La reprise de parquet massif est un véritable enjeu en matière d’après sinistre. Plus qu’un enjeu, c’est une véritable niche qui s’ouvre aux soliers consciencieux.
Ce secteur de la rénovation est très largement laissé vacant par les différents intervenants et laisse par conséquent la place libre aux soliers motivés.
Vous êtes solier, vous maîtrisez la dépose, repose ou la reprise de parquet massif ? Cet article est fait pour vous.
Après sinistre : L’enjeu pour les bons soliers
Le mot « enjeu » est faible lorsqu’il s’agit de reprise de parquet massif en après sinistre. Ce domaine est littéralement vacant.
Pour comprendre ce phénomène, il faut préalablement resituer le contexte. L’après sinistre est un secteur gigantesque en terme de chantiers de rénovation, je l’évoque très régulièrement dans ces lignes car c’est mon domaine.
Les chiffres sont proprement indécents en terme de nombre de chantiers, principalement en cause : Les dégâts des eaux.
Parallèlement à cet état de fait, les bons soliers sont peu nombreux. Car il ne s’agit pas là de dépose et de repose de parquet stratifié mais bel et bien de parquet massif.
Autrement plus complexe et nécessitant un véritable savoir faire, ce dernier est donc en demande et ce depuis déjà une petite décennie.
Noble et exigeant, le parquet massif nécessite des professionnels aguerris.
Enfin, et pour boucler la boucle de ce constat, l’après sinistre ne compte plus guère de véritables professionnels dans ces rangs, et ceci explique très clairement cela.
Vous êtes solier ? L’après sinistre vous tend les bras !
Lire mon article sur l’après sinistre.
Le parquet massif en priorité sur les dossiers
Les chantiers en remplacement de parquet stratifié sont nombreux. Une grande majorité des sinistres pour être plus précis.
Ci-dessus : Une reprise de parquet massif sur un de mes chantiers en après sinistre. Le secteur demeure très rentable pour les bons soliers. Crédit photo : S.USTUN.
La plupart des entreprises spécialisées en après sinistre disposent d’artisans « généralistes » qui sont suffisamment compétents pour gérer ces dossiers : Le stratifié est simple à remplacer.
Cependant, dès lors qu’il est question de parquet massif, la liste se réduit comme une peau de chagrin.
Pourtant, les chantiers sont très certainement moins nombreux, mais beaucoup plus conséquents.
Soyons honnêtes, une reprise de sol en massif est autrement plus gratifiant qu’une reprise de stratifié. Évidemment, c’est également plus gratifiant d’un point de vue financier.
Certes le massif exige non seulement les bonnes compétences, une considérable expérience, mais également du matériel et de l’outillage important. Contrairement au stratifié, le massif doit être travaillé, poncé ou égrené, puis huilé.
Les soliers ont donc tout intérêt à se rapprocher des donneurs d’ordres pour se positionner sur ce segment extrêmement rentable.
Le véritable gagnant sera le client final, l’assuré, dont l’anxiété due au sinistre sera compensée par la présence d’un véritable pro !
Maîtriser le parquet massif en mosaïque
Il est évident qu’il faut maîtriser tous les types de parquets mais certains schémas sont récurrents.
En tête de liste, le parquet massif en mosaïque ou « bâtonnets ».
Que vous soyez à Lyon, à Marseille où à Paris, ce type de sols est le plus courant.
Il est également le type de parquet que personne ne veut traiter, le savoir faire s’étant peu à peu perdu.
En revanche, il y a beaucoup d’idées reçues sur le parquet massif en mosaïque. Ce dernier n’est ni plus cher à l’achat, ni plus difficile à poser.
C’est même tout l’inverse.
Faire valider le choix du parquet massif
La seule véritable difficulté est de s’entendre sur le rendu et sur le type de parquet à remplacer. Il n’est pas rare que ce soit le seul point de discorde.
Ci-dessus : Sur le même chantier, en phase de finition. Fournisseur : L’entrepro Marseille / Chantier S.USTUN / Crédit photo S.USTUN.
En reprise partielle la question ne se pose pas. En revanche, lorsqu’il est question de reprise totale, ce point ouvre parfois à litige.
Je me permets de rappeler que la règle demeure précise. Il est strictement énoncé que l’assureur doit une « reconstruction à l’identique ».
En l’occurrence cela signifie : A coût équivalent.
Lire mon article sur la notion de « reconstruction à l’identique après sinistre« .
S’il la demande porte sur une montée en gamme, ce sera à l’assuré d’ajouter l’éventuelle plus value.
Par conséquent, il s’agit d’établir très précisément ces règles avec le client final. Lui expliquer qu’en cas de montée en gamme, il devra assumer le surcoût.
Enfin, et cela devrait être un acquis pour tout le monde, il faut faire signer une fiche de choix avec le type de parquet, le type de pose et la finition.
Tous les types de sols sont concernés
Pour être plus précis, tous les types de sols sont concernés et pas uniquement le parquet massif. Il va de soit que celui qui peut le plus peut le moins.
Ci-dessus : Le matériel pour travailler le parquet massif est plus important que le simple outillage nécessaire au stratifié. Crédit photo : S.USTUN.
La demande est forte sur tous types de revêtements, raison pour laquelle j’utilise le terme de « solier », plus généraliste.
Comme je l’évoquais plus haut, le parquet stratifié est souvent au cœur des dégâts des eaux et cela représente un grand pourcentage des dossiers de fréquence.
J’ose espérer qu’un bon solier sera également à l’aise sur un dépose et une réponse de parquet flottant ou même d’un revêtement de sol en vinyle.
En revanche pour le massif, outre le parquet mosaïque, il s’agit de pouvoir intervenir sur des parquets massifs en poses complexes. Point de Hongrie, bâton rompus, etc.
Des BPU problématiques
Il est temps d’aborder des points plus épineux, et notamment celui du respect des BPU (Bordereaux de Prix Unitaires).
J’ai rédigé un dossier complet sur ce sujet car il est au cœur des préoccupations, surtout en ce qui concerne les parquets massifs.
Lire mon article sur les BPU.
La principale « plainte » qui remonte des soliers réside dans le traitement financier des parquets massifs, sous valorisés dans les BPU. C’est une évidence.
Exemple type des BPU pour les parquets massifs :
- Dépose et évacuation de tout types de revêtements collés : 8 euros / m2
- Pose d’un parquet massif collé en plein : 45 euros / m2
- Fourniture d’un parquet massif similaire à l’existant : Selon type de parquet
Clairement, cela ne pèse pas lourd en terme de valorisation d’une pose connue pour être très exigeante. La dépose et la repose cumulent à peine 53 euros HT. Mais ceci n’est qu’une ligne de BPU standard, à vous de défendre votre position en justifiant votre tarif de pose réel.
Sachez tourner vos phrases et consolider vos désignations tarifaires : Etage, complexité de pose (nombreuses coupes, sols à lisser, etc).
- Justifiez la manutention (plus importante que pour du stratifié)
- Justifiez la reprise du support souvent dégradé (passe de ragréage, lissage etc.)
- Argumentez sur les nombreuses coupes singulières (limon d’escalier, butée de baies etc.)
- Mettez en avant l’outillage nécessaire pour une bonne reprise.
Dans ce cas il ne faut pas prendre le chantier tête bêche, mais imposer son tarif avant tout engagement. Les assureurs pourront comprendre que la notion de complexité et de matériaux peut déroger aux BPU en vigueur.
Il faudra également convaincre l’expert car dans la grande majorité des cas, un remplacement de parquet massif dépassera le cadre de la première tranche de l’IRSI. Autrement dit, sur ces dossiers, il y a de fortes chances pour qu’un expert soit désigné par la compagnie d’assurance.
Il est important également de bien noter toutes les réserves qui vous viennent à l’esprit : Planéité du support, surprises au moment de la dépose, disponibilité du parquet etc.
Demander que les lieux soient purgés des meubles et tout se passera bien !
Être dans les règles pour postuler
Enfin, et cela nécessite d’être répété, vous êtes censé être en règle sur le plan de votre garantie professionnelle.
La bien nommée décennale est donc obligatoire et vous ne pourrez en aucun postuler pour des chantiers d’après sinistre sans ce fameux sésame. Il vous faut également une bonne RCP (professionnelle).
Le donneur d’ordre vous demandera ces documents avant de vous confier une quelconque mission.
Ce n’est pas faute de le rappeler, alors commencez par le commencement, assurez vous en décennale avant de démarrer tout projet. Ceci est valable que vous soyez en sous-traitance pour une entreprise spécialisée en après sinistre, ou bien que vous passiez en direct avec l’expert.
Il est également important que vous ayez un bon fournisseur en sols massifs. Qu’il soit réactif.
Conclusion
Pour conclure cet article, je dirai que de nombreux segments de l’artisanat ne sont toujours pas suffisamment exploités. C’est tout particulièrement le cas pour les soliers et notamment lorsqu’il s’agit de parquet massif.
Si vous êtes dans une démarche de recherche de chantiers, exploitez cette brèche qui, croyez en mon expérience, est très largement sous estimée.
Tout le monde est en demande, que ce soient les assureurs désireux de satisfaire leur clients, mais également les experts qui prennent à trouver les bons interlocuteurs.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.