C’est un sujet important dans la construction neuve. Poser un plancher chauffant dans la dalle de compression. Efficacité, risques, pertinence ?
Je vais tenter d’apporter mes lumières avec le concours d’exemples concrets que j’ai réalisé. Je ne parlerai par conséquent que de SEAC et KP1. Je n’ai en effet jamais utilisé de système REHAU qui développe également des systèmes comparables.
Alors avant de couler, revenons ensemble sur ces systèmes de planchers chauffant directement posés dans la dalle de compression.
Plancher chauffant SEAC et KP1 : que valent les systèmes de planchers chauffant / rafraichissants dans la dalle de compression ?
Deux leaders sur le marché du plancher chauffant déroulé directement dans la dalle de compression se partagent le marché Français. Alors deux questions se posent, le plancher chauffant directement intégré dans la dalle est il une bonne solution constructive ? Et quel plancher chauffant/rafraichissant choisir, comment cela fonctionne, est-ce fiable et avec quels appareillages les lier.
Le plancher chauffant directement intégré dans la dalle de compression tel que le présentent Seac et Kp1, vraie ou fausse bonne idée ?
Milliwatt pour KP1, et Climawatt pour SEAC, deux doux noms pour ce système innovant mais qui ne date pas d’hier. Aujourd’hui nous avons suffisamment de recul sur le procédé. Alors avant tout, qu’est ce qu’un système de plancher chauffant / rafraichissant dans la dalle de compression?
Nous connaissons tous plus ou moins le procédé d’un plancher chauffant. En quoi est-ce que les deux industriels nous proposent une quelconque nouveauté ?
Finie la « chape »: (Pour les maisons sur vide technique ou sanitaire uniquement)
Finie la chape liquide (souvent anhydrite), d’une épaisseur totale de 17 centimètres qui doit être fraichement coulée sur la dalle brute existante. Passons à quelque chose de plus simple et rapide: le déroulé dans la dalle de compression. Avant les systèmes proposés par SEAC ou KP1 énumérons rapidement le complexe qui devait être mise en œuvre:
- Une dalle / point de départ niveau – 17 centimètres
- Un pavage TMS (isolant Polyuréthane)
- Un serpentin
- Une chape liquide
- Un ravoirage
- Un plancher niveau 0
Lire mon article sur les avantages d’un vide sanitaire pour l’isolation et la ventilation
Avec le SEAC CLIM ou le KP1 Milliwatt nous économisons 2 étapes
- Le pavage en isolant TMS (qui se retrouve sous les hourdis sous forme de PU de différentes épaisseurs) d’où la nécessité d’être sur un vide technique ou sanitaire.
- La chape liquide (qui devient inutile)
Pour une construction neuve, cela fait beaucoup d’épaisseurs en moins. Surtout, cela permet de rationaliser la construction avec des surcouches inutiles réduites et une meilleure diffusion du chaud et du froid.
Ainsi, dans ce process, vous « enrobez » directement vos serpentins dans la dalle de compression au coulage de la dalle. La diffusion quant à elle sera plus rapide et moins latente car seul le ravoirage sera en surépaisseur du plancher.
Pour mieux comprendre le système constructif la vidéo ci-dessous est plutôt bien réalisée:
Le SEAC Clima j’en ai posé donc je le connais. Aussi je ne veux ni ne peux avoir un parti pris et je vais tenter d’être le plus pragmatique et factuel possible sur les 2 propositions.
Dans les 2 cas, il vous faudra opter pour un vide technique (40 centimètres soit 2 rangs de parpaings) ou un vide sanitaire (minimum 60 centimètres) et dans les deux cas vous aurez raison.
Un maison sur vide sanitaire est toujours plus « idéale » que sur terre plein (ou hérisson, ou autobloquant). Même si cela représente un surcoût. Nous examinons cela dans cet article.
Une solution de plancher chauffant SEAC ou KP1 est donc une solution à intégrer dans un ensemble plus global de votre construction.
NOTA: Les planchers chauffants dans la dalle de compression nécessitent un béton « S4 »
Schéma de pose et simplicité avant tout: Un plancher chauffant doit être rapidement mis en œuvre
Vous voilà donc sur votre vide sanitaire / technique et au droit des poutrelles hourdis se déroulent les serpentins de SEAC en PER ou ceux de KP1 en PEX.
Nous voilà donc sur une première différence entre les deux systèmes. Deux choix de matériaux s’offrent à vous car le PER et le PEX ne sont pas vraiment de la même trempe. Cependant, attention à tout ce qui brille et dans ce cas il est préférable de rester pragmatique.
Les deux systèmes disposent également du même mode de mise en œuvre avec :
- Un plan de montage et d’agrafage
- Un nourrice à fixer provisoirement sur une chaise
- Un manomètre pour vérifier la pression au moment du coulage (avant de préférence et après)
Le plan devra d’ailleurs être transmis au plaquiste pour que ce dernier ne cloue pas au droit des serpentins. Les rails placostyl seront alors collés à ces endroits précis au lieu d’être cloués.
La rapidité de mise en œuvre est importante car il s’agit de couler au plus vite après la pose des serpentins. Il y a plusieurs raisons spécifiques au plancher chauffant dans la dalle de compression (contrairement à un chauffage au sol dans chape liquide):
- Vol du matériel avant coulage (un week-end par exemple)
- Détérioration des éléments avant coulage (toujours le week-end si des visiteurs viennent piétiner les serpentins)
Dans ces deux cas, fini le coulage. Et surtout au risque de me répéter, la pression des tubes doit être vérifiée avant coulage de la dalle de compression. Plus vite le tout est posé, moins grands sont les risques.
Temps de mise en œuvre avant coulage
Dans les deux cas (SEAC ou KP1) les serpentins arrivent sur palette. Ils sont prêts à dérouler et le schéma de pose est très simple. Pour une maison de 100 m² l’opération de pose nécessite une demi journée seulement pour un poseur confirmé.
En général le plombier se charge de cette tache. Puis les serpentins sont mis sous pression avec vérification sur le manomètre. C’est donc très rapide et insignifiant en terme de planning. Certains plombiers se sont spécialisés dans cette mise en œuvre et ne font que ça.
Le temps de mis en œuvre peut être différent pour les planchers chauffant dans la dalle de compression quand le maçon doit monter des parpaings en SIPOREX pour la rupture de pont thermiques. C’est un cas à part.
Les ruptures de pont thermiques sont essentielles. Les hourdis ne suffisent pas. En général que ce soit chez SEAC ou KP1 il existe des profilés spéciaux pour assurer les ruptures.
Un gain de temps indéniable pour le reste de la construction
Le fait de supprimer l’étape de la chape liquide permet un gain de temps non négligeable. Environ un mois pour être plus précis.
La raison est simple: Qui dit chape anhydrite dit temps de séchage et fort dégagement d’humidité. La chape doit donc être réalisée avant le plaquiste évidemment mais ce dernier devra attendre un bon mois pour entreprendre les doublages et les cloisonnements.
S’il néglige cette étape, les BA13 et l’isolant vont littéralement se dégrader.
Le passage du plancher chauffant dans la dalle de compression fait donc économiser un timing parfois serré de 30 jours. Un gain véritable en terme de délai de réception des chantiers.
Plancher chauffant et PAC (pompe à chaleur)
La dalle de compression coulée, la nourrice n’attend plus que le raccordement au matériel de chauffage et d’eau chaude sanitaire. Dans les deux cas évidement, qu’il s’agisse d’un plancher chauffant SEAC ou KP1 la compatibilité est de mise.
Toutes les PAC (pompes à chaleur) sont compatibles et raccordables.
Certaines PAC nécessitent une nourrice différente, si c’est le cas vous en serez avertis (en général chez Atlantic pour le mode rafraichissant).
Le plancher chauffant dans la dalle de compression n’interdit en rien le « zonage » de température (régulation pièce par pièce).
La contrainte du passage des flux dans la dalle de compression:
Au même titre que les défauts du passage des flux dans le ravoirage (lire mon article ici), le passage du plancher chauffant dans la dalle de compression pose des questions de pérennité.
Il est donc nécessaire de comparer ce qui est comparable c’est à dire: Le plancher chauffant dans la chape anhydrite.
La contrainte étant la même, les questions ont donc les mêmes réponses. Certains seront frileux au passage des flux dans une dalle, pour un plancher chauffant c’est un passage obligatoire quelle que soit la méthode.
En d’autres termes que ce soit dans une chape liquide ou une dalle de compression le problème demeure le même. Si vous avez des réticences elles seront présentes quel que soit le mode de chauffage au sol choisi.
La pose des systèmes SEAC et KP1 répond aux règles du DTU NR 65.14
Liens vers les 2 industriels:
- SEAC: https://www.seac-gf.fr/
- KP1: https://www.kp1.fr/
Pour aller plus loin :
Merci pour vos lectures et bon chantier !
Serge USTUN.