En rénovation, il est souvent question de créer une ouverture dans un mur porteur. Même si techniquement cet acte est à la portée de tout maçon, il reste néanmoins soumis à des règles strictes.
Que vous soyez professionnel ou particulier, je vous invite à bien lire cet article pour vous garantir une parfaite tranquillité d’esprit avant, pendant et après les travaux.
Ouvrir un mur porteur n’est pas un acte anodin, vous devez être assuré.
Cet article vient en complément du précédent article : Prix d’une ouverture dans un mur porteur.
Avant propos
Dans les différents domaines de la rénovation, certains actes techniques sont singuliers : C’est le cas des ouvertures dans les murs porteurs.
Du fait de la modification des structures porteuses, ces interventions sont en effet soumises à des règles strictes.
Je me permets simplement de rappeler qu’une ouverture implique nécessairement la modification des éléments suivants :
- Modification substantielle du voile de contreventement.
- Contrariété dans la répartition des descentes de charges.
- Contrariété dans les appareillages (parpaings, briques, etc. ).
- Nécessité d’une note de calcul.
Dans les faits, rares sont les maçons qui préconisent la dommage ouvrage à leurs clients. Je ne juge aucunement car les maçons savent ce qu’ils font, et cette règle demeure très peu connue par ailleurs.
En revanche, il est important de rappeler la norme en vigueur : La DO (dommage Ouvrage) est obligatoire dans ce cas.
Dommage ouvrage obligatoire pour une ouverture dans un mur porteur
Au vu des éléments listés ci-dessus, vous comprendrez qu’ouvrir un mur porteur n’est pas un acte anodin.
Que ce soit pour créer une fenêtre, une porte, ou bien agrandir une pièce, vous agissez directement sur la structure du bâtiment.
Cela engendre donc nécessairement des contrariétés techniques.
Autrement dit, les forces appliquées au bâti changent, et cela peut engendrer des désordres dans certains cas.
Par conséquent, il s’agit de se prémunir contre d’éventuels désordres qui pourraient survenir après l’ouverture du mur.
C’est dans ce cadre que la dommage ouvrage intervient. En effet, la DO ou « Dommage Ouvrage » est une garantie qui permet au client une prise en charge rapide de tout désordre dans les 10 ans qui suivent les travaux d’ouverture du mur.
Cela permet, si sinistre il y a, d’accélérer les procédures de d’outrepasser l’éventuel recours aux tiers, dont on sait qu’il peut prendre un temps considérable.
- 10 ans de garantie après la réalisation des travaux.
- Accélère la procédure en cas de sinistre.
- Ne remplace pas la décennale mais court-circuite le recours aux tiers : Vous êtes pris en charge quoi qu’il arrive.
A retenir : La souscription d’une dommage ouvrage pour une ouverture dans un mur porteur est obligatoire.
Ce que dit la loi : La DO expliquée sur le site du gouvernement.
Quid de la décennale ?
La décennale et la dommage ouvrage sont deux choses parfaitement distinctes.
Les deux garantissent pendant 10 ans, mais ne garantissent pas les mêmes choses.
La décennale protège l’artisan pendant 10 ans sur l’ensemble des chantiers pour lesquels il est assuré. La dommage ouvrage (DO) protège le client en permettant l’activation de la décennale de l’artisan (recours au tiers).
En d’autres termes, la décennale ne vous couvre pas vous, en tant que client, mais seulement le professionnel qui réalise les travaux.
- Décennale => Protège l’artisan.
- Dommage ouvrage => Protège le client.
En rénovation courante, il faut bien l’avouer, la dommage ouvrage est rarement exigée. En revanche, pour les projets qui modifient la structure du logement, il faut impérativement se protéger.
- Lire mon article sur la décennale maçonnerie.
- Lire mon article sur la décennale obligatoire.
Le prix d’une dommage ouvrage pour une ouverture
Le prix de la dommage ouvrage se calcule en proportion du montant des travaux. Dans le cas d’une ouverture sur un mur porteur il faut donc intégrer le montant des études, les matériaux, la main d’œuvre, etc.
ATTENTION : La dommage ouvrage ne couvre pas les défauts esthétiques résultants d’une ouverture sur mur porteur.
Généralement, la prime se situe aux alentours de 5% du montant total de la rénovation engagée. Autrement dit, la prime sera calculée sur la base du devis de l’artisan qui réalise l’ouverture du mur porteur. Certaines compagnies ou courtiers en assurance ce sont d’ailleurs spécialisés dans ce domaine.
Dans tous les cas, je vous recommande de vous tourner vers un spécialiste, et non un généraliste. Un courtier qui maîtrise le sujet sera plus à-même de construire une garantie en fonction de la nature des travaux envisagés.
Il en va évidemment de même pour l’artisan, rien ne remplace une véritable entreprise de maçonnerie dans le cas d’une ouverture sur un mur porteur.
Je vous invite à consulter mon article sur le sujet :
=> Prix d’une ouverture dans un mur porteur.
La note de calcul pour une ouverture dans un mur porteur
Un maçon sérieux sait réaliser une ouverture dans un mur porteur par empirisme. Cela fonctionne dans 95% des cas.
Il n’y a rien de bien sorcier dans cet acte.
Tous les maçons savent étayer en sécurité, créer des linteaux et les couler en place.
Cependant, d’un point de vue purement réglementaire, et selon la dimension et le type d’ouverture, une étude structure devrait être diligentée. En théorie seulement.
Dans la pratique, c’est rarement le cas, d’autant que les bureaux d’étude structure sont rarement disponibles pour une simple note de calcul de ce type pour un logement en individuel.
Globalement, si vous n’êtes pas en copropriété, sur un logement de plain pied, la grande majorité des maçons se dispenseront d’une étude structure (ou bien il la réaliseront en interne).
Il en est tout autre dans le cas d’une copropriété. En effet, dans ce cas, les travaux concernent alors tout le petit monde qui vous entoure. Aucune ouverture de mur porteur ne doit être réalisée sans une SERIEUSE ETUDE dans ce cas. C’est une obligation.
Prix d’une étude simple :
Pour une ouverture simple, sur des murs en appareillages homogènes (parpaing ou brique) avec coulage d’un linteau ou pose d’un IPN :
– comptez de 350 euros à 500 euros TTC la note de calcul (en logement individuel de plain pied).
Les principaux risques d’une ouverture sur un mur porteur
Le risque dépend de trois éléments distincts :
- Nature du mur (pierre, parpaing, brique etc.).
- Dimension de l’ouverture.
- Typologie du logement (plain pied, étage, copropriété).
Sur une maison de plain pied, dont les sablières règnent à 2.80 mètres et le faîtage à 5.20 mètres, aucun risque réel à ouvrir un mur.
Les descentes de charges sont très largement maîtrisées dans ce cas.
Lorsqu’il s’agit d’une maison à étage, si l’ouverture se situe au rez-de-chaussée, le risque augmente nécessairement. Encore une fois, cela se calcule sans grande difficulté.
Maintenant, imaginez que vous soyez sur une vieille bâtisse de rue, en pierre (hétérogène), et en copropriété (voisin dessus ou dessous), vous prenez un risque important si vous vous lancez sans étude, et sans garantie dommage ouvrage.
C’est principalement dans ce cas de figure que je vous conseille vivement de ne rien faire sans la dommage ouvrage.
Risques avérés :
- Déstabilisation des structures porteuses.
- Fléchissement des planchers.
- Fissurations sur les façades.
- Effondrement (plus rarement).
Les forces exercées sur les structures
Comme nous l’avons vu plus haut, les risques dépendent de la nature du bâtiment et des dimensions d’ouvertures.
La cause des désordres est essentiellement due à un mauvais calcul de dimensionnement des charges pour définir le type de linteau.
Qui dit ouverture, dit linteau.
Que ce soit une fenêtre, une porte fenêtre ou une ouverture sur séjour par exemple : Il faut un linteau pour supporter la descente de charge.
La descente de charge est la force exercée par l’ensemble des matériaux qui sont au dessus de l’ouverture qui est créée.
Autrement dit, vous enlevez de la matière (l’ouverture dans le mur porteur), il faut donc créer un « pont » suffisamment solide pour répartir le poids de tous ce qui est au dessus du « trou ».
Pour ajouter du détail à ce cas de figure, la grande mode des maisons containers est un parfait exemple d’exclusion de garantie. Lorsque les parois d’une maison container sont découpées, elles perdent leur résistance mécanique.
En d’autres termes, elles ne sont plus du tout porteuses et ne doivent (en théorie) pas recevoir de menuiseries.
Ces chantiers étant presque tous réalisés hors garantie dommage ouvrage, ce sont les autoconstructeurs qui deviennent « de facto » responsables juridiquement de la maison pendant 10 ans.
Lire mon article sur l’utilisation des IPN en linteau.
Le bon réflexe
Le premier réflexe si vous êtes le client, est de choisir une entreprise de maçonnerie connue pour son sérieux. Vous devriez trouver assez facilement avec une simple recherche Google, en vérifiant les avis clients, ou simplement par le bouche à oreille.
Dans tout les cas, optez pour un maçon sérieux. Ce dernier devrait en théorie vous proposer de vous mettre en lien avec votre assureur pour la dommage ouvrage. Je vous rappelle que lui n’est concerné QUE par la décennale.
Si ce n’est pas le cas, et nous aurons l’occasion de revenir sur le sujet, il faudra vous tourner vers un professionnel du sujet. Assureur ou courtier, choisissez un spécialiste (au risque de me répéter) et non un généraliste qui bien souvent, ne connaît pas grand chose à la maçonnerie.
Lire mon article sur ETIK Assurance, spécialiste des métiers du bâtiment.
En plus de proposer des décennales, ETIK propose également des garanties dommage ouvrage. On peut leur faire confiance.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.