu de réflexion en terme d’architecture, pour celles et ceux qui sont pragmatiques c’est un avantage.
- Idéal dans les régions montagneuses.
- Aspect résolument « chalet ».
Inconvénients
- Espace limité : Les murs inclinés réduisent l’espace utilisable.
- Isolation thermique : Peut être un sujet si la maison n’est pas bien conçue.
- Personnalisation : Les modifications ou extensions peuvent être coûteuses.
- Impossibilité de végétaliser la toiture en raison de la trop forte pente.
- Peu de possibilités d’ouvertures latérales (voir pour les jacobines).
- Nécessité d’avoir une grande surface au sol pour permettre un minimum d’espace de plain pied.
- Obligation de créer un étage dans bien des cas, peu adapté aux personnes âgées.
Conseils pour réussir votre projet
- Optez pour un architecte expérimenté : Cela garantit une conception fonctionnelle et esthétique.
- Choisissez des matériaux durables : Surtout pour la toiture et les fondations.
- Privilégiez les grandes ouvertures : Cela maximise la lumière naturelle et réduit les coûts d’éclairage.
- Pensez à l’avenir : Prévoyez des systèmes énergétiques durables comme des panneaux solaires ou un chauffage au sol.
- Adaptez le design au climat local : Par exemple, dans les régions chaudes, intégrez des systèmes de ventilation naturelle.
Plans d’une maison en A
Ci-dessus : Plans d’une maison en A / Crédit photo : Syera
En terme de plans, il n’y a guère que les maisons containers qui peuvent offrir une aussi grande simplicité : C’est un rectangle (pour une vue en plan).
Le sujet est très largement documenté en Anglais mais peu en Français. Si vous cherchez bien, vous trouverez des plans à peu près partout sur l’internet outre atlantique.
En revanche, si vous décidez de créer vous même vos plans, difficile de faire plus simple que d’aménager un rectangle, c’est du pragmatisme poussé à son comble (sans jeu de mots).
Les espaces « nuit » sont généralement à l’étage, et les espaces « jour » par définition, au rez-de-chaussée.
En ce qui concerne les plans d’exécution, ce sera plus difficile à trouver car il faut nécessairement que l’étude de structure soit réalisée en fonction du lieu d’implantation et des contraintes spécifiques à la structure.
- Contrainte de vent (pour le contreventement).
- Calcul des sections (pour le poids et la poussée)
- Dimensionnement différent selon les régions, ou les pays. Attention aux plans que vous trouverez outre atlantique, les contraintes ne sont pas les même qu’en France.
Ci-dessus : Plans complets d’une maison en A payants. Attention, les mesures sont évidement en unités anglo-saxones. Environ 200 euros le plan.
La construction d’une maison en « A » est un projet passionnant qui peut offrir une habitation durable, unique et économique. Avec une planification minutieuse et des choix intelligents, vous pouvez créer une maison qui allie esthétique, fonctionnalité et efficacité.
Alors, prêt à vous lancer dans l’aventure ?
Liens divers
- La maison en A : Site officiel de Elizabeth Faure.
- Plans payants en anglais. (attention je ne cautionne pas, c’est un exemple).
- Belle vidéo trouvée sur Youtube.
- Photo de l’intérieur tirée de la vidéo de Levy Kelly sur une maison en A double.
Conclusion
J’aime le concept, j’aime l’architecture, et j’apprécie les qualités techniques structurelles indéniables de la maison en « A ». Je pense que c’est un challenge sur lequel je me dirigerai dès que l’occasion se présentera.
Si vous avez un projet de réalisation, alors faites le moi savoir que nous puissions le suivre et pourquoi pas, développer un dossier complet en complément de celui-ci.
En attendant,
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.